L'acteur et humoriste Ahmed Ahmed brise le plafond de verre du divertissement pour les Américains d'origine arabe

L'acteur et humoriste égypto-américain Ahmed Ahmed (capture d’écran).
L'acteur et humoriste égypto-américain Ahmed Ahmed (capture d’écran).
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Publié le Samedi 24 juin 2023

L'acteur et humoriste Ahmed Ahmed brise le plafond de verre du divertissement pour les Américains d'origine arabe

  • Autrefois le «terroriste incontournable» de Hollywood, Ahmed s'est taillé une carrière dans le stand-up
  • «Nous devons écrire, financer et produire nos propres histoires», déclare l'artiste égypto-américain

CHICAGO: Les représentations négatives du Moyen-Orient et de ses nombreux peuples dans les films et les programmes télévisés de Hollywood peuvent être réduites à néant si les Américains d'origine arabe sont prêts à provoquer eux-mêmes ce changement, a indiqué cette semaine à Arab News l'acteur et humoriste égypto-américain Ahmed Ahmed.

Lors de son passage au Ray Hanania Radio Show mercredi, Ahmed a expliqué qu'il avait grandi dans un environnement médiatique américain où toute image d'un Arabe ou d'un musulman était négative, ce qui l'a poussé à rechercher un changement positif.

Né à Helwan, en Égypte, dans la banlieue du Caire, sa famille a immigré aux États-Unis lorsqu’il avait un mois et s'est installée dans la banlieue de Los Angeles. Ahmed et sa mère au foyer ont appris à parler anglais en regardant des sitcoms et des feuilletons télévisés, tandis que son père travaillait 14 à 15 heures par jour à pomper de l'essence dans une station-service locale.

Seule famille égyptienne de leur quartier, les membres partageaient le rêve d'une vie meilleure. Son père finit par acheter la station-service. Inspiré par ce qu'il voyait, Ahmed travailla pour devenir un acteur hollywoodien à succès et un comédien de stand-up.

«J'ai commencé à aller au cinéma. L'un des premiers films que j'ai vus quand j'étais enfant était Rocky. Je me souviens d'être sorti du cinéma en me sentant tellement inspiré, tellement plein de vie. Et je me suis dit que les films pouvaient vraiment nous émouvoir. C'est donc vers le divertissement que j'ai voulu me diriger, parce que j'aimais tellement ça. L'aspect divertissement surtout. Pas les paillettes, le glamour et la toxicité hollywoodienne, ni même l'argent. Il s'agissait plutôt de divertir les gens, de les faire rire», a révélé Ahmed, qui a vécu dans sa jeunesse à Riverside, près de Los Angeles.

«Mon père avait un grand sens de l'humour. Il faisait toujours des blagues. Il était toujours le type qui, aux mariages, aux fêtes d'anniversaire, au dîner ou même aux funérailles, fumait une cigarette dans un coin et tenait la cour. C'est peut-être de là que j'ai hérité ce sens de l'humour.»

Il n'a pas été difficile de faire carrière dans ce secteur, car les Égyptiens ont toujours été parmi les personnes les plus divertissantes du monde arabe, a-t-il déclaré.

«L'Égypte a été et sera toujours considérée comme le Hollywood du Moyen-Orient et nous sommes considérés comme les humoristes du Moyen-Orient», a expliqué Ahmed.

«Les Égyptiens sont très joyeux et sociables et aiment être expressifs et passionnés. C'est parfois une culture un peu arrogante, si vous êtes déjà allés en Égypte. Mais c'est une culture et une société très avant-gardistes.»

Parcours de vie 

À 19 ans, Ahmed a déménagé à Hollywood pour poursuivre une carrière d'acteur de cinéma et a fréquenté l'Académie américaine des arts dramatiques. Travaillant le jour comme entraîneur personnel et la nuit comme serveur, Ahmed a continué à jouer pendant son temps libre, entrant dans l'industrie cinématographique au bas de l'échelle, jouant de petits «rôles secondaires» dans plusieurs feuilletons et émissions télévisées.

Il a rapidement appris que Hollywood ne voulait que des acteurs arabes pour jouer des rôles de terroristes, comme il l'a fait dans plusieurs films, notamment «Executive Decision» et «Iron Man». Mais il a toujours espéré passer à des rôles de personnages forts et positifs.

«Quand j'ai commencé, pendant environ sept ans, j'ai accepté tous les rôles qui se présentaient à moi. Le ‘terroriste’ dans tel ou tel film. Il s’agissait de projets sympas. J'ai pu travailler avec Kurt Russell et Halle Berry. J'ai joué dans ces grands films d'action qui se déroulaient dans un avion ou un train. Et j'étais toujours le méchant à l'arrière, qui tenait l'arme et criait ‘au nom d'Allah’ et d'autres choses du même genre», se souvient Ahmed.

«J'ai commencé à recevoir beaucoup de réactions indésirables, notamment de la part de ma propre communauté. Je recevais beaucoup de réactions des détracteurs du monde arabe et musulman qui me disaient: ‘Pourquoi faites-vous cela ? Vous perpétuez les stéréotypes. Vous ne devriez pas jouer ce genre de rôle.’ Mais si je ne prends pas ce rôle, ils le donneront à un Samoan ou à un Mexicain.»

Ahmed comprend bien les réaction, mais pas l'incapacité de la communauté à reconnaître la solution, en travaillant de l'intérieur de l'industrie pour la changer.

«Il est amusant de constater que les gens de notre culture vous en veulent de jouer ces rôles, mais qu'ils ne font rien pour y remédier. J'écrivais donc des scénarios sur une famille ordinaire vivant en Amérique, ou une sitcom ou autre, et j'essayais de les présenter aux Arabes ou aux investisseurs musulmans en leur disant que si vous voulez briser cette bulle de stéréotypes, nous devons écrire et créer nos propres films.»

«Et ils disaient que ce n'est pas à nous de décider. C'est Hollywood. Nous voulons investir dans des stations-service, des centres commerciaux et ce genre de choses. La communauté du Moyen-Orient, la communauté arabo-musulmane, n'a toujours pas compris, jusqu'à ce jour, qu'il était possible de réaliser un film indépendant», a souligné Ahmed.

«Tout le monde se plaint de Hollywood. Hollywood n'écrira jamais notre histoire. Ce n'est tout simplement pas le cas. Parce qu’ils ne le savent pas. Ils ne sont pas de l'intérieur, comme vous l'avez dit. C'est à nous d’écrire nos propres films. Nous devons les produire. Nous devons les financer. Nous devons les éditer, les promouvoir et les distribuer. Et tout cela se fait en interne. J'ai cessé d'accepter ces rôles pendant un certain temps.»

Ahmed a affirmé qu'il refusait de changer de nom ou d'abandonner sa culture dans le seul but d'obtenir des rôles d'acteur plus grand public.

«J'ai joué tous les rôles de terroriste possibles et imaginables. J'ai été le terroriste par excellence pendant un certain temps. À un moment donné, j'ai appelé mon agent et je lui ai demandé si je pouvais auditionner pour l'ami, pour l'officier de police. Puis-je auditionner pour le professeur? Ils m'ont dit non. Changez de nom, c'est ce qu'ils me disaient», a signalé Ahmed.

«J'ai demandé pourquoi. Ils m'ont dit qu'à Hollywood, la distribution des rôles se fait dans les coulisses. Ils ne voient que votre nom. Si je m'appelais Joe Smith, ils ne sauraient pas d'où je viens. Mais parce que je m'appelle Ahmed Ahmed, c'est un nom musulman. Vous allez directement à la carte musulmane, ou à la carte du Moyen-Orient. C'est ce qui s'est passé. J'ai refusé de changer de nom. J'étais vraiment têtu à ce sujet. J'ai dit: ‘Appelez-moi si vous avez autre chose que ces rôles de terroristes.’ Les téléphones ont cessé de sonner. Je n'avais plus d'argent. J'ai recommencé à travailler comme serveur.»

Privé de grands rôles et considéré comme le «terroriste de service» de Hollywood, Ahmed a décidé de combiner son talent d'acteur et son sens inné de l'humour égyptien, en servant aux clients à la fois de la nourriture et des rires. Il a commencé à se produire dans des clubs de comédie locaux.

C'est alors qu'il est découvert par la propriétaire du Comedy Store, Mitzi Shore, qui lui donne sa première chance en tant qu'humoriste.

Shore a également engagé les comédiens Maz Jobrani, qui est iranien, et Aaron Kader, qui est palestinien, et a baptisé le spectacle «Les Mille et une nuits». Mais une réaction négative au fait que tout le monde n'était pas «arabe» les a poussés à changer le nom du groupe en 2005 pour «L'axe du mal», en adaptant l'expression rendue célèbre par l'ancien président George W. Bush juste avant la guerre d'Irak.

Grâce au soutien de Shore, la troupe a connu un certain succès, qui s'est traduit par une comédie spéciale aux États-Unis, laquelle a débouché sur une tournée au Moyen-Orient devant un large public en Égypte, en Arabie saoudite, à Dubaï, à Bahreïn, au Liban et au Qatar.

Bien que l'Amérique ait vu des séries télévisées incluant des Arabes, comme avec l'acteur libanais Danny Thomas dans les années 1960, et plus récemment avec les humoristes Ramy Youssef et Mo Amer dans des séries limitées de huit à dix épisodes par saison sur Netflix et Hulu, Ahmed a indiqué que la communauté arabe n'a toujours pas été en mesure de percer dans les sitcoms télévisés grand public. Il s'agit généralement de 26 épisodes par an, comme «Sanford and Son», «Everybody Loves Raymond» et «Chico and the Man», qui présentent respectivement des familles afro-américaines, italiennes et mexicaines.

Ahmed a mentionné que les sitcoms télévisés «humanisent notre culture et la normalisent» pour les Américains, ajoutant que l'humour reste un moyen puissant de changer les stéréotypes.

Il a écrit plusieurs scénarios pour des sitcoms et des films qu'il espère produire à l'avenir.

 

  • Le Ray Hanania Radio Show est diffusé tous les mercredis à Détroit sur WNZK AM 690 et à Washington D.C. sur WDMV AM 700 sur le réseau des radios arabes des États-Unis. L’émission est parrainée par Arab News.

Vous pouvez écouter le podcast de l'émission de radio en visitant ArabNews.com/rayradioshow.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Yara Shahidi et le podcast «The Optimist Project»

Yara Shahidi (à gauche) et Keri Shahidi font la promotion de leur nouveau podcast «The Optimist Project» à Time Square le 20 novembre 2024. (Images Getty)
Yara Shahidi (à gauche) et Keri Shahidi font la promotion de leur nouveau podcast «The Optimist Project» à Time Square le 20 novembre 2024. (Images Getty)
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  •  Shahidi a lancé ce podcast afin d'explorer les moyens de vivre une vie plus épanouie grâce à divers invités spéciaux présents dans chaque épisode
  • Diplômée de Harvard, elle explique qu'elle a été inspirée par les conversations dynamiques qu'elle a avec les membres de sa famille diversifiée

DUBAÏ: L'actrice et animatrice de podcast Yara Shahidi figure sur la liste des 33 «visionnaires, créateurs, icônes et aventuriers» du monde entier établie par le National Geographic. Elle a évoqué, dans un entretien accordé au magazine, le projet qui lui a permis d'accéder à cette liste.

En 1888, la National Geographic Society a été fondée par 33 pionniers à Washington. Ces «penseurs audacieux... avaient pour objectif de réimaginer la façon dont nous découvrons notre monde». Beaucoup de choses ont changé depuis, mais la mission qui les guidait – élargir les connaissances et promouvoir la compréhension – nous anime toujours. C'est dans cet esprit que nous vous présentons le National Geographic 33, une collection de visionnaires, de créateurs, d'icônes et d'aventuriers du monde entier», explique le magazine à propos de sa nouvelle liste.

Mme Shahidi, dont le père est iranien et qui est en partie originaire du Moyen-Orient, figure sur la liste dans la sous-section «Créateurs», qui célèbre les «penseurs qui sortent des sentiers battus et qui développent des solutions novatrices».

L'actrice de «Black-ish» et «Grown-ish» a été mise en avant grâce à son podcast «The Optimist Project».

Mme Shahidi, âgée de 25 ans, a lancé ce podcast afin d'explorer les moyens de vivre une vie plus épanouie grâce à divers invités spéciaux présents dans chaque épisode.

Diplômée de Harvard, Mme Shahidi explique qu'elle a été inspirée par les conversations dynamiques qu'elle a avec les membres de sa famille diversifiée. L'actrice a deux frères – l'un est acteur et l'autre travaille dans la mode – tandis que son père Afshin Shahidi est directeur de la photographie. Son cousin est le rappeur Nas et son grand-père était un militant des Black Panthers. Mme Shahidi et sa mère, Keri Shahidi, qui dirigent ensemble leur propre société de médias, 7th Sun Productions, ont décidé de faire connaître leurs réflexions à un public plus large avec le podcast, qui a été lancé en 2024.

«Nous nous sentons tellement chanceuses d'avoir ces conversations», a déclaré Keri, coproductrice de Shahidi, au National Geographic. «Mais nous avons également ressenti le besoin de nous assurer que d'autres personnes avaient la possibilité d'entendre ce que nous entendions».

Jusqu'à présent, les invités du podcast ont été Ego Nwodim, star du Saturday Night Live, Courtney B. Vance, acteur lauréat d'un prix Tony, et Laurie Santos, professeur de psychologie à l'université de Yale.

«Le fait de devoir consacrer autant d'efforts à la survie ne permet pas au cerveau de réfléchir à la question suivante: pourquoi vivons-nous?», a déclaré Mme Shahidi. «Qu'est-ce qui me donnerait envie de me réveiller le lendemain?»

Dans sa conversation avec le National Geographic, elle a poursuivi en reconnaissant qu'il s'agissait d'un moment difficile pour la prochaine génération de dirigeants. «Il est accablant de penser à quel point certains de ces systèmes sont brisés, à quel point certains de nos outils de changement sont imparfaits... mais cela s'accompagne d'un déferlement de jeunes gens très inspirés et très motivés.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les éditeurs saoudiens se connectent au monde entier à la foire de Bologne

L'Arabie saoudite a inauguré son pavillon à la Foire du livre pour enfants de Bologne au centre d'exposition BolognaFiere à Bologne, en Italie. (SPA)
L'Arabie saoudite a inauguré son pavillon à la Foire du livre pour enfants de Bologne au centre d'exposition BolognaFiere à Bologne, en Italie. (SPA)
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  • Le directeur général de la Commission de la littérature, de l'édition et de la traduction a déclaré que la participation du Royaume visait à présenter un éventail de programmes.
  • M. Al-Wasel a ajouté que la foire constituait une plate-forme précieuse pour les éditeurs saoudiens, leur permettant d'entrer en contact et d'échanger des connaissances avec leurs homologues internationaux.

RIYAD : L'Arabie saoudite a inauguré son pavillon à la Foire du livre pour enfants de Bologne, qui s'est tenue du 31 mars au 3 avril au centre d'exposition BolognaFiere à Bologne, en Italie.

Abdullatif Al-Wasel, directeur général de la Commission de la littérature, de l'édition et de la traduction, a déclaré que la participation du Royaume visait à présenter une série de programmes, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Il a ajouté que ces efforts visaient à développer l'industrie de l'édition, à encourager l'engagement culturel, à soutenir les éditeurs et les agents littéraires saoudiens dans le monde entier et à mettre en valeur le riche patrimoine intellectuel et la production littéraire du Royaume. 

M. Al-Wasel a ajouté que la foire constituait une plate-forme précieuse pour les éditeurs saoudiens, leur permettant d'entrer en contact et d'échanger des connaissances avec leurs homologues internationaux.

Le pavillon du Royaume comprend la participation d'entités culturelles telles que l'Académie mondiale du roi Salman pour la langue arabe, la Bibliothèque publique du roi Abdulaziz, la Bibliothèque nationale du roi Fahd et l'Association de l'édition.

L'académie du roi Salman présente ses efforts visant à renforcer la présence mondiale de la langue arabe et à soutenir le contenu arabe dans les domaines culturel et universitaire, a rapporté l'agence SPA.

L'académie présente ses dernières publications et met en avant ses contributions au développement de contenus linguistiques et fondés sur la connaissance, ainsi que ses projets en matière d'aménagement linguistique, de politique, de linguistique informatique, d'éducation et d'initiatives culturelles.


La gastronomie française : dans l'attente des nouvelles étoiles du Michelin

Un cuisinier prépare un plat au restaurant « La Pyramide » à Vienne le 20 mars 2025. Premier restaurant trois étoiles de l'histoire du Guide Michelin, « La Pyramide » reste, 200 ans après son ouverture à Vienne, en Isère, une étape incontournable de la légendaire Nationale 7 pour les gourmets en route vers le sud. (Photo JEFF PACHOUD / AFP)
Un cuisinier prépare un plat au restaurant « La Pyramide » à Vienne le 20 mars 2025. Premier restaurant trois étoiles de l'histoire du Guide Michelin, « La Pyramide » reste, 200 ans après son ouverture à Vienne, en Isère, une étape incontournable de la légendaire Nationale 7 pour les gourmets en route vers le sud. (Photo JEFF PACHOUD / AFP)
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  • C'est le rendez-vous gastronomique de l'année : autant décrié que respecté, le guide Michelin dévoilera lundi ses nouvelles étoiles françaises à Metz.
  • tous les chefs étoilés de France ont été conviés et personnes seront récompensées.

METZ, FRANCE : C'est le rendez-vous gastronomique de l'année : autant décrié que respecté, le guide Michelin dévoilera lundi ses nouvelles étoiles françaises à Metz, lors d'un événement auquel tous les chefs étoilés de France ont été conviés, ainsi que les personnes qui seront récompensées.

« Comme toujours, on va jouer à guichets fermés, puisque l'immense majorité d'entre eux seront au rendez-vous », a indiqué à l'AFP Gwendal Poullennec, le patron du guide rouge qui célèbre cette année ses 125 ans.

Le chef Vincent Favre-Félix, lui, ne sera pas de la partie. À la tête d'un établissement étoilé à Annecy-le-Vieux, en Haute-Savoie, il a décidé de rendre son macaron, devenu trop pesant pour lui et ses clients.

« On s'aperçoit que nos clients aujourd'hui n'attendent plus forcément ce qu'on propose. Ils n'ont plus forcément envie de passer trois heures à table, avec un menu carte blanche imposé, des menus en 8-10 séquences, ni de payer entre 100 et 500 francs par tête", explique-t-il à l'AFP, tout en assurant toutefois "ne pas cracher dans la soupe". 

Sébastien Hisler, le second du restaurant étoilé Chez Michèle à Languimberg en Moselle, n'est pas de cet avis. « Quand on est dans des établissements comme ça, c'est un lâcher prise et il faut profiter de l'instant. Si c'est juste +bien+, oui, ça fait cher. Il faut le moment « waouh ». »

« Les étoiles n'appartiennent pas aux chefs. (...) Ce n'est en aucun cas au chef de faire une demande au guide Michelin pour être ajouté ou retiré », a de son côté répondu M. Poullennec, interrogé par l'AFP.

Pas de quoi gâcher la fête cependant. Les festivités ont commencé dimanche soir, avec un match de football opposant des chefs étoilés, parmi lesquels Fabien Ferré, qui a obtenu l'an dernier trois étoiles d'un coup pour la réouverture de la Table du Castellet (Var), et le triplement étoilé Arnaud Donckele, face à des anciens du FC Metz, dont le champion du monde Robert Pirès, avant un dîner des chefs réunissant professionnels et journalistes.

« C'est une grande cousinade. C'est vraiment l'esprit bon enfant, on passe un bon moment, on partage de bons plats bien cuisinés, on ne se prend pas la tête », affirme Benoît Potdevin, chef du K au domaine de la Klaus à Montenach (Moselle), qui, après sa première étoile remportée l'an dernier, assure être là « sans pression ».

La cérémonie des étoiles aura lieu à 17 heures au Centre des Congrès de Metz. En attendant, le détail du palmarès est tenu secret.

La presse a toutefois déjà fait ses pronostics et les noms de Hugo Roellinger à Cancale (Le Coquillage), de Giuliano Sperandio (Taillevent) et de Hélène Darroze (Marsan) à Paris sont régulièrement cités comme potentiels trois étoiles. 

Les rétrogradations ont, elles, déjà été annoncées dix jours avant ce rassemblement, sans susciter de tempête médiatique, comme ce fut le cas pour Marc Veyrat en 2019 ou Guy Savoy en 2023. Cette année, c'est la maison Georges Blanc à Vonnas, dans l'Ain, qui a perdu sa troisième étoile, après 44 ans au sommet.

Autant décrié que respecté et craint par les chefs, le guide Michelin fait toujours la pluie et le beau temps sur la gastronomie mondiale.

« C'est clairement le seul guide que tout le monde cite en référence », estime auprès de l'AFP Rémi Dechambre, journaliste gastronomique au Parisien Week-end.

« Malgré lui, et avec lui, le Michelin incarne la gastronomie française », souligne Estérelle Payany, critique culinaire chez Télérama. « Il y a de plus en plus de chefs qui s'en méfient et qui s'en défient, parce que le guide Michelin conserve son opacité, qu'il fait des choix parfois un peu étonnants. Mais il n'en demeure pas moins que ça reste le maestro de la gastronomie française en termes de classement », estime de son côté Franck Pinay-Rabaroust, rédacteur en chef du média culinaire « Bouillant(e)s ».

Créé en 1900 par les frères André et Edouard Michelin à destination des automobilistes, le guide Michelin est aujourd'hui présent en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et du Sud, et se décline dans plus de 50 destinations.