PARIS: Plusieurs dizaines d'organisations de défense des exilés ont appelé jeudi le gouvernement à ne pas "s'aligner" sur les propositions de loi des Républicains, dont elles dénoncent "la surenchère sécuritaire", en pleine négociation autour du projet de loi sur l'immigration.
Les Républicains, qui détiennent les clés du Sénat et avec lesquels le gouvernement tente depuis plusieurs mois de trouver un compromis sur ce texte annoncé depuis un an, ont déposé la semaine dernière une deuxième proposition de loi sur l'immigration, à la ligne très dure, après une première qui proposait de modifier la Constitution pour contourner les traités internationaux.
Une trentaine d'associations, de collectifs et de syndicats, dont La Cimade et le Syndicat de la magistrature, ont dénoncé dans un communiqué commun "la surenchère sécuritaire" de ces propositions et se sont inquiétés "de leur éventuelle reprise" dans la nouvelle mouture du projet de loi que le gouvernement souhaite présenter à l'été.
"Ce serait alarmant si le gouvernement s'alignait sur les positions des responsables LR et l'extrême droite", ont écrit ces organisations.
"Cela viendrait fragiliser des personnes déjà précarisées notamment en supprimant l'aide médicale d'État (réservée aux personnes en situation irrégulière, ndlr), en restreignant l'accès au droit d'asile au mépris de la Convention de Genève, au regroupement familial, en multipliant les procédures expéditives et arbitraires d'éloignement", ont poursuivi ces organisations "atterrées par la tournure prise par le débat politique sur les migrations".
"Il faut un sursaut de la classe politique, à commencer par la gauche, des syndicats, mais aussi de la société civile et des médias" face à la "banalisation de propositions qui ne sont plus seulement portées par le Rassemblement national", a appuyé auprès de l'AFP Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de La Cimade.
"Jusqu'où va-t-on aller sur le marchandage avec LR ?", a-t-elle encore interrogé. "On a l'impression qu'il devient banal de discuter de la sortie des traités européens, alors que ce serait honteux pour le pays."