PARIS: Le plan d'aménagement de l'Ile-de-France a été adopté mercredi une première fois par le conseil régional, l'opposition de gauche fustigeant la clause "anti-ghetto" voulue par la présidente Valérie Pécresse pour "recréer de la mixité dans nos quartiers".
Ce plafond anti-ghetto, visant à freiner la production de logements sociaux dans les communes qui en comptent déjà au moins 30%, "doit changer le visage de nos villes", a affirmé l'ex-candidate LR à la présidence, pour qui les récentes violences urbaines "imposent plus que jamais" ce changement.
"On ne peut plus rajouter de la misère sur la misère car cela nourrit le repli et la violence", a ajouté Mme Pécresse.
Elle estime que l'instauration de cette politique depuis sa première élection fin 2015 s'est révélée "efficace" puisque "la production de logements sociaux et très sociaux a presque diminué de moitié dans les communes qui en avaient plus de 30%".
"Cette norme anti-ghetto n'est rien d'autre qu'une norme anti-pauvres", a fustigé Vianney Orjebin (LFI).
Elle va "amener à ne pas construire un logement sur cinq", a déploré Céline Malaisé (PCF), se fondant sur un avis de la préfecture de région qui anticipe une réduction de 21% de la production sociale de logements par rapport aux cinq dernières années.
Ce nouveau schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif), qui doit encadrer jusqu'en 2040 le développement de la région et s'impose aux élus locaux dans leurs plans d'urbanisme, s'en trouve "fragilisé" car cette disposition sera "attaquée, et à raison" devant la justice, a estimé Dieynaba Diop (PS).
En dépit de cette mesure, Valérie Pécresse entend bien atteindre "l'objectif régional de 70 000 logements" construits par an, dont "deux tiers de logements abordables".
«Trajectoire irréaliste» pour LFI
Le texte, adopté par 127 voix pour et 41 contre, doit maintenant faire l'objet d'une enquête publique avant d'être adopté définitivement par la région courant 2024.
La construction de nouvelles prisons a été un autre sujet de clivage entre gauche et droite, Valérie Pécresse affirmant vouloir "l'équivalent de 3 000 places" avec quatre nouveaux établissements et le doublement de celle de Fresnes (Val-de-Marne).
L'opposition a également fustigé l'objectif de réduire chaque décennie de 20% l'artificialisation des sols pour atteindre le zéro artificialisation nette (ZAN) à l'horizon 2050.
LFI a dénoncé une "trajectoire irréaliste" offrant des "droits à bétonner massifs".
"Ceux qui défendent le zéro artificialisation brute sont prisonniers d'injonctions contradictoires" car "ils veulent des équipements publics mais pas d'artificialisation", a répondu Mme Pécresse, soulignant l'arrivée de "50 000 nouveaux Franciliens chaque année".
Le nouveau schéma permettra de sanctuariser 38 000 hectares de terres agricoles et 160 000 hectares d'espaces naturels, "soit 13% du territoire", selon l'élue de droite, qui promet 127 nouveaux espaces verts.