LUXEMBOURG : La mutinerie avortée de Wagner montre que la guerre en Ukraine est en train de "fissurer" le pouvoir russe, a déclaré lundi le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell, estimant que l'instabilité politique dans une puissance nucléaire comme la Russie n'était "pas une bonne chose",
"Le monstre Wagner créé par (le président russe Vladimir) Poutine est en train de mordre son créateur", a-t-il commenté avant une réunion des ministres européens des Affaires étrangères au Luxembourg.
"Ce qui s'est passé au cours de ce week-end montre que la guerre contre l'Ukraine est en train de fissurer le pouvoir russe et affecte son système politique", a estimé M. Borrell.
"Nous voyons les conséquences désastreuses de la guerre d'agression russe sur le système de pouvoir de Poutine. Nous voyons que les dirigeants russes se retournent de plus en plus contre eux-mêmes", a commenté la ministre allemande Annalena Baerbock.
"Ces événements posent beaucoup de questions et nous devons rester prudents. Il y a beaucoup de zones d'ombre. Mais ils montrent des fissures, des fractures, des failles au sein du système russe", a renchéri son homologue française Catherine Colonna.
Le fait que ces événements se produisent dans un pays qui est une puissance nucléaire inquiète. "Ce n'est certainement pas une bonne chose qu'une puissance nucléaire comme la Russie puisse entrer dans une phase d'instabilité. C'est aussi quelque chose qu'il faut prendre en compte", a affirmé Josep Borrell.
"La Russie est (...) l'une des deux plus grandes puissances nucléaires de la planète. Nous ne pouvons pas rester indifférents à ce qui se passe là-bas. Et cela doit nous faire tous réfléchir", a abondé le chef de la diplomatie autrichienne Alexander Schallenberg.
"Poutine a perdu son omnipotence", a soutenu le Luxembourgeois Jean Asselborn. "Le monopole de la violence en Russie n'appartient plus à l'État. Il est très fragmenté. Or nous parlons d'un pays qui a 6 000 têtes nucléaires. C'est pourquoi la situation est très dangereuse", a-t-il affirmé.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont confirmé lundi leur accord pour une nouvelle dotation de 3,5 milliards d'euros pour la Facilité européenne pour la paix (FEP), utilisée pour financer leurs fournitures d'armes à l'Ukraine et les missions militaires à l'étranger.
La Facilité est abondée par les contributions des Etats membres et 66% de ses financements sont assurés par l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne.