PARIS: "Chiche": l'Assemblée nationale a donné son feu vert mercredi soir à la demande LR de construction de 3 000 places de prison supplémentaires d'ici à 2027, au grand dam de la gauche.
Le programme actuel de "15 000" créations de places d'ici à 2027, lancé en 2018, a pris du retard et est "déjà sous-dimensionné" d'après un récent rapport parlementaire.
Porté par le patron du parti de droite Eric Ciotti, un amendement fixant cet objectif de 3 000 places en plus a été approuvé lors de la première lecture du projet de programmation pour la justice.
M. Ciotti avait conditionné son vote favorable sur l'ensemble du projet de loi à la validation d'une telle hausse du nombre de places en détention, pour parvenir à un parc de 78 000 places en 2027.
Actuellement, "des sanctions" d'emprisonnement "ne sont pas appliquées" faute de places, donc "la seule solution est de construire", a-t-il fait valoir dans l'hémicycle.
La majorité présidentielle a répondu "chiche", en mettant l'accent sur l'enjeu de "dignité", alors que plus de 2 300 détenus dorment sur un matelas au sol en raison de la surpopulation carcérale.
Mais ces députés Renaissance, MoDem et Horizons ont fait préciser que ces 3 000 places supplémentaires seraient réalisées "sous réserve de la délivrance par les collectivités locales des autorisations d'urbanisme nécessaires".
«Fermeté sans démagogie»
Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a lancé à ce sujet "un appel solennel, républicain, afin que localement cessent les tentatives d'entrave" à la construction de centres de détention. C'est toujours "la prison oui, mais ailleurs", a-t-il pointé.
De même, concernant les centres éducatifs fermés, que LR voudrait doubler d'ici à 2027: "trop d'élus rechignent encore à (les) accueillir", a affirmé M. Dupond-Moretti.
Plus globalement, le ministre a défendu sa "politique pénale de fermeté sans démagogie".
M. Ciotti et Olivier Marleix, chef de file des députés LR, avaient écrit plus tôt mercredi à la Première ministre Elisabeth Borne pour réclamer une politique non pas "guidée par une gestion de la pénurie mais par la nécessité de protéger la société des individus dangereux et de faire respecter l'autorité de la Loi", après les récentes émeutes urbaines, selon ce courrier consulté par l'AFP.
La gauche a vivement critiqué ces 3 000 places de prison en plus: "L'obsession du tout carcéral a frappé", a déploré la socialiste Cécile Untermaier. Avec Elsa Faucillon (PCF), elle a accusé le camp présidentiel de "marchander avec la droite" pour obtenir le vote du projet de loi. LFI a épinglé un "arc réactionnaire entre la macronie, la droite et l'extrême droite".
Les députés RN portaient la demande de 7 à 10 000 places supplémentaires.
Un autre amendement de M. Ciotti qui demandait des "hébergements modulaires" provisoires dès 2024 a lui été rejeté. "Des Algeco comme cellules, c'est pas très sérieux", a balayé le rapporteur Erwan Balanant (MoDem).