KHERSON: Les autorités ukrainiennes ont donné dimanche un bilan revu à la hausse des pertes humaines provoquées par les inondations après la destruction d'un barrage, avec six morts et 35 personnes portées disparues dans les zones sous leur contrôle.
Dans les territoires occupés par les Russes, les responsables installés par Moscou ont quant à eux fait état cette semaine de huit morts et 13 disparus en liaison avec ce même drame.
La destruction mardi du barrage de Kakhovka sur le Dniepr a causé le déversement de trombes d'eau sur les villes et les villages voisins de ce fleuve, dont la capitale régionale Kherson, reprise en novembre par les soldats ukrainiens.
Les deux camps se rejettent la responsabilité de cette catastrophe, qui a touché les deux rives du Dniepr, chacune contrôlée par l'un des belligérants.
Selon le ministre de l'Intérieur Igor Klymenko, 77 localités ont été inondées, dont 14 dans les territoires sous occupation russe.
Il a fourni dans un message sur Telegram un bilan total de six morts et de 35 disparus, dont sept enfants, dans deux régions.
Dans les zones sous contrôle ukrainien, 3 700 personnes ont été évacuées.
Dans celles occupées par les Russes, les autorités locales disent, quant à elles, en avoir évacué plus de 7 000.
Selon M. Klymenko, 162 000 personnes sont en outre sans eau courante en amont du barrage hydroélectrique détruit.
A Kherson, des journalistes de l'AFP ont constaté que l'eau avait commencé à se retirer, avec de premiers habitants de cette ville rentrant chez eux pour constater les dégâts, tandis que les évacuations se poursuivent dans d'autres zones.
Propriétaire d'une épicerie inondée dans le centre de cette cité, Oleksiï Guessine, 60 ans, a pu y retourner pour la première fois dimanche.
Chaussé de bottes en caoutchouc et sous la pluie, il enlève à la pelle les déchets et la terre qui ont été amenés par l'eau.
"Les dégâts sont considérables. Dans le magasin, j'avais de l'eau jusqu'à la poitrine, tout ce qui était en dessous a été endommagé", raconte-t-il à l'AFP.
Selon une employée du centre météorologique de Kherson, Laura Moussian, le niveau de l'eau a diminué localement d'1,7 mètre.
"Il pourrait y avoir à nouveau de fortes pluies, ce qui pourrait considérablement ralentir le rythme de la décrue", a-t-elle précisé.
Le procureur général ukrainien Andriï Kostine a qualifié dimanche la destruction du barrage de "pire catastrophe environnementale depuis (l'accident en 1986 à la centrale nucléaire de) Tchernobyl" en Ukraine, dénonçant un "écocide".
Selon lui, au moins trois cimetières, des terminaux de stockage de pétrole et des décharges ont été inondés.
Près de 450 tonnes d'huile de turbine se sont aussi déversées dans les eaux du Dniepr puis de la mer Noire, a-t-il ajouté.