Au Sri Lanka, le problème éléphantesque des déchets plastiques

Sur cette photo prise le 3 juin 2023, un éléphant sauvage mange des déchets mélangés à des déchets plastiques près de vaches dans une décharge à Ampara (AFP).
Sur cette photo prise le 3 juin 2023, un éléphant sauvage mange des déchets mélangés à des déchets plastiques près de vaches dans une décharge à Ampara (AFP).
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Publié le Mardi 27 juin 2023

Au Sri Lanka, le problème éléphantesque des déchets plastiques

  • Après le décès en dix ans d'une vingtaine de ces pachydermes et d'innombrables autres animaux sauvages ayant avalé des plastiques à usage unique, une loi interdisant cette substance doit entrer en vigueur dans les semaines à venir
  • La vente d'une série d'articles en plastique à usage unique, nocifs pour l'environnement, difficilement recyclables et pouvant être facilement remplacés, sera interdite

HORANA : Des photos bouleversantes d'éléphants ingurgitant du plastique ont conduit les autorités du Sri Lanka à renforcer les mesures de lutte contre la pollution jusqu'ici largement ignorées, dans un pays en proie à un amoncellement de ses déchets sur fond de crise économique.

Après le décès en dix ans d'une vingtaine de ces pachydermes et d'innombrables autres animaux sauvages ayant avalé des plastiques à usage unique, une loi interdisant cette substance doit entrer en vigueur dans les semaines à venir.

Sacs, bouteilles et autres emballages sont également accusés de boucher les égouts et de provoquer des inondations dans les zones urbaines. Ils seraient également à l'origine d'une recrudescence de la dengue, une maladie potentiellement mortelle transmise par les moustiques qui pullulent dans les eaux stagnantes.

"Nous voulons sensibiliser la population à l'utilisation responsable des plastiques", a déclaré à l'AFP Anil Jasinghe, ministre de l'Environnement.

La vente d'une série d'articles en plastique à usage unique, nocifs pour l'environnement, difficilement recyclables et pouvant être facilement remplacés, sera interdite. Sont notamment visés les couverts, les gobelets, les pailles et les guirlandes de fleurs.

La mise en œuvre de cette nouvelle règlementation s'annonce cependant compliquée.

Déjà, en 2006, le gouvernement avait interdit les sacs plastique ultrafins et les emballages alimentaires mais elle était restée lettre morte auprès des fabricants.

"Bien sûr, nous les attaquons régulièrement, mais ce n'est pas ainsi que nous résoudrons le problème", reconnaît le ministre.

Sensibilisation à l'environnement

Pour lui, un mode de production plus respectueux passe par une meilleure sensibilisation aux enjeux environnementaux.

Le gouvernement avait à nouveau tenté, en vain, de faire interdire les sacs de courses en plastique après un accident dans une immense décharge qui avait fait plus d'une trentaine de morts en 2017. Une montagne d'ordures s'était écroulée, ensevelissant les cahutes d'un bidonville, à la périphérie de la capitale Colombo.

Outre le fait que les fabricants ne respectent pas la législation, le Sri Lanka, en faillite, a du mal à traiter ce qu'il produit.

La crise économique historique qui a débuté fin 2021 a entraîné un amoncellement de déchets en raison d'une pénurie de carburant que subissent les camions à ordures.

Selon les Nations unies, ce pays d'Asie du Sud ne recycle que 3% des produits en plastique qu'il consomme, soit moins de la moitié de la moyenne mondiale (7,2%).

Les bouteilles en plastique ne sont pas concernées par la nouvelle interdiction, mais le plus grand recycleur du pays affirme être en mesure d'en traiter environ deux tiers de plus que ce qu'il parvient à faire actuellement. Pour cela, il faudrait que les déchets soient collectés.

"Nous avons la capacité de recycler 400 tonnes par mois, mais nous n'en traitons actuellement que 250", explique Prasantha Malimbadage, directeur général du recyclage chez Eco Spindles.

L'entreprise transforme les bouteilles en plastique en fil à coudre en polyéthylène, utilisé par de grandes marques internationales de l'industrie textile.

Dubitatifs

Dans l'usine d'Eco Spindles, située au sud de Colombo, près de 350 personnes trient les bouteilles qui sont écrasées et réduites en minuscules flocons de plastique.

"Dix bouteilles servent à fabriquer un T-shirt et 27 bouteilles servent à fabriquer une tenue de remise de diplôme", explique M. Malimbadage.

Selon une étude réalisée en 2020 par le Centre pour la justice environnementale, une organisation établie au Sri Lanka, les plastiques à usage unique représentaient près de 15% des déchets urbains.

Ce pays de 22 millions d'habitants produit chaque année plus de 1,5 million de tonnes de déchets plastiques, dont la moitié se retrouve dans les canaux, les rivières puis finissent dans l'océan Indien.

Les autorités sanitaires estiment que l'entrée en vigueur de l'interdiction de cette substance devrait contribuer à freiner la propagation de la dengue.

En 2021, quelque 35 000 cas et 26 décès ont été enregistrés contre 76 600 cas et 72 décès en 2022.

"Là où les emballages en plastique sont jetés, il y a un pic de dengue", souligne Lahiru Kodituwakku de l'unité nationale de contrôle de cette maladie, évoquant "une forte corrélation".

Mais nombre de militants défenseurs de l'environnement restent dubitatifs.

Pour Nishshanka de Silva, fondateur de l'association ZeroPlastic Movement, "c'est une bonne chose mais je me demande s'ils vont réellement aller de l'avant et l'appliquer".


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.