Nécessité de multiplier par 7 les financements en énergies propres dans les pays du Sud

Sur les 770 milliards investis dans les énergies propres dans les économies émergentes et en développement, plus des trois quarts se concentrent dans trois grandes économies: Chine, Inde et Brésil (Photo, AFP).
Sur les 770 milliards investis dans les énergies propres dans les économies émergentes et en développement, plus des trois quarts se concentrent dans trois grandes économies: Chine, Inde et Brésil (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 22 juin 2023

Nécessité de multiplier par 7 les financements en énergies propres dans les pays du Sud

  • Les financements dans les énergies propres devront être multipliés par sept à partir de 2030 dans les pays émergents et en développement autres que la Chine
  • Les 775 millions de personnes qui n'ont pas accès à l'électricité dans le monde vivent dans des pays émergents et en développement

PARIS: Les financements dans les énergies propres devront être multipliés par sept à partir de 2030 dans les pays émergents et en développement autres que la Chine, s'ils veulent couvrir leurs besoins et atteindre les objectifs requis pour limiter le réchauffement planétaire, selon un rapport international.

Selon ce rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et de l'International Finance Corporation (IFC) publié mercredi, "les investissements, publics et privés, dans les énergies non-fossiles dans les économies émergentes et en développement devront plus que tripler" passant de 770 milliards en 2022 à entre 2 200 et 2 800 milliards de dollars par an au début des années 2030.

Ils devront rester à ces niveaux jusqu'en 2050 pour contenir le réchauffement planétaire à une température de +1,5°c par rapport à l'ère pré-industrielle.

En excluant la Chine, "l'augmentation est encore plus forte", revenant à multiplier par sept les investissements annuels de 260 milliards à un niveau de 1 400 à 1 900 milliards de dollars, selon le rapport, fruit du travail de l'AIE, émanation de l'OCDE et de l'IFC, branche de la Banque mondiale.

Il est dévoilé à la veille d'un sommet de deux jours à Paris pour un "nouveau pacte financier", réunion d'une centaine de pays pour réinventer un système financier à même de mieux armer les Etats fragiles contre le changement climatique et la pauvreté.

«Nous devons changer la donne»

Aujourd'hui, les 775 millions de personnes qui n'ont pas accès à l'électricité dans le monde vivent dans des pays émergents et en développement.

Poussés par l'accord de Paris sur le climat en 2015, les investissements mondiaux dans les énergies propres pour sortir de l'ère fossile augmentent, mais "plus de 90% de cette croissance provient des économies avancées et de la Chine" et "seulement 10% des pays émergents et en développement", a souligné Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE lors d'un point presse à Paris. "Nous devons changer la donne."

Sur les 770 milliards investis dans les énergies propres dans les économies émergentes et en développement, plus des trois quarts se concentrent dans trois grandes économies : Chine, Inde et Brésil.

Ce rapport tire d'emblée la conclusion qu'il sera "impossible" de compter sur les seuls investissements publics : "environ 60% des financements en énergies propres dans les pays émergents et en développement devront provenir de sources privées", a déclaré Fatih Birol. D'où cet appel à "accélerer les investissements privés".

La marche est haute pour rattraper la Chine : à elle seule en 2022, elle cumule deux tiers du total des investissements dans les énergies propres réalisés dans l'ensemble des pays émergents et en développement. Pas moins de 511 milliards, quand 32 milliards ont été investis dans toute l'Afrique... En une année, la Chine aura d'ailleurs installé sur son sol 100 GW de nouveaux panneaux solaires soit 10 fois plus que tout ce qui fonctionne déjà en Afrique.

"En Afrique sub-saharienne, une personne sur deux n'a pas accès à l'électricité" alors que "40% des radiations solaires mondiales viennent sur cette région", a relevé Fatih Birol.

«Nécessité de réformes»

Que ce soit dans l'électricité bas carbone, les infrastructures, les carburants à faibles émissions et l'efficacité énergétique, il y a urgence : "pour répondre aux demandes énergétiques pressantes et aux objectifs de réduction des émissions dans les pays émergents et en développement, nous devons mobiliser des capitaux privés rapidement et à grande échelle", a déclaré Makhtar Diop, directeur de l'IFC cité dans le communiqué.

Outre le potentiel des obligations vertes, le rapport met en avant des leviers tels que le financement concessionnel (à taux préférentiels) pour les projets qui impliquent des technologies encore risquées ou peu compétitives, tels que le stockage d'électricité, l'éolien marin, ou l'hydrogène bas carbone.

Il avance en outre "la nécessité de réformes" dans ces économies : "les subventions aux combustibles fossiles, les longs processus d'octroi de licences (...) les restrictions sur la propriété privée ou étrangère et les politiques de tarification inappropriées, créent des obstacles à l'investissement ou augmentent le coût des projets d'énergie propre", soulignent l'AIE et l'IFC dans leur communiqué.

Les deux tiers du financement d'énergies propres dans ces économies (hors Chine) devront provenir du secteur privé.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.