Dans une école désaffectée de Paris, l'attente de jeunes migrants

Des migrants marchent près d'un tas d'ordures à l'entrée d'un camp de migrants de fortune à Loon-Plage, dans le nord de la France, le 7 juin 2023. (Photo, AFP)
Des migrants marchent près d'un tas d'ordures à l'entrée d'un camp de migrants de fortune à Loon-Plage, dans le nord de la France, le 7 juin 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 10 juin 2023

Dans une école désaffectée de Paris, l'attente de jeunes migrants

  • A moins d'une dizaine de minutes à pied de Roland-Garros où les internationaux de France de tennis prendront fin dimanche, Aboubacar se réveille comme tous les matins depuis deux mois
  • « On n’a pas de matelas, seulement une couverture pour dormir», raconte le jeune homme venu de Guinée qui dit avoir 16 ans

PARIS: Au milieu de dizaines de tentes alignées dans une école désaffectée de l'ouest parisien, quelque 500 jeunes migrants, principalement originaires d'Afrique de l'Ouest, attendent que la justice décide de l'épilogue de cette situation humanitaire et psychologique jugée désastreuse par les associations.

Rue Erlanger, Paris XVIème arrondissement. A moins d'une dizaine de minutes à pied de Roland-Garros où les internationaux de France de tennis prendront fin dimanche, Aboubacar se réveille comme tous les matins depuis deux mois, en ayant "mal partout".

"On n’a pas de matelas, seulement une couverture pour dormir”, raconte le jeune homme venu de Guinée qui dit avoir 16 ans et vit dans la cour de cette école désaffectée depuis le début de son occupation par quelques centaines de migrants, il y a maintenant deux mois.

Non loin de lui, un adolescent tente de se laver en utilisant le mince filet d'eau d'une bouteille. Ici les migrants tentent de maintenir un semblant de normalité sans eau courante ni électricité. Dans cette cour, l'odeur d'urine est partout.

"Il y a urgence humanitaire", déclare Paul Alauzy, coordinateur de veille sanitaire au sein de l’ONG Médecins sans frontières. "On a 500 jeunes qui sont dans un lieu" dépourvu des "standards humanitaires".

Il se rend à l’école une à deux fois par semaine. Mercredi, "on a eu une suspicion de tuberculose, une maladie à potentiel épidémique, et un cas avéré de drépanocytose, une maladie génétique héréditaire touchant les globules rouges".

Mais "le besoin le plus prégnant est celui de la santé mentale”, souligne l'employé de MSF.

Devenir coiffeur

Ousmane Diallo, 16 ans et qui vient lui aussi de Guinée, évoque sa traversée: "Beaucoup de choses se sont passées. C’est impossible d’expliquer. Tant qu’on ne l'a pas vécu, on ne peut pas comprendre. J’ai l’habitude de la tristesse, mais depuis que je suis ici, elle est devenue mon amie".

Ces situations de "détresse psychique", Paul Alauzy en voit tous les jours. "Mercredi, un des jeunes a fondu en larmes en racontant sa traversée en bateau, pendant laquelle il a vu une mère et son enfant tomber à l’eau. On ne pouvait plus l’arrêter".

Les associations sur place attendent avec impatience une audience lundi devant le tribunal judiciaire à la suite d'une demande d'expulsion de la Ville de Paris. A l'issue des débats, la décision sera mise en délibéré.

"La procédure d'expulsion, on est pour car on nous a toujours dit que la mise à l’abri de ces jeunes serait conditionnée à l’expulsion", indique Nicolai Posner d’Utopia 56, une structure d’aide aux personnes exilées.

Mais celui-ci s'inquiète aussi de l'après. "Les bus vont sûrement aller à Marseille, à Toulouse, à Angers... Or tous ces jeunes ont démarré une procédure de recours devant le juge des enfants. A partir du moment où on les éloigne du territoire de l’Ile-de-France, ça va être extrêmement difficile de poursuivre ce recours".

Albeny, lui, attend de pouvoir partir. "Je veux devenir coiffeur et continuer le dessin", dit-il en montrant des portraits de bénévoles qu’il a dessinés. Cet adolescent guinéen souhaite aussi poursuivre l’apprentissage du français. Pour l’instant, il en est à la page 21 d'un ouvrage consacré à la vie de Claudette Colvin, une figure de la lutte des droits civiques aux Etats-Unis.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".