WASHINGTON: Le nombre de nouveaux chômeurs a explosé aux Etats-Unis la semaine dernière, poussé par la flambée des cas de Covid-19 dans le pays, au moment où de nouvelles aides du gouvernement fédéral, désormais cruciales pour des millions d'Américains, se font toujours attendre.
Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont connu la semaine dernière leur plus forte hausse depuis le début de la pandémie aux Etats-Unis en mars, lorsque l'économie américaine s'est brutalement arrêtée, provoquant des licenciements massifs.
Ainsi, 853.000 personnes se sont inscrites entre le 29 novembre et le 5 décembre, soit 137.000 de plus que la semaine précédente, selon les données publiées jeudi par le département du Travail.
Fin novembre, la semaine de Thanksgiving, qui compte des jours fériés pour cette fête traditionnellement célébrée en famille, avait fait reculer les inscriptions.
Mais cette baisse a été rattrapée ensuite, alors que les contaminations au coronavirus atteignent des niveaux jamais vus aux Etats-Unis.
De nombreuses autorités locales ont dû restreindre de nouveau l'activité des restaurants ou salles de sports, engendrant de nouveaux licenciements.
Et la crainte est que la situation s'aggrave. Les cas de Covid-19 pourraient encore grimper dans les semaines à venir, les Américains ayant été nombreux à fêter Thanksgiving en famille.
"Une crise sanitaire susceptible de s'aggraver après les fêtes de fin d'année est un signal d'alarme pour le marché du travail", commente Rubeela Farooqi, analyste pour High Frequency Economics, dans une note.
Si les cas continuent d'augmenter, de nouvelles mesures de restrictions sont à craindre, avec des répercussions sur l'emploi qui "seront aggravées par l'expiration des mesures de soutien du gouvernement", alerte la spécialiste.
Les yeux rivés sur le Congrès
Près de 5,8 millions d'Américains étaient toujours au chômage fin novembre, et même 19 millions si on ajoute ceux qui ont épuisé leurs droits au chômage, et vivent grâce aux aides supplémentaires mises en place fin mars par le gouvernement fédéral.
Mais ces aides expirent fin décembre, et une large partie d'entre eux risque de se retrouver sans ressources au moment où l'économie est à la peine, si le Congrès ne parvient pas à trouver un compromis très rapidement.
Mais les négociations patinent, car, si tout le monde est d'accord sur la nécessité d'agir très vite, démocrates et républicains n'ont toujours pas réussi à mettre de côté leurs profondes divergences.
Or le texte doit être adopté d'ici le 18 décembre par les deux chambres du Congrès pour que l'argent puisse être versé en temps voulu à ceux qui en ont besoin, a souligné Nancy Pelosi, la cheffe de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, jeudi lors d'une conférence de presse.
Elle a salué "d'importants progrès" dans les discussions, mais n'exclut pas que les élus passent une partie de leurs vacances de Noël sous le Capitole: "nous verrons comment cela avance. Mais nous ne pouvons pas partir sans avoir un texte de loi".
"De très nombreux Américains ne peuvent pas se permettre d'attendre", a également souligné le responsable de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, "nous devrons faire tout ce que nous pouvons".
Toujours pas de compromis
En attendant, aucun compromis n'avait encore été trouvé jeudi, malgré plusieurs propositions. L'absence d'aides rapides risque de plonger des millions d'Américains dans la pauvreté et de pousser nombre de petites entreprises à mettre la clé sous la porte, auto-alimentant ainsi la crise.
"Avec autant de chômeurs, la fin du soutien apporté par (ces aides) pourrait nuire considérablement aux dépenses de consommation. Ce sont ces fonds qui ont permis à la consommation de rebondir et d'être forte à partir du printemps", relève l'économiste Joel Naroff.
Le président élu Joe Biden avait lui aussi insisté la semaine dernière sur la nécessité de donner urgemment un coup de pouce à l'économie. Les mesures qui pourraient être adoptées d'ici Noël ne seront qu'un "acompte", avait-il alors prévenu, avant qu'un grand plan de relance ne soit mis en œuvre à son arrivée à la Maison Blanche le 20 janvier.
Le taux de chômage aux Etats-Unis était de 6,7% en novembre.