BRUXELLES: Les technologies de manipulation du climat ("géo-ingénierie") ne sont pas "la solution" au réchauffement planétaire et présentent en l'état "un niveau de risque inacceptable", a averti mardi l'UE en dévoilant une communication sur les dangers géopolitiques liés au climat.
Miroirs spatiaux, injection massive de particules de soufre dans l'atmosphère, efforts pour modifier les nuages... plusieurs techniques à l'étude pour renvoyer le rayonnement solaire (et ainsi refroidir la Terre) font l'objet de controverses sur leur efficacité et les dangers potentiels.
"L'intervention intentionnelle à grande échelle dans les systèmes naturels suscite une attention croissante, mais les risques et conséquences inattendues sont mal compris" faute d'évaluations scientifiques complètes, et "les règles nécessaires" pour les encadrer n'existent pas, avertit la Commission européenne.
"Ces technologies introduisent de nouveaux risques pour les personnes et les écosystèmes, elles pourraient aggraver les déséquilibres de pouvoir entre les nations, déclencher des conflits et soulever une myriade de problèmes éthiques, juridiques, de gouvernance", s'alarme l'exécutif européen.
"En l'état de leur développement, elles représentent un niveau de risque inacceptable pour l'homme et l'environnement", résume la Commission dans un communiqué, estimant que ce n'était "pas la réponse au changement climatique", faute de s'attaquer à la racine du problème — les émissions croissantes de gaz à effet de serre.
"La géo-ingénierie ne doit pas devenir une excuse pour ne pas s'attaquer aux causes profondes en offrant aux pollueurs un moyen d'éviter de prendre des mesures", a affirmé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
«Processus d'examen»
Face à l'essor inéluctable des projets de géo-ingénierie, Bruxelles réclame "un processus d'examen scientifique complet" et se dit prêt à soutenir des efforts de coopération internationale pour "évaluer de façon exhaustive les risques" et discuter d'un éventuel cadre à l'échelle du globe.
"C'est un sujet aux implications mondiales et aux risques considérables. Personne ne devrait mener des expériences seul avec notre planète commune. Cela doit être discuté formellement au plus haut niveau", a commenté le vice-président de la Commission, Frans Timmermans.
Plus généralement, l'UE entend mieux intégrer dans sa politique extérieure les risques climatiques pour la paix et la sécurité (raréfaction des ressources, insécurité alimentaires, migrations forcées, pandémies, troubles sociaux, conflits autour de l'eau...).
La communication plaide pour une planification renforcée et des mesures d'adaptation — par exemple en matière d'équipements et d'infrastructures civiles et militaires.
"Nous parlons d'une menace existentielle pour l'humanité. Les troubles climatiques coïncident de façon évidente avec l'instabilité et les guerres dans tout le Sahel, le Caucase, en Afrique, certaines parties de l'Asie du Sud-Est et de l'Amérique latine", s'est alarmé M. Borrell.