MAMOUDZOU: La justice administrative à Mayotte a rejeté vendredi le recours déposé par une famille du quartier Barakani à Koungou qui s'opposait à l'évacuation et la destruction du bidonville où elle vit.
Ce quartier d'habitat informel, sur la commune de Koungou au nord-est de l'île, pourrait donc être rapidement détruit. Il fait l’objet d’un arrêté pris le 12 avril par la préfecture, qui souhaite le démolir dans le cadre de l’opération sécuritaire contestée "Wuambushu", visant notamment à lutter contre l'habitat insalubre.
Des occupants demandaient la suspension de l’exécution de l'arrêté, en assurant n'avoir pas de solution effective de relogement ni d'hébergement d'urgence.
"On a proposé à cette famille de neuf personnes un logement dans le centre d’hébergement d’urgence et d’insertion Coalia, au sud de Mamoudzou, de 50 m², pour six mois. L’offre n'est pas adaptée", faisait valoir Me Marjane Ghaem, avocate de la famille, spécialisée en droits des étrangers, à la sortie de l’audience du 5 juin.
Un argument rejeté par le juge des référés du tribunal administratif de Mayotte, qui conclut notamment dans son ordonnance que "les solutions de relogement proposées concernent l’ensemble des familles des requérants qui (...) ont été pleinement informés de la consistance de la solution de relogement sans que ces derniers n’y donnent suite".
Le tribunal rappelle aussi que l’Agence régionale de santé avait produit "un rapport circonstancié sur les conditions d’hébergement du site" mettant en exergue "les risques sanitaires notamment pour les enfants" ainsi qu’un procès-verbal de la gendarmerie "relevant les nombreux troubles à l’ordre public et les affrontements violents dans cette partie du quartier".
Le 22 mai, dans un autre quartier de Koungou, les engins de chantiers avaient démarré la destruction de 162 cases à Talus 2, l'un des plus importants bidonvilles du territoire français de l'océan Indien. Le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, avait alors annoncé que "la prochaine démolition" était prévue "pour début juin".
En parallèle, quatre autres arrêtés préfectoraux ont été déposés "sur la commune de Dzaoudzi, en Petite-Terre et un autre à Bandrélé, au sud", souligne Psylvia Dewas, chargée de la résorption de l’habitat insalubre à la préfecture.
Huit arrêtés supplémentaires devraient être pris "d’ici quelques semaines pour atteindre l’objectif de 1.000 logements insalubres détruits", avait assuré le préfet. Son objectif: "en finir avec les bidonvilles à Mayotte" car "les gens vivent dans des conditions insupportables, ils mettent leur vie en danger", a estimé le représentant de l'Etat.