PARIS: Une audience cruciale a débuté vendredi matin pour Eric Dupond-Moretti qui conteste en cassation l'enquête de la Cour de justice de la République (CJR) qui a abouti en octobre par son renvoi en procès sur des soupçons de prise illégale d'intérêt.
L'audience, prévue pour durer environ deux heures, a débuté vers 09h30 devant l'Assemblée plénière de la Cour de cassation, sa formation la plus solennelle.
Le garde des Sceaux est absent, représenté par son avocat au conseil Patrice Spinosi.
La commission d'instruction de la CJR, seule juridiction apte à juger les ministres pour des actes commis dans l'exercice de leurs fonctions, a ordonné début octobre 2022 le renvoi de l'ex-ténor des assises devant sa formation de jugement.
Il est soupçonné d'avoir profité de sa fonction pour régler des comptes avec trois ex-magistrats du Parquet national financier (PNF) et un ex-juge d'instruction monégasque auxquels il s'était opposé dans sa première vie d'avocat.
Sa défense a déposé sept pourvois contre des décisions ou irrégularités qui seraient apparues au cours de la procédure devant la CJR, et un huitième contre l'arrêt d'octobre ayant prononcé son renvoi en procès.
Ces huit pourvois reprenant l'ensemble des griefs soulevés par la défense contre cette procédure, dont l'examen avait pour certains été repoussé durant de long mois, augurent d'une audience déterminante pour le dossier, de l'avis de l'ensemble des parties.
Selon des sources proches du dossier, l'avocat général a reconnu certaines irrégularités mais a proposé à la plus haute juridiction judiciaire de valider la procédure, en cassant seulement quelques dispositions problématiques.
Si son avis était suivi, la Cour de cassation se chargerait de régulariser la procédure en supprimant les éléments litigieux, sans retarder l'audience de jugement.
Dans le camp du ministre, on estime au contraire que l'ampleur des irrégularités dénoncées nécessite que l'arrêt de renvoi soit cassé et que la CJR se prononce à nouveau, dans une composition différente, sur les charges pesant sur Eric Dupond-Moretti.
Tout au long de l'enquête, le garde des Sceaux a répété n'avoir fait que "suivre les recommandations de son administration" et dénoncé une instruction de la CJR à charge.