La droite tient ses «états généraux» pour se relancer face à l'exécutif

Des responsables du parti français de droite Les Républicains (LR), Eric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau quittent l'hôtel Matignon à Paris le 5 avril 2023. (AFP)
Des responsables du parti français de droite Les Républicains (LR), Eric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau quittent l'hôtel Matignon à Paris le 5 avril 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 16 juin 2023

La droite tient ses «états généraux» pour se relancer face à l'exécutif

  • Les Républicains veulent en effet asseoir leur crédibilité dans l'optique de 2027, face à un exécutif jugé insuffisant sur l'autorité et l'économie
  • L'idée d'une alliance, récurrente depuis un an, a repris de la vigueur ces dernières semaines avec les rumeurs de remaniement

PARIS: Les Républicains tiennent samedi à Paris leurs "états généraux" pour relancer la droite, toujours pas prête à une alliance avec la majorité malgré les rumeurs de remaniement.

Ce grand raout, organisé au Cirque d'hiver, vise à "faire un état des lieux lucide" de la droite, toujours affaiblie par ses défaites mais qui vise déjà 2027, a expliqué le président de LR Eric Ciotti au Parisien.

L'événement, auquel est annoncé Xavier Bertrand mais pas Laurent Wauquiez, se veut bref - discours d'Éric Ciotti puis du président du sénat Gérard Larcher le matin, avant des tables rondes l'après-midi.

Plusieurs mois de travail thématique suivront, avec un fil rouge: "redresser une France qui sombre" et redonner "de la crédibilité à la droite républicaine en la refondant totalement autour de valeurs et d’idées fortes".

Les Républicains veulent en effet asseoir leur crédibilité dans l'optique de 2027, face à un exécutif jugé insuffisant sur l'autorité et l'économie.

Ils ont pu tester cette stratégie autour de l'immigration, sujet marqueur de la droite, sur lequel ils ont déposé deux propositions de loi et se montrent intransigeants pour imposer leurs conditions à l'exécutif.

Dans cette optique, l'idée d'un accord gouvernemental séduit de moins en moins.

"C'est pas nous qui allons monter sur le Titanic", a balayé jeudi le patron des sénateurs Olivier Marleix. "Les conditions ne sont pas réunies", avait assuré la veille son homologue du Sénat Bruno Retailleau.

«Politique fiction»

L'idée d'une alliance, récurrente depuis un an, a repris de la vigueur ces dernières semaines avec les rumeurs de remaniement.

Un accord apporterait à l'exécutif les voix qui lui manquent à l'Assemblée nationale.

Mais "des débauchages individuels n'ammènent pas 40 députés", le nombre nécessaire pour atteindre la majorité absolue, tranche un député LR.

Car toute la difficulté est de trouver une personnalité assez consensuelle à droite pour entraîner l'ensemble des députés.

Gérard Larcher, qui fait figure de sage à droite, botte en touche: "je ne crois pas du tout à un accord autour d'un nom sans qu’il y ait un accord global", a-t-il affirmé à l'AFP.

Les autres noms un temps évoqués sont soit assez éloignés du coeur du réacteur, soit carrément partis de LR.

"Le banc de touche est serré", résume un membre du "cabinet fantôme" mis en place par LR, selon qui un accord pourrait vite s'avérer contre-productif sur l'aile gauche de la macronie: "s'ils passent un deal avec nous, ils en  perdent entre 15 et 23 de l'autre côté".

Pour cet élu, "la clé, c'est un Premier ministre de droite mais surtout que ce soit lui qui compose l'équipe gouvernementale" avec, pour refléter le rapport de force au parlement, environ "un quart des ministères".

"Est-ce que ce n'est pas antinomique avec la personnalité du président de la République?", s'interrroge-t-il.

L'hypothèse ne semble pas sur le tapis, d'autant que l'appel d'Eric Ciotti à Emmanuel Macorn pour qu'il reçoive les chefs de LR sur l'immigration est pour l'instant resté lettre morte.

La nomination d'un Républicain à Matignon relève d'ailleurs pour Eric Ciotti de la "politique-fiction". Un cadre de LR estime que dans ce contexte "la seule solution possible serait une dissolution". Un scenario à hauts risques, même si LR veut croire que son ancrage local lui permettrait de maintenir ses positions. "Le RN gagnerait entre 30 et 40 députés, la majorité en perdrait 30 à 40 et LR serait à peu près stable. La Nupes perdrait un peu", estime un cadre du parti. Mais on se retrouverait alors "dans une situation dégradée, qui rendrait impossible une alliance avec Macron", ajoute-t-il.

Sur ce point beaucoup semblent d'accord: plus le temps passe, plus il sera compliqué de trouver une alliance. "Quel est l'intérêt pour nous fin 2024-début 2025 de se mettre dans un gouvernement Macron?" s'interroge un député.


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.