Un Rwandais vivant en France mis en examen à Paris pour génocide et écroué

Un autre procès lié au génocide est prévu à Paris en novembre et décembre, celui du médecin rwandais Sosthène Munyemana (Photo, AFP).
Un autre procès lié au génocide est prévu à Paris en novembre et décembre, celui du médecin rwandais Sosthène Munyemana (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 13 juillet 2023

Un Rwandais vivant en France mis en examen à Paris pour génocide et écroué

  • Madjaliwa Safari, domicilié près de Tours, «conteste fermement l'intégralité des faits qui lui sont reprochés»
  • Safari a été mis en examen par un juge d'instruction du pôle crimes contre l'humanité du tribunal judiciaire de Paris pour génocide, crimes contre l'humanité et complicité de ces deux chefs

PARIS: Un Rwandais de 58 ans vivant en France a été mis en examen début juillet à Paris, notamment pour crimes contre l'humanité, soupçonné d'avoir participé à des exécutions de civils tutsi lors du génocide de 1994, ce qu'il conteste.

Madjaliwa Safari, domicilié près de Tours, "conteste fermement l'intégralité des faits qui lui sont reprochés", a réagi auprès de l'AFP son avocat, Me Abed Bendjador, qui attend de cette "information judiciaire qu'elle permette de rééquilibrer le contradictoire, d'expliquer sa situation".

M. Safari a été mis en examen par un juge d'instruction du pôle crimes contre l'humanité du tribunal judiciaire de Paris pour génocide, crimes contre l'humanité et complicité de ces deux chefs, a indiqué à l'AFP mercredi une source judiciaire, confirmant une information du journal régional la Nouvelle République.

Il a été placé en détention provisoire vendredi.

A ce stade, il est mis en examen pour la période du 6 avril à juillet 1994 et des faits commis notamment dans l'actuelle province rwandaise du Sud, en particulier dans les ex-préfectures de Gitarama et Butare, selon cette source.

M. Safari aurait joué un rôle particulier sur un barrage routier appelé "Chez Premier". Certains témoins décrivent son rôle de direction et sa participation active aux arrestations et exécutions de civils sur cette "barrière".

Le Rwanda avait émis en 2017 un mandat d'arrêt international contre lui et une information judiciaire avait été ouverte à Paris le 19 novembre 2019.

Les investigations sont menées par l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité (OCLCH).

Selon une source proche du dossier, Madjaliwa Safari a obtenu de la France une carte de séjour avec statut de réfugié en 2017 et a été localisé par les enquêteurs français "assez rapidement" après l'ouverture de l'information judiciaire.

Massacres à grande échelle

En France, il vit sous sa véritable identité et se présente comme commerçant.

Selon l'acte d'accusation du procureur général de la République du Rwanda du 25 juillet 2017, consulté par l'AFP, il "s'occupait de l'agriculture et du commerce dans un restaurant de la ville de Nyanza" au moment du génocide.

Dans ce document, l'accusation rwandaise le tient pour "responsable des meurtres des Tutsi commis lors des tueries perpétrées dans le secteur de Kawumu", dans l'ancienne préfecture de Gitarama, et lui attribue une dizaine d'attaques au domicile des victimes ou au barrage routier.

Le génocide de 1994 au Rwanda, à l'instigation du régime extrémiste hutu alors au pouvoir, a fait plus de 800 000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi, selon l'ONU.

Les massacres à grande échelle ont débuté après un attentat contre l'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, de retour d'Arusha (Tanzanie) où se tenaient des négociations de paix avec la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR, à majorité tutsi, aujourd'hui au pouvoir).

Les Tutsi sont accusés par le pouvoir, alors dominé par les Hutu, de collusion avec la rébellion du FPR venue d'Ouganda.

«L'étau se referme»

Des listes de personnes à tuer sont alors établies par les autorités. Les milices Interahamwe et l'armée (Forces armées rwandaises, FAR) massacrent méthodiquement les "Inyenzi" ("cafards" en kinyarwanda, désignant les Tutsi), les Hutu opposés au parti de Juvénal Habyarimana et ceux qui refusent de participer aux tueries.

Au titre de la "compétence universelle" exercée sous certaines conditions par la France pour juger les crimes les plus graves commis hors de son sol, la justice française a déjà condamné plusieurs Rwandais accusés de génocide.

"L'étau se referme lentement sur des personnes qui croyaient avoir trouvé refuge en France en toute impunité. Mais la justice française a pris beaucoup de retard, un retard qui ne se rattrapera jamais", a réagi mercredi Alain Gauthier, président du collectif pour les parties civiles pour le Rwanda (CPCR).

Un autre procès lié au génocide est prévu à Paris en novembre et décembre, celui du médecin rwandais Sosthène Munyemana.


Menace de grève dans les aéroports parisiens à l'approche des JO

Cette photographie montre une vue des anneaux olympiques affichés au niveau des arrivées de l'aéroport d'Orly, au sud de Paris, le 19 juin 2024. (Photo, AFP)
Cette photographie montre une vue des anneaux olympiques affichés au niveau des arrivées de l'aéroport d'Orly, au sud de Paris, le 19 juin 2024. (Photo, AFP)
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  • En période estivale, les aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle et d'Orly accueillent quelque 350.000 passagers par jour au total
  • Les syndicats, qui parlent d'"ultimatum" à leur direction, lui réclament "une gratification uniforme et équitable pour tous les agents travaillant pendant les Jeux olympiques"

PARIS: Plusieurs syndicats du gestionnaire des aéroports desservant Paris, le Groupe ADP, ont menacé mercredi d'appeler à la grève à partir de début juillet, réclamant notamment une gratification en vue des Jeux olympiques.

"Depuis de nombreux mois, les organisations syndicales CGT, CFDT, FO et UNSA réclament à la direction des moyens pour faire face à l'évolution du trafic aérien et à l'organisation des JOP", les Jeux olympiques et paralympiques, ont-elles indiqué dans un communiqué.

En période estivale, les aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle et d'Orly accueillent quelque 350.000 passagers par jour au total. Le Groupe ADP ne s'attend pas à voir les volumes de voyageurs croître à l'occasion des Jeux, mais a pris des mesures pour garantir l'accueil des athlètes, avec des parcours spécifiques et des infrastructures éphémères.

Les syndicats, qui parlent d'"ultimatum" à leur direction, lui réclament "une gratification uniforme et équitable pour tous les agents travaillant pendant les Jeux olympiques" et affirment que "les mesures discriminatoires doivent être remplacées par une approche juste".

En outre, ces organisations "exigent un plan d'embauche adapté à chaque activité et catégorie de personnel", assurant qu'"il manque près de 1.000 postes". Elles demandent aussi "des mesures concrètes pour stopper la dégradation des conditions de travail et garantir toute l'année l'exercice des droits aux congés".

Sans réponse de leur direction d'ici au 5 juillet, les syndicats "répondront à la demande de nombreux salariés en déposant un préavis de grève", ont-ils prévenu.

Contactée par l'AFP mercredi après-midi, la direction d'ADP n'a pas été en mesure de réagir dans l'immédiat. Le groupe est contrôlé à 50,6% par l'Etat. Le PDG Augustin de Romanet assure actuellement son propre intérim jusqu'après les Jeux, car le gouvernement lui a refusé un troisième mandat.

Les salariés d'ADP avaient déjà été appelés à la grève le 19 mai. Le mouvement n'avait pas provoqué de perturbations majeures.

Des salariés de plusieurs secteurs ou entreprises publiques se sont mobilisés avec succès ces derniers mois pour obtenir des primes d'activité en vue des Jeux olympiques, notamment à la RATP et la SNCF.

 


Retraites: le RN à la peine pour clarifier son programme avant les législatives

La cheffe du groupe parlementaire d'extrême droite Rassemblement National (RN) à l'Assemblée nationale Marine Le Pen (à droite) et le président du parti de droite Les Républicains (LR) Eric Ciotti assistent à une conférence de presse du président du RN pour présenter les priorités du " gouvernement d'union nationale" au cas où le score du parti lors du vote parlementaire anticipé lui donnerait une chance de nommer un Premier ministre, à Paris le 24 juin 2024. (AFP)
La cheffe du groupe parlementaire d'extrême droite Rassemblement National (RN) à l'Assemblée nationale Marine Le Pen (à droite) et le président du parti de droite Les Républicains (LR) Eric Ciotti assistent à une conférence de presse du président du RN pour présenter les priorités du " gouvernement d'union nationale" au cas où le score du parti lors du vote parlementaire anticipé lui donnerait une chance de nommer un Premier ministre, à Paris le 24 juin 2024. (AFP)
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  • Mardi soir lors du premier débat télévisé avant les législatives des 30 juin et 7 juillet, le président du RN a de nouveau semé le trouble sur le sujet sensible des retraites
  • La cheffe des Ecologistes Marine Tondelier a accusé Bardella de vouloir «faire pire» que la dernière réforme fixant l'âge légal à 64 ans et «qu'il souhaite pourtant abroger»

PARIS: Les cadres du Rassemblement national tentaient mercredi de mettre au clair leur position sur les retraites, après que leur chef de file Jordan Bardella a évoqué la veille plusieurs âges de départ à 60, 62 voire 66 ans.

Mardi soir lors du premier débat télévisé avant les législatives des 30 juin et 7 juillet, le président du RN a de nouveau semé le trouble sur le sujet sensible des retraites.

Répétant son intention de permettre "dès l'automne" à "ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans" de "partir avec un temps de cotisation de 40 annuités et un âge de départ légal de 60 ans", il a ajouté que pour les autres "il y aura une progressivité qui tournera autour d'un âge pivot de 62 ans et de 42 annuités" et que "par conséquent" dans le cas d'une carrière débutée "à 24 ans vous partirez avec 42 années de cotisation, c'est à dire 66 ans".

Ses adversaires ont aussitôt pilonné le leader d'extrême droite. La cheffe des Ecologistes Marine Tondelier l'a ainsi accusé de vouloir "faire pire" que la dernière réforme fixant l'âge légal à 64 ans et "qu'il souhaite pourtant abroger".

"Quel aveu de Bardella!", a réagi le porte-parole du parti communiste Ian Brossat, quand la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga y a vu la confirmation que "le RN c'est l'arnaque sociale".

Dans le camp présidentiel aussi, le ministre du Logement Guillaume Kasbarian a qualifié M. Bardella de "tartuffe" et s'est demandé si "quelqu'un a compris quoi que ce soit à (son) programme sur les retraites".

Les lieutenants du RN sont venus à la rescousse de leur leader dans les matinales radio et télé mercredi.

Sébastien Chenu a ainsi assuré sur LCI que chacun aurait toujours "une possibilité de partir à 62 ans, mais effectivement, après, vous regardez si c'est à taux plein ou pas à taux plein". Il a aussi assuré cela ferait même "gagner un an sur la réforme actuelle" avec laquelle "une personne qui entre sur le marché du travail à 24 ans partirait à 67 ans" - pour une pension à taux plein avec 43 années de cotisation, donc.

Mais Laure Lavalette s'est à son tour emmêlé les pinceaux sur BFMTV, en affirmant qu'"on peut évidemment partir à l'âge légal avant" et qu'avec la réforme du RN "celui (qui a commencé à) 24 ans pourrait partir à 60 ans mais pas à sa retraite pleine".

Une contradiction flagrante avec les 62 ans minimum avancés par M. Bardella, mais également inscrits dans une proposition de loi que la députée sortante avait déposé l'an dernier au nom de son groupe.

Ce texte proposait même un âge légal minimum de 58 ans pour ceux qui ont débuté leurs carrières à 16 ou 17 ans, ainsi qu'un seuil maximal à 67 ans pour le taux plein pour ceux qui ont commencé à 25 ans.


Législatives: la campagne très polarisée attise les violences

Le député sortant Nicolas Metzdorf prononce un discours lors d'un meeting de campagne pour les élections législatives à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 26 juin 2024. (AFP)
Le député sortant Nicolas Metzdorf prononce un discours lors d'un meeting de campagne pour les élections législatives à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 26 juin 2024. (AFP)
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  • Au-delà des tracts piétinés, plusieurs candidats et militants de tous bords ont été agressés, physiquement ou verbalement
  • Candidate Renaissance dans le Val-de-Marne, Shannon Seban a porté plainte pour injure raciste, affirmant avoir été traitée de «sale sioniste» par des «partisans de l'extrême gauche» dimanche à Ivry-sur-Seine

PARIS: Plusieurs candidats et militants ont été agressés alors qu'ils faisaient campagne pour les élections législatives, dans un contexte d'antagonismes exacerbés entre les blocs Rassemblement national, Nouveau Front populaire et camp macroniste, qui s'accusent mutuellement de violences.

"Quand je distribue des tracts sur les marchés, des gens les chiffonnent et les jettent en me lançant: +On ne veut pas de vous!+. Je n'ai jamais vu ça. Avant, ils les prenaient même s'ils ne votaient pas pour nous, ils restaient polis", raconte à l'AFP Fatiha Keloua Hachi, députée socialiste sortante et candidate du NFP en Seine-Saint-Denis.

Au-delà des tracts piétinés, plusieurs candidats et militants de tous bords ont été agressés, physiquement ou verbalement.

Cette campagne éclair, "très, très polarisée", avec "un fort enjeu" et "deux blocs antagonistes", a "réactivé des comportements exacerbés", analyse pour l'AFP Luc Rouban, politologue au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof).

Candidate Renaissance dans le Val-de-Marne, Shannon Seban a porté plainte pour injure raciste, affirmant avoir été traitée de "sale sioniste" par des "partisans de l'extrême gauche" dimanche à Ivry-sur-Seine.

Jeudi dernier, le parquet de Saint-Étienne (Loire) a ouvert une enquête pour "violence en réunion" après "une bousculade, des insultes et des projections d'eau et de farine" visant le candidat RN Hervé Breuil sur un marché. La cheffe de file du parti Marine Le Pen avait pointé des "milices d'ultragauche, soutiens du Nouveau Front populaire".

Plusieurs militants de gauche déplorent, eux, des agressions attribuées à l'extrême droite. Un homme distribuant des tracts du NFP à Bordeaux a déposé une plainte samedi, après avoir frappé par un homme affirmant "supporter (Jordan) Bardella".

Dans les Hauts-de-Seine, la députée écologiste sortante Sabrina Sebahi assure que des "militants" du RN ont "insulté et menacé une militante du Nouveau Front populaire, âgée", samedi à Nanterre, quand le candidat NFP dans le Val-de-Marne Joao Martins Pereira (PS) a fait état d'une "violente agression" de militants sur un marché de Maisons-Alfort, par "des hommes d'extrême droite, tout de noir vêtus".

Dans cette atmosphère pesante, l'élue écologiste parisienne Raphaëlle Rémy-Leleu, témoin samedi de propos racistes visant un candidat de gauche, a fait passer des consignes aux militants de son parti, mêlant prudence et "bons réflexes" en cas de violences.

«Climat éruptif»

Noë Gauchard, candidat NFP dans le Calvados, a vu ses affiches barrées d'un tag "SS". Lui aussi constate auprès de l'AFP que "les agressions verbales se produisent quasiment tous les jours sur les tractages, les marchés.

Pour le politologue Luc Rouban, cette campagne présente une configuration inédite depuis la guerre d'Algérie, quand les pro et les anti-indépendance de la colonie française se déchiraient.

L'auteur de l'ouvrage "Les racines sociales de la violence politique" (2024) estime que la violence s'est accrue avec les mobilisations des "gilets jaunes" et contre la réforme des retraites, et surtout depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.

Selon lui, ces crises ont réactivé "le clivage droite-gauche", la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron le 9 juin ayant acté la "disparition" des "modérés des deux côtés".

Sur le terrain, "on sent la nation fracturée", confirme, "inquiète", Fatiha Keloua Hachi.

Du côté des sondeurs également, on perçoit de la violence dans les réponses tranchées des Français: beaucoup de "pas du tout" ou de "très".

La directrice de BVA Opinion Christelle Craplet évoque pour l'AFP un "climat éruptif", en particulier "des propos très violents" dans les réponses aux questions ouvertes sur Emmanuel Macron.

Ce dernier brandit lui-même le spectre d'une "guerre civile" en cas de victoire des "deux extrêmes", quand Marine Le Pen a accusé encore mercredi "l'extrême gauche (qui) depuis toujours agit par la violence" et pourrait selon elle contester dans la rue la victoire du RN aux législatives.