Des solutions radicales s’imposent pour résoudre les problèmes auxquels fait face la France

La police arrête des jeunes lors de la cinquième nuit de manifestations dans le quartier des Champs-Élysées, à Paris, le 2 juillet 2023 (Photo, Reuters).
La police arrête des jeunes lors de la cinquième nuit de manifestations dans le quartier des Champs-Élysées, à Paris, le 2 juillet 2023 (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 06 juillet 2023

Des solutions radicales s’imposent pour résoudre les problèmes auxquels fait face la France

Des solutions radicales s’imposent pour résoudre les problèmes auxquels fait face la France
  • La question du racisme au sein de la police implique des problèmes systémiques, de la formation et des pratiques de recrutement
  • Il est certain que les évolutions que connaîtra la France dans les prochains jours ne seront pas en faveur du président Macron, qui semble épuisé par l’agitation de la rue

Tous les indicateurs suggèrent que ce qui se passe en France est un problème grave qu’il ne faut pas sous-estimer, surtout qu’il ne s’est pas produit du jour au lendemain, mais est plutôt la conséquence d’accumulations politiques, économiques et sociales.

Des manifestations importantes ont éclaté dans toute la France après le meurtre la semaine dernière de Nahel Merzouk, un jeune homme d’origine algérienne, aux mains de la police. Cet événement inhabituel et tragique a suscité nombre de condamnations, notamment de la part de l’ONU. La porte-parole de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, Ravina Shamdasani, a affirmé qu’il était temps pour la France de «s’attaquer sérieusement aux problèmes profonds de racisme et de discrimination au sein des forces de l’ordre».

Le président français, Emmanuel Macron, arrivé au pouvoir avec une vision ambitieuse pour mener à bien des projets de réforme, a du mal à atteindre ses objectifs. Au contraire, les crises se sont intensifiées et les protestations ont pris de l’ampleur. Peu de temps après son entrée en fonction, il a fait face au début du mouvement des «Gilets jaunes», qui a d’abord vu le jour pour dénoncer la hausse des prix du carburant et du coût de la vie. Il s’est ensuite développé pour inclure des demandes d’abrogation des réformes fiscales mises en œuvre par le gouvernement et considérées comme lésant la classe ouvrière et la classe moyenne aux dépens des riches. Ces manifestations ont conduit à un chaos important et à des émeutes dans les rues.

De plus, il existe un groupe marginalisé de citoyens français immigrés qui sont privés de leurs droits sociaux fondamentaux et sont traités avec beaucoup de racisme. Les citoyens français immigrés connaissent fréquemment des inégalités sociales et économiques, notamment un accès limité à l'éducation, aux soins de santé, à l’emploi et à un logement abordable. Ces disparités peuvent entraîner une baisse du niveau de vie, des possibilités limitées d’ascension sociale et un risque accru de pauvreté. Ils peuvent être victimes de préjugés, de stéréotypes et d’obstacles qui entravent leur intégration et limitent leurs possibilités d’évolution. Les enfants immigrés peuvent également rencontrer des difficultés pour accéder à une éducation de qualité en raison des barrières linguistiques, des différences culturelles et de la discrimination.

Les appels à la réforme et à la responsabilisation de la police ont augmenté, avec des demandes de surveillance plus stricte, une meilleure formation et des mesures pour lutter contre les préjugés raciaux au sein des forces de l’ordre. Les incidents de violence policière et la mort de personnes lors de rencontres avec la police ont attisé l’indignation du public et ébranlé la confiance placée dans l’institution.

Le président Macron fait actuellement face à une situation difficile et précaire. Par conséquent, les heures à venir seront cruciales et décisives pour son gouvernement, surtout que quelques jours à peine nous séparent de la fête nationale française du 14-juillet, moment où le niveau d’alerte et de préparation est généralement à son apogée au sein de la police française, des forces de sécurité et de l’armée.

«Les incidents de violence policière et la mort de personnes lors de rencontres avec la police ont attisé l’indignation du public et ébranlé la confiance placée dans l’institution» - Jerry Maher

Le problème de la police en France n’est pas nouveau. Il remonte au moins à 2016, quand Adama Traoré, un homme noir de 24 ans, est décédé alors qu’il était en garde à vue. Sa mort et le traitement ultérieur de l’affaire par les autorités ont conduit à des accusations de brutalités policières et de profilage racial. En 2020, le mouvement mondial Black Lives Matter a également résonné en France, avec des manifestations contre les violences policières et le racisme systémique. Les manifestants ont appelé à la justice et à des réformes au sein de la police.

La question du racisme au sein de la police est complexe et multiforme. Elle implique des problèmes systémiques, des méthodes de formation, des pratiques de recrutement et la nécessité de mettre en place un changement culturel et institutionnel. Il s’agit donc d’un défi sociétal permanent.

On ne peut pas faire fi du rôle que jouent les maires de France à ce sujet. En effet, des maires se sont récemment mobilisés à travers le pays en vue d’organiser des rassemblements pour contrer les violentes manifestations qui ont suivi la mort de Nahel Merzouk. Les maires sont chargés de garantir la sécurité publique, de gérer les permis pour les manifestations, de coordonner avec les forces de l’ordre et de maintenir l’ordre public pendant les manifestations. Ils peuvent également engager un dialogue avec les manifestants, agir comme médiateurs et défendre les préoccupations de leurs communautés. Ils travaillent en étroite collaboration avec les forces de l’ordre locales pour maintenir la sécurité et l’ordre public pendant les manifestations. Ils peuvent déployer des policiers ou du personnel de sécurité supplémentaires pour gérer les foules, prévenir la violence ou le vandalisme et protéger les biens publics et privés. De plus, les maires sont responsables de la sécurité des manifestants et du grand public. Certains peuvent même exprimer publiquement leur soutien ou leur opposition à certaines manifestations.

En conclusion, il est certain que les évolutions que connaîtra la France dans les prochains jours ne seront pas en faveur du président Macron, qui semble épuisé par l’agitation de la rue. Cette dernière le met, ainsi que sa politique, en péril. Par ailleurs, il manque de solutions radicales pour faire face aux crises que subit le pays, qui exigent l’égalité et les droits de l’homme, plutôt que le racisme dans de nombreux événements et contextes au sein de la société française.

Par conséquent, la situation intérieure en France pourrait encore se détériorer, compte tenu surtout des médias qui suggèrent que les manifestations actuelles sont totalement différentes des précédentes. Elles constituent désormais une menace pour la sécurité des citoyens et des biens publics et privés, étant donné que les magasins sont pillés, les bus publics et les voitures privées incendiés. La détérioration de la sécurité dans les rues qui pourrait dégénérer en guerre civile, d’autant plus que les médias français ont rapporté que certains citoyens descendaient dans la rue pour affronter les manifestants et défendre leurs biens.

Ces rapports n’excluent pas la possibilité pour les autorités de mettre en place un plan d’urgence public, dans lequel l’armée française participe directement au maintien de la sécurité dans les rues de Paris et de toutes les villes françaises. D’autant plus que le nombre de policiers n’est plus suffisant pour contrôler la situation sécuritaire, malgré la décision la semaine dernière de suspendre les transports en commun à l’échelle du pays à partir de 21 h tous les soirs. Ce qui implique un couvre-feu partiel non officiel pour limiter les déplacements des manifestants dans les rues, puisqu’ils dépendent des transports en commun pour se déplacer entre les différentes zones.

Jerry Maher est un écrivain et analyste politique suédois spécialisé dans le Moyen-Orient et l’Iran. Il est le conseiller médiatique de Bahaa Hariri.

Twitter: @jerrymahers

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com