La Finlande est en sécurité depuis son adhésion à l'Otan, selon son ministre des AE

Pekka Haavisto, ministre finlandais des Affaires étrangères (Photo fournie).
Pekka Haavisto, ministre finlandais des Affaires étrangères (Photo fournie).
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Publié le Vendredi 02 juin 2023

La Finlande est en sécurité depuis son adhésion à l'Otan, selon son ministre des AE

  • Pekka Haavisto a exprimé sa gratitude à l'Arabie saoudite pour avoir fourni une tribune aux factions soudanaises pour discuter du cessez-le-feu
  • Il a offert le soutien d'Helsinki à l'économie circulaire, un modèle également soutenu par l'Arabie saoudite

HELSINKI: Malgré son armée d’envergure, composée d’un corps de conscrits et de 300 000 réservistes, la Finlande se sent plus en sécurité depuis qu'elle a rejoins l'Otan, a déclaré Pekka Haavisto, son ministre des Affaires étrangères, à Arab News.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a déclenché une série d'événements qui ont abouti à ce que la Finlande devienne le 4 avril le 31e membre de l'alliance militaire occidentale, doublant ainsi la longueur de la frontière de la Russie avec l'Otan.

«Si nous jamais sommes attaqués, nous sommes plus en sécurité puisque nous pouvons obtenir le soutien de l'Otan à tout moment», a signalé Haavisto lors d'un entretien à Helsinki, qui a porté sur des questions allant de la guerre en Ukraine aux crises dans la Corne de l'Afrique, en passant par le rôle prépondérant de son pays en tant que champion du développement durable.

En réponse à la décision de la Finlande, les autorités russes ont proféré des menaces à peine voilées à l'encontre du pays qui, jusqu'à l'année dernière, maintenait une politique de non-alignement militaire. Le Kremlin a qualifié l'adhésion à l'Otan d'«empiètement sur notre sécurité et sur les intérêts nationaux de la Russie», ce qui obligerait la Russie à «prendre des contre-mesures».

Haavisto, qui a officiellement remis le mois dernier le document d'adhésion de la Finlande à l'Otan au secrétaire d'État américain, Antony Blinken, à Bruxelles, a qualifié d'«imprévisible» la possibilité que la Russie lance une attaque contre la Finlande.

«Ce que nous craignons, bien sûr, c'est que la Russie puisse faire d'autres erreurs de calcul en Europe, et nous ne voulons pas faire partie d'une erreur de calcul», a-t-il indiqué.

Haavisto a précisé que la Finlande disposait de «l'option Otan» depuis 2004, ce qui signifie que même si le pays est hors de l'organisation, tout événement préoccupant peut l'amener à demander l'adhésion.

Haavisto s'exprime au cours de l'entretien, qui a porté sur des questions allant de la guerre en Ukraine aux crises dans la Corne de l'Afrique, en passant par le rôle prépondérant de son pays en tant que champion du développement durable (Photo, AN).

«Mais notre estimation de la situation a changé», a-t-il révélé, faisant allusion à l'invasion de l'Ukraine. «Nous avons décidé, avec la Suède, de demander l'adhésion à l'Otan pour notre propre sécurité.

«Nous ne menacerons personne. Nous ne sommes pas menacés actuellement. Mais, bien sûr, quand on voit une guerre en Europe, on peut toujours imaginer ce qu'une escalade de la guerre pourrait signifier.»

Alors que la Finlande et la Suède ont demandé leur adhésion à l'Otan le 5 juillet de l'année dernière, leur adhésion à l'alliance a été bloquée pendant des mois. Pour qu'un pays rejoigne l'Otan, tous les membres existants doivent ratifier l'adhésion, et dans le cas de la Suède et de la Finlande, la Turquie et la Hongrie ont initialement refusé de le faire.

La Turquie a notamment adressé plusieurs demandes à la Suède et à la Finlande, dont l'extradition de plusieurs personnes qu'elle considère comme des terroristes et la levée de l’embargo sur les armes, imposé à Ankara après l'envoi de ses forces dans le nord de la Syrie en 2019.

Dans le cadre des négociations, la Suède a annoncé qu'elle autoriserait à nouveau les exportations d'armes vers la Turquie et qu'elle adopterait des lois antiterroristes plus strictes. La Finlande a fait de même en janvier.

Bien que la Turquie ait finalement ratifié l'adhésion de la Finlande, la candidature suédoise est toujours à l’étude.

«Il y a de bonnes chances qu'avant le sommet de l'Otan en juillet à Vilnius, la Suède soit approuvée en tant que membre de l'Otan», a affirmé Haavisto.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ayant été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans. Haavisto suit de près plusieurs questions de politique étrangère liées à la Turquie, en plus de la demande d'adhésion de la Suède à l'Otan.

Il a souligné l'importance des relations entre la Turquie et la Syrie, affirmant que «les destins de la Turquie et de la Syrie sont fortement interdépendants» et a appelé à «une voie pacifique» vers une solution politique en Syrie.

EN BREF

* La Finlande est devenue le 31e membre de l'Otan le 4 avril dernier.

* La Finlande se classe au premier rang tous les ans depuis 2016, d’après le rapport mondial des Nations unies sur le bonheur.

* L'Arabie saoudite et la Finlande entretiennent des relations diplomatiques depuis 1969.

Haavisto a également appelé à une solution aux tensions entre la Grèce et la Turquie en Méditerranée orientale, citant en exemple le différend territorial qui divise l'île depuis 1974.

Un autre dossier que Haavisto suit de près est la crise en cours au Soudan. Il estime que le conflit actuel ne doit pas détourner la communauté internationale de l'objectif de transférer le pouvoir politique au peuple soudanais.

«Il est très important que l'avenir du Soudan repose sur les composantes civiles», a indiqué  Haavisto, qui a auparavant occupé le poste d'envoyé de haut niveau de l'UE dans les régions d'Afrique sujettes aux conflits.

Ce lundi, des représentants des forces armées soudanaises, dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, et des forces de soutien rapide, dirigées par Mohammed «Hemedti» Dagalo, les deux factions en conflit depuis le 15 avril, ont accepté de prolonger de cinq jours le cessez-le-feu existant et les accords humanitaires négociés par l'Arabie saoudite et les États-Unis à l'issue de pourparlers à Djeddah.

«Nous sommes très reconnaissants à l'Arabie saoudite d'avoir offert une tribune aux représentants militaires d'Al-Burhan et de Hemedti pour négocier toutes ces questions. Ce qui est vraiment nécessaire maintenant, ce sont des initiatives de paix», a souligné Haavisto.

Après avoir soutenu les efforts visant à mettre fin à la guerre dans la région éthiopienne du Tigré en tant qu'envoyé spécial de l'UE dans ce pays, le ministère de Haavisto suit de près la crise soudanaise, qui a englouti la capitale Khartoum et d'autres États.

L'une des conséquences malheureuses du conflit armé, selon lui, est que «l'idée de faire passer le pouvoir au Soudan de l'armée aux civils a été perdue. Et malheureusement, l'ancien Premier ministre, Abdallah Hamdok, a été mis à l'écart».

Hamdok, qui avait été nommé Premier ministre lors de la transition du Soudan vers un gouvernement dirigé par des civils en 2019, a été renversé lors d'un coup d'État militaire en octobre 2021. Bien qu'il ait été regagné ses fonctions de Premier ministre un mois plus tard, en raison de l'indignation croissante de la population à l'égard des militaires, il a démissionné en janvier 2022.

Haavisto a indiqué qu'il était en contact avec Hamdok et plusieurs personnes et groupes de la société civile au Soudan. «Nous espérons, bien sûr, que le cessez-le-feu actuel sera maintenu à l'avenir et que ceux qui prennent les armes les déposeront dès que possible», a-t-il déclaré.

Lors d'une visite à Riyad en avril 2021 pour des discussions avec des responsables saoudiens, alors qu'il se rendait en Éthiopie dans le contexte de la guerre du Tigré, Haavisto a déclaré à Arab News qu'il était important que l'UE travaille avec l'Arabie saoudite à cause des «bonnes relations de l’Arabie saoudite avec toutes les parties dans l'ensemble de l'Afrique».

«La coopération internationale est très importante», avait-il précisé à l'époque, évoquant avec clairvoyance les risques d'un nouveau conflit dans une partie de l'Afrique où les différends sont nombreux.

Aujourd'hui, plus d'un mois après le début du conflit au Soudan, la Finlande soutient sans réserve les efforts saoudiens et américains visant à négocier un cessez-le-feu durable et un accord de paix entre les factions en conflit.

Pour Haavisto, la guerre au Soudan est un défi complexe qui nécessitera la participation de nombreux acteurs et la mise en œuvre de plans à long terme. Les liens étroits entre l'armée et l'économie soudanaises, en particulier sous le régime du dictateur Omar al-Bachir dans les années 1990 et 2000, ont créé de graves problèmes pour le pays.

«Aujourd'hui, je constate que le même problème persiste avec Al-Burhan et Hemedti, à savoir que les intérêts économiques et militaires sont liés. Il s'agit là, bien entendu, d'un obstacle au développement futur de l'économie soudanaise sur une base libre, en tant qu'économie de marché. Et, malheureusement, ce facteur ralentit probablement aussi la croissance économique du Soudan.»

Pekka Haavisto avec la rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, à Helsinki, capitale de la Finlande (Photo, AN).

Les inquiétudes liées aux conflits régionaux et internationaux n'ont ni arrêté ni ralenti la volonté de la Finlande de devenir un leader mondial en matière d'environnement. Helsinki accueille actuellement le Forum mondial de l'économie circulaire 2023, qui vise à créer une nouvelle économie «verte» et davantage d'emplois en tirant parti des solutions de l'économie circulaire conformément aux 17 objectifs de développement durable des Nations unies.

«Cette réunion sur l'économie circulaire qui se tient à Helsinki s'inscrit bien sûr dans le cadre de notre politique de soutien à l'économie circulaire, non seulement dans notre pays, mais dans le monde entier», a déclaré Haavisto, qui est un vétéran du parti finlandais de la Ligue verte et un ancien ministre de l'Environnement.

«Les matériaux recyclés permettent de réaliser d'importantes économies d'énergie et de produire des énergies renouvelables... Par exemple, la Finlande a massivement investi dans l'énergie éolienne, qui devient une source d'énergie de plus en plus importante pour nous.»

La Finlande a l'une des consommations d'énergie par habitant les plus élevées de l'UE et est l'un des seuls pays au monde à encore utiliser la tourbe comme source d'énergie ; elle a donc de nombreuses raisons d'accroître son utilisation des énergies renouvelables.

Jusqu'à présent, le pays a tenu un certain nombre de ses promesses : Au cours des sept dernières années, le nombre d'éoliennes opérationnelles dans le pays est passé de 552 à 1 266, selon l'Association finlandaise de l'énergie éolienne. L'année dernière, la Finlande a adopté la loi sur le changement climatique, qui fixe 2035 comme objectif de neutralité carbone pour le pays, et 2040 comme objectif de carbone négatif.

«Nous voyons un grand potentiel dans les énergies éolienne et solaire au niveau mondial», a expliqué Haavisto, ajoutant que la Finlande est impatiente de présenter de nouvelles technologies et inventions pour l'efficacité énergétique lors de la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP28) qui se tiendra à Dubaï.

«Nous pouvons combiner la croissance économique avec un bon environnement et un environnement sûr. Je crois que c'est notre message clé en Finlande.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Dernier jour d'hommage au Vatican avant les funérailles du pape

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
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  • Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican
  • La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi

CITE DU VATICAN: Le Vatican met vendredi la dernière main aux préparatifs des funérailles du pape François, qui se tiendront samedi matin sur la place Saint-Pierre, à Rome, tandis que pour une dernière journée, fidèles et touristes peuvent défiler devant son cercueil ouvert.

Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican.

La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi.

La basilique est restée ouverte quasiment toute la nuit, pour la deuxième nuit consécutive.

La "nuit est le moment le plus intime, c'est toujours la nuit que le Seigneur se manifeste. C'était très émouvant", a déclaré à l'AFP Nicoletta Tomassetti, une Italienne de 60 ans.

Le frère Wando, 40 ans, moine capucin brésilien, a lui aussi parlé avec l'AFP dans la nuit: "Nous avons voyagé des heures et des heures, mais nous ne ressentons pas de fatigue, nous ne ressentons pas de faim, nous ne ressentons pas de soif".

Au moins 130 délégations étrangères seront présentes, dont celles de l'Argentin Javier Milei et du Prince William.

L'agence italienne de protection civile estime que "plusieurs centaines de milliers" de personnes se rendront dans la ville éternelle ce week-end.

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller.

Vendredi matin, les fidèles continuaient d'affluer pour rendre un dernier hommage à François, dont le cercueil sera fermé vendredi à 20 heures lors d'une cérémonie à laquelle assisteront les cardinaux.

Le cardinal Kevin Farrell, le "camerlingue" qui gère les affaires courantes du Vatican jusqu'à l'élection d'un nouveau pape, présidera le "rite du scellement du cercueil".

Le premier pape sud-américain de l'Eglise catholique est décédé le lundi de Pâques à l'âge de 88 ans, moins d'un mois après sa sortie de l'hôpital romain où il était soigné pour une grave pneumonie.

"Un pape et son troupeau" 

Le souverain pontife, dont la santé était défaillante depuis longtemps et à qui ses médecins avaient ordonné un strict repos, avait fait l'effort de se présenter aux fidèles à Pâques, la fête la plus importante du calendrier catholique.

Les condoléances ont afflué du monde entier pour le défunt pape, un réformateur énergique qui a défendu les plus vulnérables et les plus marginalisés de la société au cours de ses 12 années à la tête des quelque 1,4 milliard de catholiques que compte la planète.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a présenté vendredi les condoléances de l'Etat d'Israël à l'Eglise catholique, alors que depuis son décès ni M. Netanyahu ni aucun de ses principaux ministres ne s'étaient exprimés publiquement sur la mort du souverain pontife, qui était généralement perçu en Israël comme pro-palestinien.

Le cercueil capitonné de rouge du jésuite argentin a été placé devant l'autel de la basilique Saint-Pierre. François, dont les mains enserrent un chapelet, porte ses habits pontificaux: une chasuble rouge, une mitre blanche et des chaussures noires.

Un par un, les fidèles se recueillent depuis mercredi devant le cercueil, ne disposant que de quelques secondes, au prix de longues heures de queue.

"C'est impressionnant" et "c'est merveilleux. C'est une belle réponse, une belle adhésion à son ministère, à son pontificat", a déclaré jeudi soir aux journalistes le cardinal François Bustillo, évêque d'Ajaccio.

Une sobre sépulture 

Après les funérailles, le cercueil de François sera transporté pour être inhumé, selon sa volonté, dans la basilique papale Sainte-Marie-Majeure, à Rome, dédiée au culte de la Vierge.

Des écrans géants seront placés le long du parcours, selon le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Piantedosi. Un groupe de "pauvres et de nécessiteux" sera présent sur les marches de la basilique pour accueillir le cercueil du pontife, qui était un ardent défenseur des laissés-pour-compte.

Sa tombe en marbre, avec pour seule inscription "Franciscus", François en latin, sera accessible au public à partir de dimanche matin.

Après les obsèques, tous les regards se tourneront vers les 135 cardinaux-électeurs - soit ceux âgés de moins de 80 ans - convoqués au conclave pour choisir son successeur.

La date du début du conclave n'est pas encore connue, mais en vertu des règles vaticanes, il devrait s'ouvrir entre le 15e et le 20e jour après son décès, soit entre le 5 et le 10 mai.

Les cardinaux, qui ont commencé à converger à Rome et se sont déjà vus à trois reprises, se réuniront dans la Chapelle Sixtine et procéderont à quatre scrutins par jour, deux le matin et deux l'après-midi.

Le cardinal italien Pietro Parolin, qui était le numéro deux de François, est donné favori par le bookmaker britannique William Hill, devant le Philippin Luis Antonio Tagle, archevêque métropolitain émérite de Manille.

 


L'envoyé américain à Oman samedi pour une nouvelle session de pourparlers avec l'Iran

L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
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  • L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire
  • M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman

WASHINGTON: L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire, les Etats-Unis continuant à privilégier une solution diplomatique.

"Le prochain cycle de négociations aura lieu à Oman samedi et constituera la première réunion des équipes techniques", a déclaré à la presse jeudi Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat.

Côté américain, Michael Anton, qui occupe le poste de responsable de la planification politique au sein du département d'Etat, dirigera les travaux, mais Steve Witkoff "sera également présent", a-t-elle précisé.

M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman, et avait participé à un premier round de discussions le 12 avril dans la capitale Mascate.

Les deux parties ont fait part de leur optimisme à l'issue de la rencontre à Rome, sans toutefois fournir de détails.

Le président Trump s'est prononcé en faveur d'une solution diplomatique avec l'Iran mais sans écarter l'option militaire, afin que l'Iran n'obtienne jamais l'arme atomique.

L'Iran a toujours nié chercher à se doter de l'arme nucléaire.

- Appel aux Européens -

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s'est dit jeudi prêt à se rendre en Allemagne, France et au Royaume-Uni, parties de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.

Ces trois pays n'ont jusque-là pas été directement impliqués dans les nouvelles tractations pour encadrer le programme nucléaire iranien que l'Iran et les Etats-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont entamé le 12 avril sous la médiation du sultanat d'Oman.

L'accord international de 2015 offrait à l'Iran un allègement des sanctions internationales en échange de restrictions sur son programme nucléaire. Mais il est devenu caduc de fait après le retrait des Etats-Unis en 2018, sous la première présidence de Donald Trump.

"Après mes récentes consultations à Moscou et à Pékin, je suis prêt à franchir une première étape avec des visites à Paris, Berlin et Londres", a déclaré M. Araghchi sur X.

Il s'est dit disposé à engager un dialogue avec les Européens "non seulement sur le dossier nucléaire, mais également sur tous les autres domaines d'intérêt et de préoccupation communs".

"La balle est maintenant dans le camp de l'E3", le regroupement de ces trois pays, a-t-il ajouté.

Paris "suivra de près si cette annonce du ministre iranien est suivie d'effets", a réagi pour l'AFP le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine.

La France, a-t-il ajouté, "continuera très volontiers à dialoguer avec les Iraniens" sur le nucléaire. Berlin et Londres n'ont pas immédiatement réagi.

- "Pas loin" de la bombe -

En préparation des rencontres de samedi, M. Araghchi s'est rendu en Chine mercredi pour des consultations avec son homologue chinois, Wang Yi.

La semaine dernière, il était à Moscou où il a notamment rencontré le président russe, Vladimir Poutine.

M. Araghchi s'est félicité du niveau de coopération entre Téhéran et ses alliés chinois et russes mais a relevé que les relations avec les trois pays européens étaient "actuellement à un bas niveau".

Après le retrait de Washington et le rétablissement des sanctions américaines en 2018, Téhéran a pris ses distances avec le texte de 2015, et accru son niveau d'enrichissement d'uranium jusqu'à 60 % - bien au-delà du plafond de 3,67% fixé, tout en restant en deçà des 90% nécessaires à la fabrication d'une bombe.

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a averti la semaine dernière que l'Iran n'était "pas loin" de disposer de la bombe atomique.

En décembre, les trois pays européens avaient fait valoir qu'ils pouvaient réenclencher le "snapback", un mécanisme prévu par le cadre de 2015 permettant de réimposer automatiquement les sanctions de l'ONU contre Téhéran.

Le délai pour activer cette clause expire en octobre.

Le chef de diplomatie américaine, Marco Rubio, a appelé le 18 avril les Européens à prendre rapidement une "décision importante" concernant le "rétablissement des sanctions" contre l'Iran.

Le ministre iranien avait dénoncé mercredi des "tentatives" notamment d'Israël de "faire dérailler la diplomatie" et de compromettre les pourparlers en cours.

Le même jour, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirmait que "le sort de toute l'humanité" était en jeu si la République islamique se dotait d'armes nucléaires.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.