A peine sorti des retraites, Emmanuel Macron de nouveau dans la tourmente

Le président français Emmanuel Macron lors d'une réunion de la Cellule interministérielle de crise (CIC)  à Paris, France, le 30 juin 2023, après que des émeutes ont éclaté pour la troisième nuit consécutive à travers le pays suite à la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué lors d'un contrôle routier à Nanterre par un policier français. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron lors d'une réunion de la Cellule interministérielle de crise (CIC) à Paris, France, le 30 juin 2023, après que des émeutes ont éclaté pour la troisième nuit consécutive à travers le pays suite à la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué lors d'un contrôle routier à Nanterre par un policier français. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 01 juillet 2023

A peine sorti des retraites, Emmanuel Macron de nouveau dans la tourmente

  • Au sortir du conflit des retraites, le président s'était donné 100 jours, jusqu'au 14 juillet, pour «apaiser» le pays et remettre le quinquennat sur les rails
  • Le voilà de nouveau au pied du mur avec le spectacle, depuis quatre nuits, de violences urbaines dans toute la France après la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi par un policier

PARIS: Deuxième crise en quelques mois: le conflit des retraites à peine surmonté, Emmanuel Macron se retrouve confronté à l'embrasement des banlieues, un défi plus explosif encore et à l'issue incertaine.

Au sortir du conflit des retraites, le président s'était donné 100 jours, jusqu'au 14 juillet, pour "apaiser" le pays et remettre le quinquennat sur les rails.

Le voilà de nouveau au pied du mur avec le spectacle, depuis quatre nuits, de violences urbaines dans toute la France après la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi par un policier.

Et un contraste saisissant entre les images de mairies, écoles et tramways brûlés et celles du chef de l'Etat enchaînant, deux jours auparavant, les bains de foule bon enfant dans les quartiers sensibles de Marseille.

"C’est une très mauvaise nouvelle pour le chef de l'Etat et la stratégie qui consistait à laisser glisser (l'agenda de l'exécutif) en pente vers le 14 juillet, à miser sur l'accalmie du mois d'août et à faire un remaniement pour clôturer la parenthèse" des retraites, estime le politologue Bruno Cautrès.

Les émeutes urbaines ont aussi conduit samedi le président à reporter sa visite d'Etat en Allemagne, prévue de dimanche soir à mardi. Emmanuel Macron souhaite "pouvoir rester en France ces prochains jours", selon l'Elysée.

Fin mars, c'est la visite de Charles III en France qui avait dû être annulée, en raison de la crise sociale.

"Après la Covid, les Gilets jaunes, la guerre en Ukraine, rien ne lui aura été épargné", se désole un cadre de la majorité.

Sidération

Une semaine auparavant, un ministre se félicitait encore qu'"en un an, on n’ait pas eu de grosse emmerde" de type "Benalla" (ancien chargé de mission de l'Elysée) ou Gilets jaunes, comme sous le premier quinquennat.

Pour Bruno Cautrès, "ça fait quand même beaucoup", à un moment où les Français ont plus que jamais un "sentiment de perte de repères très important".

"Les gens sont sidérés, stupéfaits de voir notre pays enjamber les tensions, les violences, les crises les unes après les autres", relève-t-il.

Emmanuel Macron se retrouve aussi en "porte-à-faux sur un point cardinal de son message en 2017 : la lutte contre l’assignation à résidence et les blocages de la société française", fait observer le politologue.

Et sa majorité relative à l'épreuve sur un terrain, celui de la sécurité et du régalien, sur lequel elle n'est pas forcement la plus à l'aise et reste très attendue au tournant par la droite et l'extrême droite.

S'il lui avait été reproché un excès d'autorité et de verticalité durant la crise des retraites, le chef de l'Etat risque cette fois d'être confronté à l'exigence exactement inverse.

La fermeté «payante»

"Il sera jugé sur sa capacité à apaiser les tensions. Pour lui, le danger est d'apparaître comme faible et irrésolu", souligne l'universitaire Jean Garrigues, spécialiste d’histoire politique.

Sa première déclaration dénonçant un acte "inexcusable" après la mort de Nahel a déjà suscité l'ire à droite.

Le chef de l'Etat dénonce depuis les violences "injustifiables" qui embrasent les villes de France et se dit prêt à adapter "sans tabou" le dispositif de maintien de l'ordre. Sans aller pour l'heure jusqu'à instaurer l'état d'urgence réclamé par Les Républicains et le Rassemblement national.

"On est passé du stade de l’agression contre l'Etat à travers ses bâtiments à celui du pillage (de magasins). C’est plutôt un élément qui tend à dire que le pic est passé", veut aussi croire le responsable de la majorité cité plus haut.

L'exécutif va devoir réviser ses priorités et remettre en haut de la liste les questions sécuritaires, ainsi que le débat sur les règles d'engagement de la police.

"Aucun dirigeant ne peut prendre le risque d'avoir un nouvel embrasement comme celui-là dans quelques mois", insiste Bruno Cautrès, un an avant les JO de Paris.

Mais comme pour Jacques Chirac et son ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy lors des émeutes de 2005, une "politique de fermeté pourrait être aussi payante pour Emmanuel Macron", fait valoir Jean Garrigues.


Le Sénat achève l'examen du budget de la Sécurité sociale à l'approche d'une semaine décisive

Cette vue générale prise à Paris le 2 avril 2024, montre le Sénat français en séance. Le retour de la taxe lapin : pour responsabiliser les patients qui annulent leurs rendez-vous médicaux, le Sénat français a voté le 22 novembre 2024 l'instauration d'une taxe à la charge de ces patients qui se lèvent, contre l'avis du gouvernement français. (Photo AFP)
Cette vue générale prise à Paris le 2 avril 2024, montre le Sénat français en séance. Le retour de la taxe lapin : pour responsabiliser les patients qui annulent leurs rendez-vous médicaux, le Sénat français a voté le 22 novembre 2024 l'instauration d'une taxe à la charge de ces patients qui se lèvent, contre l'avis du gouvernement français. (Photo AFP)
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  • : Samedi, le Sénat a achevé l'examen du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025, avant un vote solennel mardi sur ce texte hautement risqué pour le gouvernement de Michel Barnier, qui pourrait être censure.
  • Un vote solennel sur l'ensemble du texte est prévu mardi au Sénat, avec une adoption quasi certaine.

PARIS : Samedi, le Sénat a achevé l'examen du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2025, avant un vote solennel mardi sur ce texte hautement risqué pour le gouvernement de Michel Barnier, qui pourrait être censure.

Après une semaine de débats autour de plusieurs mesures épineuses telles que les retraites, les allègements de cotisations patronales ou encore le temps de travail, la chambre haute a terminé ses travaux en approuvant les prévisions budgétaires du gouvernement.

Elle a notamment validé l'objectif de dépenses de l'assurance maladie (ONDAM) pour 2025, fixé par le gouvernement à 264,2 milliards d'euros. Il a été revu à la hausse de 300 millions d'euros, à la suite de l'attribution d'une enveloppe exceptionnelle de 100 millions d'euros aux maisons de retraite en difficulté, mais aussi pour prendre en compte le dérapage des dépenses de médicaments récemment identifié.

Le gouvernement entend contenir ce dérapage en demandant des efforts complémentaires aux industriels du médicament et au secteur du transport sanitaire.

La Haute Assemblée, dominée par une alliance droite-centristes qui soutient le gouvernement, a globalement approuvé les propositions de l'exécutif, à l'inverse de l'Assemblée nationale qui avait totalement remodelé ce budget de la Sécurité sociale à l'initiative des oppositions, sans pouvoir passer au vote dans les délais constitutionnels.

« Nous avons pris des mesures impopulaires, mais face au déficit qui se creuse, il faut faire face à la réalité et réduire ce train de vie, même si c'est difficile », a réagi auprès de l'AFP la rapporteure générale centriste du Sénat, Élisabeth Doineau.

Un vote solennel sur l'ensemble du texte est prévu mardi au Sénat, avec une adoption quasi certaine.

Le sort de ce projet de budget de la Sécurité sociale sera ensuite entre les mains de quatorze parlementaires — sept sénateurs et sept députés — chargés de trouver un texte de compromis lors d'une commission mixte paritaire (CMP) mercredi au Sénat.

Le camp gouvernemental y sera majoritaire, mais rien n'assure que le « socle commun » s'entende, car une mesure clé sur la baisse des exonérations de cotisations patronales irrite les troupes macronistes.

Si un compromis est trouvé, le texte final sera soumis à un ultime vote dans les deux chambres, avec l'utilisation plus que probable de l'article 49.3 par le gouvernement devant les députés.

Une motion de censure a déjà été annoncée par la gauche, ce qui pourrait provoquer la chute du gouvernement Barnier avant l'hiver si le Rassemblement national décide de la voter.


Darmanin presse Barnier d'inscrire le projet d'autonomie de la Corse à l'ordre du jour du Parlement

Gérald Darmanin a affirmé mercredi soir qu'il allait "tout organisateur pour" qu'un ressortissant ouzbek soupçonné de radicalisation expulsé en novembre vers son pays d'origine (Photo, AFP).
Gérald Darmanin a affirmé mercredi soir qu'il allait "tout organisateur pour" qu'un ressortissant ouzbek soupçonné de radicalisation expulsé en novembre vers son pays d'origine (Photo, AFP).
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  • Dans un entretien à Corse Matin publié samedi, l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin presse le Premier ministre Michel Barnier de soumettre au Parlement la « proposition constitutionnelle » reconnaissant un statut d'autonomie à la Corse.
  • « Il faut que la Corse incarne la fin de l'État jacobin », a expliqué samedi M. Darmanin.

PARIS : Dans un entretien à Corse Matin publié samedi, l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin presse le Premier ministre Michel Barnier de soumettre au Parlement la « proposition constitutionnelle » reconnaissant un statut d'autonomie à la Corse, un projet interrompu par la dissolution de l'Assemblée.

« Il faut désormais que Michel Barnier la présente au Parlement le plus rapidement possible. C'est ce qu'Emmanuel Macron a dit au président du Conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni qu'il a récemment reçu », a déclaré M. Darmanin au quotidien.

« Le plus dur a été fait. Nous avons rétabli la paix civile en Corse. J'ai engagé, à la demande du chef de l’État, un processus historique : pour la première fois, un ministre de l'Intérieur a évoqué la question de l'autonomie que nous avons négociée », déclare également le député (EPR) du Nord.

« Une question se pose désormais : la représentation parlementaire peut-elle adopter la proposition constitutionnelle ? La réponse est oui, et encore plus qu'avant. Il existe une large majorité au Palais-Bourbon entre les LR, avec lesquels nous formons une majorité, les socialistes, les centristes de Liot, et du côté du Sénat. Je demande, je le redis, au Premier ministre d'inscrire ce texte à l'ordre du jour du Parlement. Il ne faut pas avoir peur », insiste M. Darmanin.

Le processus dit de « Beauvau » avait été initié en 2022 par Gérald Darmanin, à la demande d'Emmanuel Macron, pour mettre un terme aux violences sur l'île provoquées par la mort du militant indépendantiste Yvan Colonna. Il avait débouché en mars sur un accord prévoyant « la reconnaissance d'un statut d'autonomie » de la Corse « au sein de la République ».

Mais la dissolution de l'Assemblée nationale a mis un terme aux discussions, laissant de nombreux élus corses craindre l'abandon du projet.

« Il faut que la Corse incarne la fin de l'État jacobin », a expliqué samedi M. Darmanin.

Devant l'Assemblée, la ministre des Territoires Catherine Vautrin avait évoqué un projet de loi constitutionnelle en 2025 devant déboucher, in fine, sur un vote du Congrès « avant la fin de l'année 2025 ».

Par ailleurs, interrogé sur une éventuelle candidature à l'élection présidentielle, M. Darmanin a répondu : « Trop tôt pour le dire. » « Mais je ne m'en désintéresserai pas, j'y porterai de toute façon mes convictions et mes idées », ajoute le député LREM, membre du parti d'Emmanuel Macron mais également proche d’Édouard Philippe (Horizons), et qui a récemment créé un club de réflexion, Populaires.


Macron va marquer le 80e anniversaire de la libération de Strasbourg

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse après avoir visité le brise-glace Almirante viel de la marine chilienne à Muelle Molo de Abrigo, Valparaiso, Chili, le 21 novembre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse après avoir visité le brise-glace Almirante viel de la marine chilienne à Muelle Molo de Abrigo, Valparaiso, Chili, le 21 novembre 2024. (AFP)
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  • Emmanuel Macron marque samedi le 80e anniversaire de la libération de Strasbourg du joug nazi avec un hommage à la résistance alsacienne
  • Le chef de l'Etat, qui poursuit un long cycle mémoriel autour des 80 ans de la Libération de la France et de la fin de la Seconde guerre mondiale, est attendu à 11H20 place Broglie pour une cérémonie militaire, avant un discours à l'université

STRASBOURG: Emmanuel Macron marque samedi le 80e anniversaire de la libération de Strasbourg du joug nazi avec un hommage à la résistance alsacienne, aux incorporés de force et à l'historien Marc Bloch qui pourrait être panthéonisé.

Le chef de l'Etat, qui poursuit un long cycle mémoriel autour des 80 ans de la Libération de la France et de la fin de la Seconde guerre mondiale, est attendu à 11H20 place Broglie pour une cérémonie militaire, avant un discours à l'université.

Il se rendra ensuite dans l'ancien camp de concentration nazi de Natzweiler-Struthof, le seul érigé sur le territoire français, à une soixantaine de kilomètres de Strasbourg, alors que l'Alsace était annexée de fait par le IIIe Reich.

Place Broglie, il saluera la mémoire du général Leclerc et des hommes de la Deuxième division blindée, libérateurs de Strasbourg le 23 novembre 1944, après s'être juré trois ans plus tôt lors du serment de Koufra (Libye) de combattre jusqu'à ce que le drapeau français flotte sur la capitale de l'Alsace.

En clin d'oeil, les couleurs de la France seront de nouveau hissées sur la flèche de la cathédrale de Strasbourg durant la cérémonie.

- "Malgré-nous" -

Emmanuel Macron prendra ensuite la parole au Palais universitaire de Strasbourg. "Ce sera l'occasion d'évoquer la résistance des Alsaciens, la libération du territoire et le toujours délicat sujet des incorporés de force d'Alsace-Moselle" dans la Wehrmacht, a indiqué l'Elysée.

Plus de 130.000 Alsaciens et Mosellans, considérés comme Allemands après l'annexion de ces territoires, ont dû intégrer l'armée allemande et 12.000 ne sont jamais revenus, un drame qui reste douloureux dans la région, 80 ans après la fin de la guerre.

Très longtemps, les "Malgré-nous", associés pour certains à l'un des pires massacres de civils commis par les Nazis en Europe occidentale à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) en 1944, sont demeurés un sujet relativement tabou.

"Après la guerre, on va surtout valoriser la mémoire héroïque, résistante, tout ce qui peut refaire le ciment de la France. Et dans toute cette histoire, les +Malgré nous+, ça fait un peu tache, ce n'est pas glorieux, ça ne  permet pas de construire une mémoire qui sera nationale", pointe l'historien Christophe Woehrle.

"80 ans après, il faut poser des mots et des actes, il faut sortir des sentiments" de honte et de la "non-reconnaissance", estime la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian qui appelle le président à se prononcer pour l'indemnisation des orphelins de "Malgré-nous".

- Entre France et Allemagne -

Emmanuel Macron pourrait aussi annoncer l'entrée au Panthéon de l'universitaire et résistant Marc Bloch, arrêté par la Gestapo et fusillé trois mois plus tard en 1944, selon plusieurs sources à l'AFP. A l'issue du discours, il remettra aussi la Légion d'honneur à son fils Daniel Bloch.

Professeur d'histoire du Moyen-Age à l'université de Strasbourg de 1919 à 1936, Marc Bloch a renouvelé en profondeur le champ de la recherche historique en l'étendant à la sociologie, la géographie, la psychologie et l'économie.

En 1929, il a notamment fondé avec Lucien Febvre la revue des "Annales d'histoire économique et sociale", qui a eu une résonance universitaire dans le monde entier.

Capitaine et Croix de guerre en 1914-1918, de nouveau mobilisé en 1939, Marc Bloch s'engage dans la résistance au tournant des années 1942/43.

Il est arrêté à Lyon le 8 mars 1944, emprisonné et torturé à la prison de Montluc, puis fusillé le 16 juin avec 29 de ses camarades.

Au Struthof, Emmanuel Macron ravivera la flamme au pied du Mémorial aux héros et martyrs de la déportation, après une "visite sobre et solennelle" du camp où 17.000 personnes périrent.

Le chef de l'Etat visitera également le Musée mémorial d'Alsace-Moselle à Schirmeck, qui retrace l'histoire des habitants de la région, ballotés entre France et Allemagne durant des décennies entre 1870 et 1945, et rend hommage aux 36.000 Alsaciens et Mosellans décédés durant la guerre.