Les émeutes ravivent le clivage droite-gauche

Une manifestante lors d'un rassemblement pour protester contre le racisme et la violence policière à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 5 juillet 2023, à la suite du décès de Nahel M. qui a été abattu par la police, à Nanterre, le 27 juin 2023. (Photo Charly TRIBALLEAU / AFP)
Une manifestante lors d'un rassemblement pour protester contre le racisme et la violence policière à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 5 juillet 2023, à la suite du décès de Nahel M. qui a été abattu par la police, à Nanterre, le 27 juin 2023. (Photo Charly TRIBALLEAU / AFP)
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Publié le Jeudi 06 juillet 2023

Les émeutes ravivent le clivage droite-gauche

  • "Certains sont pour l’autorité, à droite, d’autres pour la politique de la ville, à gauche", a résumé à sa sortie de l'Elysée Manuel Aeschlimann, maire LR d'Asnières-sur-Seine
  • La Première ministre, qui doit visiter jeudi un quartier touché par les violences à Lisieux (Calvados), a aussi reproché à Marine Le Pen de faire le choix de la "division" en opposant les territoires ruraux, où le RN progresse, aux quartiers

PARIS: L'éruption de violences en France et ses conséquences ont ravivé le clivage droite-gauche, au risque de compliquer le "en même temps" d'Emmanuel Macron qui a choisi le camp de l'ordre, à ses yeux plus rassembleur.

Autant les groupes politiques, reçus lundi par Elisabeth Borne, que les maires, reçus mardi par Emmanuel Macron, ont décliné des propositions de court comme de long terme, très opposées, en réponse aux émeutes qui ont surgi dans les quartiers dits sensibles après la mort du jeune Nahel, tué le 27 juin par un policier.

"Certains sont pour l’autorité, à droite, d’autres pour la politique de la ville, à gauche", a résumé à sa sortie de l'Elysée Manuel Aeschlimann, maire LR d'Asnières-sur-Seine (Hauts-de- Seine).

Des divergences qui sont attisées par le contexte d'une "France archipélisée", note un cadre de la majorité, citant pêle-mêle "les gilets jaunes", "les antivax", "les antiretraites violents" ou encore les écologistes opposés à la mégabassine de Sainte-Soline.

"Chez moi les gens disent +c’est bien fait pour sa gueule+ (au jeune Nahel, ndlr). On a une nation qui ne fait plus nation", témoigne un député Horizons.

Ces tensions sont aussi nourries par un champ politique davantage polarisé, "avec un centre de gravité de la gauche plus à gauche qu'avant, l'apparition de la macronie et la montée de l'extrême droite", note le politologue Rémi Lefebvre. Ce qui conduit la macronie "à jouer la modération et diaboliser ses adversaires".

«Deux narrations»

Elisabeth Borne, en regain dans les sondages depuis la crise, a accusé mardi LFI "d'instrumentaliser" le drame de Nanterre, ce qui à ses yeux l'écarte du "champ républicain".

La Première ministre, qui doit visiter jeudi un quartier touché par les violences à Lisieux (Calvados), a aussi reproché à Marine Le Pen de faire le choix de la "division" en opposant les territoires ruraux, où le RN progresse, aux quartiers.

"En l'absence d’un vrai projet macroniste sur cette question des banlieues, la droite et la gauche ont repris leurs deux grandes narrations: la droite veut serrer la vis et des sanctions, quand la gauche dit que tout vient du fait que l'Etat n'agit pas assez dans les quartiers", explique le politologue Bruno Cautrès.

Il s'agit en outre d'un événement "à forte charge émotionnelle" qui favorise la "polarisation négative, qui fait qu'on a tendance à ne plus écouter le camp d'en face".

Pourtant le désenclavement et le refus de l'assignation à résidence étaient "des points cardinaux" du projet d'Emmanuel Macron. Le président subit de plein fouet "l'effet boomerang" du plan Borloo pour les banlieues qu'il n'a pas retenu en 2018, ajoute le politologue.

Mais face aux dégradations et aux violences qui sont allées jusqu'à l'attaque de la famille du maire de L'Haÿ-les-Roses, le chef de l'Etat avait-il d'autre choix que de rétablir l'ordre? "La crise a pris une telle dimension qu'il n'y avait plus de place pour la nuance" et qu'il est, de par sa fonction, "garant de cet ordre", relève M. Cautrès.

«Récit national»

En outre, le retour à l’ordre, "c'est assez partagé" par la droite et la gauche à court terme, rapportent les élus locaux.

Au sein du camp présidentiel, on se félicite que la majorité ait "tenu sur son socle du dépassement" même si on reconnait ne "pas avoir la réponse" pour "retrouver (un) récit national" capable d'unir le pays.

La sortie de crise sera d'autant plus "difficile à trouver", note le sociologue Olivier Galland sur le site Telos, que ce mouvement est "apolitique" voire "antipolitique", sans revendications ni interlocuteur.

En attendant, Emmanuel Macron a demandé à son gouvernement "de conduire (un) travail en profondeur" en vue de "décisions concrètes".

S'il assure que les "vieilles recettes" du tout-répressif ne suffiront pas à elles seules, l'exécutif a tout de même érigé "l'ordre" en "priorité absolue" et prévenu qu'il n'entendait pas dépenser davantage pour les banlieues. Suggérant que dans ce clivage qui renait, les réponses pencheront plutôt à droite.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".