Génocide des Tutsi du Rwanda: un monument sera érigé au coeur de Paris

Les survivants tutsis du massacre de Bisesero, Eric Nzabihimana (à gauche) et Bernard Kayumba déversent de la terre de Bisesero dans la Seine à Paris, le 24 juin 2019. (Photo, AFP)
Les survivants tutsis du massacre de Bisesero, Eric Nzabihimana (à gauche) et Bernard Kayumba déversent de la terre de Bisesero dans la Seine à Paris, le 24 juin 2019. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 07 avril 2023

Génocide des Tutsi du Rwanda: un monument sera érigé au coeur de Paris

  • Un monument à la mémoire des victimes sera érigé sur les quais de Seine en plein coeur de Paris, a annoncé l'Elysée à l'occasion de cette commémoration
  • «C'est un geste d'apaisement des mémoires entre la France et le Rwanda et d'apaisement des coeurs des rescapés du génocide», a dit le président de l'association de rescapés Ibuka France

PARIS: Des cicatrices ouvertes, des cauchemars terrifiants, mais aussi l'espoir d'une mémoire un jour apaisée: des rescapés du génocide des Tutsi du Rwanda ont commémoré vendredi le 29e anniversaire de la tragédie à Paris, ville qui va ériger un monument à la mémoire des victimes.

Lors d'une cérémonie organisée dans un pavillon du bois de Boulogne, l'accent a été mis sur l'espoir incarné par la jeunesse rwandaise. Une douzaine d'adolescents vêtus de noir ont déclamé une émouvante lettre aux grands parents qu'ils n'ont pas connus, massacrés en 1994, avant de laisser la place aux témoignages de deux survivants.

"Après un génocide, tu te retrouves dans un vide affectif pas possible, tu ne peux pas vraiment faire le deuil de tes proches. Et la façon dont ils ont été tués te reste dans la tête", a décrit Esther Mujawayo, 65 ans.

Avec humour, elle a raconté qu'elle trainait toujours, près de 30 ans après, "le complexe du survivant" et "le réflexe du rescapé", comme celui de s'installer sur une chaise près de la sortie: "on ne sait jamais".

Aimable Kubana, enfant au moment des massacres, se souvient lui "des milices qui reniflaient l'odeur du sang des Tutsi dans la rue", "des balles qui pleuvaient comme si c'étaient des abeilles". "Nos cicatrices restent ouvertes mais on se reconstruit", a-t-il cependant ajouté.

Entre avril et juillet 1994, plus de 800 000 personnes selon l'ONU, essentiellement des membres de la minorité tutsi, ont été massacrées dans des conditions abominables, un génocide orchestré par le pouvoir de la majorité hutue.

Un monument à la mémoire des victimes sera érigé sur les quais de Seine en plein coeur de Paris, a annoncé l'Elysée à l'occasion de cette commémoration, un nouveau pas mémoriel effectué par la France, dont le président Emmanuel Macron a reconnu "les responsabilités" dans le génocide de 1994.

Le monument sera érigé rive gauche non loin du ministère des Affaires étrangères et juste en face, sur la rive opposée, du monument à la mémoire des victimes du génocide arménien.

Il s'agit de "rendre un hommage national, visible et permanent à la mémoire des victimes", a indiqué l'Elysée, qui lancera avec la ville de Paris un appel d'offre fin mai.

"Nous devons regarder cette histoire en face, droit dans les yeux", a martelé la secrétaire d'Etat Chrysoula Zacharopoulos, estimant, très émue, que ce monument serait "un appel à l'éveil de toutes les consciences, sur ce que l’être humain a pu commettre de plus atroce dans son histoire".

Le président de l'association de rescapés Ibuka France, Marcel Kabanda, a salué un geste "très important".  "C'est un geste d'apaisement des mémoires entre la France et le Rwanda et d'apaisement des coeurs des rescapés du génocide", a-t-il dit à l'AFP.

La France, qui entretenait des relations étroites avec le régime rwandais, a longtemps été accusée de "complicité" par Kigali. Une commission d'historiens mise en place par le président Macron a conclu en 2021 à des "responsabilités lourdes et accablantes" de la France, tout en écartant la complicité. Ce rapport a permis un rapprochement inédit entre Paris et Kigali après des décennies de tensions.

La décision d'ériger un monument permet de "reconnaître l'importance extrême de la catastrophe de 1994", a estimé pour l'AFP Vincent Duclert, le président de la commission d'historiens, en pointant "l'emplacement très symbolique" à côté du ministère des Affaires étrangères, "un des hauts lieux du pouvoir, dont on connaît désormais la responsabilité dans le génocide".

Il existe déjà à Paris un jardin de la mémoire du génocide au Rwanda au parc de Choisy, dans le sud de la capitale, et une stèle au cimetière du Père-Lachaise (nord-est).


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.