ROUEN, France : «S'habiller pour l'école»: le Musée national de l'éducation, à Rouen, présente actuellement une exposition, qui retrace l'histoire des vêtements des filles et des garçons dans les établissements scolaires, depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à nos jours.
«Le vêtement de l'enfant et de l'adolescent conserve souvent, chez l'élève devenu adulte, une forte charge affective», relève Nicolas Coutant, directeur adjoint du musée et co-commissaire de la manifestation.
La question de l'apparence, le rapport au genre en prenant notamment l'exemple des pantalons portés par les filles à partir des années 1960-70 avec la généralisation de la mixité dans les établissements, le respect de la laïcité dans les vêtements, qui fait régulièrement les gros titres malgré la loi de 2004... autant de thèmes abordés à travers l'exposition ouverte samedi et qui se tient jusqu'au 31 mars 2024.
Les organisateurs sont partis à la recherche d'«objets modestes» et fouillé par exemple dans les archives des Grands magasins: car «le vêtement quotidien des enfants n'a pas été collecté par les institutions», rappelle Aude Le Guennec, anthropologue du design à la Glasgow School of Art en Ecosse et commissaire de l'exposition.
Sont exposés des illustrations, des photographies, des affiches, des vêtements, des ouvrages anciens, des objets patrimoniaux et des vêtements d'étudiants, au milieu de citations d'Annie Ernaux et de Jules Vallès.
Quant au fameux uniforme, serpent de mer des discours de personnalités politiques qui réclament le «retour de l'uniforme», «il n’a quasiment jamais existé en France, sauf pour les lycéens internes, au XIXe siècle, jusque dans les années 1920-1930 où il est abandonné», à quelques exceptions près dans des écoles privées, raconte M. Coutant.
A ne pas confondre avec la blouse (que l'on retrouve sur les photos de classe jusque dans les années 1970), revêtue par-dessus les habits pour les protéger des taches d'encre notamment, à une époque où les vêtements coûtent cher et les machines à laver sont encore peu répandues.
L'exposition revient également sur le rôle du vêtement en période de confinement, avec des enfants qui restaient des élèves, mais à la maison. Le musée a ainsi interrogé, «en France et en Ecosse, des enfants âgés entre six et 11 ans, qui donnent un instantané des habitudes vestimentaires durant cette période particulière», ajoute Mme Le Guennec.
La tenue vestimentaire «est peu traitée dans les règlements d'établissements où, pendant très longtemps, au XIXe siècle, ne figurent que deux injonctions: la décence et la question de la propreté et de l'hygiène», relève Nicolas Coutant.
Le vêtement apparaît dans les règlements à partir de la toute fin du siècle dernier, avec les polémiques sur le foulard dans les années 1980 jusqu'aux abayas aujourd'hui.