Poutine se pose en garant de la paix intérieure, Prigojine justifie sa rébellion avortée

Le président russe Vladimir Poutine prononce son discours à la nation à Moscou le 26 juin 2023 (Photo, via AP).
Le président russe Vladimir Poutine prononce son discours à la nation à Moscou le 26 juin 2023 (Photo, via AP).
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Publié le Mardi 27 juin 2023

Poutine se pose en garant de la paix intérieure, Prigojine justifie sa rébellion avortée

  • «Dès le début des événements, des mesures ont été prises sur mes instructions directes afin d'éviter une grande effusion de sang», a affirmé le président russe
  • Peu auparavant, son homologue américain Joe Biden avait à l'inverse assuré que les Occidentaux n'étaient «pas impliqués»

MOSCOU : Vladimir Poutine s'est posé lundi soir en garant de la paix intérieure en Russie, assurant avoir évité un bain de sang, lors de sa première déclaration publique depuis la brève rébellion de Wagner, que son chef Evguéni Prigojine a justifiée pour sauver le groupe paramilitaire et non pour s'emparer du pouvoir.

"Dès le début des événements, des mesures ont été prises sur mes instructions directes afin d'éviter une grande effusion de sang", a affirmé le président russe dans une courte adresse télévisée à la nation, en accusant l'Ukraine et l'Occident de souhaiter "une telle issue fratricide".

Peu auparavant, son homologue américain Joe Biden avait à l'inverse assuré que les Occidentaux n'étaient "pas impliqués" et n'avaient "rien à voir avec ces événements", qualifiés de "problème interne à la Russie".

Remerciant les Russes pour leur "résilience", leur "unité" et leur "patriotisme", M. Poutine a déclaré que "cette solidarité citoyenne a montré que tout chantage (...) est voué à l'échec".

Se posant en garant du retour au calme, le dirigeant russe a ensuite fait savoir, par le porte-parole de la présidence, qu'il était "en réunion de travail" avec les principaux responsables de la sécurité du pays, notamment le procureur général, les ministres de l'Intérieur et de la Défense, et le directeur du FSB (service de sécurité). Il les a "remerciés du travail accompli pendant ces quelques jours".

Aux membres de Wagner acteurs de la mutinerie, qui a mené certains à un peu plus de 200 km de Moscou, il a proposé d'intégrer l'armée régulière, de "rentrer dans leurs familles et chez leurs proches" ou de "partir au Bélarus", pays allié où leur patron Evguéni Prigojine doit s'exiler, selon le Kremlin.

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko va "très bientôt" prononcer une allocution, a annoncé une chaîne Telegram proche de la présidence, sans précision de date.

Lundi soir, M. Poutine a une nouvelle fois accusé le patron de Wagner, sans le nommer, d'avoir "trahi son pays et son peuple" tout en "mentant" à ses hommes.

Dans la journée, Evguéni Prigojine avait lui justifié sa révolte par le fait qu'il voulait sauver son organisation, non s'emparer du pouvoir, et que sa tentative a mis en lumière les "graves problèmes de sécurité" en Russie.

Les autorités russes se sont efforcées tout au long de la journée de lundi de donner une image de normalité dans le pays, malgré ce grave coup porté en l'espace de 24 heures à l'image de Vladimir Poutine, en pleine contre-offensive ukrainienne.

Dans un message audio de 11 minutes, M. Prigojine n'a pas révélé où il se trouvait, alors que l'accord conclu samedi soir avec le Kremlin par l'entremise du président bélarusse Alexandre Loukachenko prévoit qu'il s'exile au Bélarus.

Selon lui, la marche de ses hommes vers Moscou a "mis en lumière de graves problèmes de sécurité dans le pays", ceux-ci ayant pu s'emparer sans grande résistance du QG de l'armée à Rostov-sur-le-Don et de plusieurs autres sites militaires, couvrant 780 kilomètres avant de s'arrêter à "à peine plus de 200 km de Moscou". Il a aussi assuré avoir eu le soutien des civils rencontrés lors de cette courte rébellion.

Apparente normalité

Depuis des mois, le patron de Wagner accusait le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef d'état-major Valeri Guérasimov d'être incompétents et d'avoir envoyé au sacrifice des dizaines de milliers de soldats.

Selon lui, le ministère de la Défense a essayé de démanteler Wagner en l'absorbant, puis a bombardé l'un de ses camps, faisant trente morts. Une accusation qu'avait démentie l'armée russe.

Sergueï Choïgou, qui s'était volatilisé pendant la rébellion, est réapparu plus tôt lundi dans une vidéo en train d'inspecter des forces engagées en Ukraine, sans qu'il soit possible de déterminer quand ces images ont été filmées.

Le groupe Wagner a par ailleurs assuré que son siège à Saint-Pétersbourg fonctionnait "normalement", tandis que le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov relevait que les paramilitaires allaient continuer leurs opérations au Mali et en Centrafrique.

L'organisation a aussi repris son recrutement dans certaines régions de Russie, selon l'agence TASS.

Autre signe de cet effort de retour à la normale, les autorités ont annoncé la fin du "régime d'opération antiterroriste" dans la région de Moscou et celle de Voronej, au sud de la capitale.

«Gros coup» pour Poutine

M. Prigojine, homme d'affaires qui fut un allié de Poutine chargé de remplir nombre des basses oeuvres de Moscou, a mis fin à sa rébellion samedi soir, en échange d'une immunité promise par le Kremlin pour lui et ses hommes.

Mais lundi, les agences de presse russes ont toutes annoncé que l'enquête criminelle le visant pour "appel à la mutinerie armée" était toujours en cours.

Si le coup de force a pris fin aussi soudainement qu'il a débuté, cette crise représente le plus grand défi auquel M. Poutine a été confronté depuis son arrivée au pouvoir fin 1999.

De nombreux analystes estiment aussi qu'elle pourrait affaiblir les forces russes en Ukraine et profiter à Kiev dans sa contre-offensive.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu lundi dans la région de Donetsk, près du front de l'Est en Ukraine, son armée menant une contre-offensive dans cette zone et dans le Sud.

Selon la présidence, il "a rendu visite à des unités des forces armées du groupe opérationnel et stratégique de Khortytsia". "Je tiens à vous remercier, à vous récompenser tous et à vous serrer la main avec une grande gratitude, vous, vos familles, vos parents", a-t-il dit aux militaires. "L'Ukraine est fière de chacun de vous".

Plus tard, dans son traditionnel message quotidien, M. Zelensky a évoqué les "zones d'opérations actives sur le front", les régions de Donetsk et de Zaporijjia.

"Aujourd'hui, nos soldats ont progressé dans toutes les zones, et c'est un jour heureux. Je leur ai souhaité d'autres journées comme celle-ci", a-t-il déclaré.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.