La Finlande est en sécurité depuis son adhésion à l'Otan, selon son ministre des AE

Pekka Haavisto, ministre finlandais des Affaires étrangères (Photo fournie).
Pekka Haavisto, ministre finlandais des Affaires étrangères (Photo fournie).
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Publié le Vendredi 02 juin 2023

La Finlande est en sécurité depuis son adhésion à l'Otan, selon son ministre des AE

  • Pekka Haavisto a exprimé sa gratitude à l'Arabie saoudite pour avoir fourni une tribune aux factions soudanaises pour discuter du cessez-le-feu
  • Il a offert le soutien d'Helsinki à l'économie circulaire, un modèle également soutenu par l'Arabie saoudite

HELSINKI: Malgré son armée d’envergure, composée d’un corps de conscrits et de 300 000 réservistes, la Finlande se sent plus en sécurité depuis qu'elle a rejoins l'Otan, a déclaré Pekka Haavisto, son ministre des Affaires étrangères, à Arab News.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a déclenché une série d'événements qui ont abouti à ce que la Finlande devienne le 4 avril le 31e membre de l'alliance militaire occidentale, doublant ainsi la longueur de la frontière de la Russie avec l'Otan.

«Si nous jamais sommes attaqués, nous sommes plus en sécurité puisque nous pouvons obtenir le soutien de l'Otan à tout moment», a signalé Haavisto lors d'un entretien à Helsinki, qui a porté sur des questions allant de la guerre en Ukraine aux crises dans la Corne de l'Afrique, en passant par le rôle prépondérant de son pays en tant que champion du développement durable.

En réponse à la décision de la Finlande, les autorités russes ont proféré des menaces à peine voilées à l'encontre du pays qui, jusqu'à l'année dernière, maintenait une politique de non-alignement militaire. Le Kremlin a qualifié l'adhésion à l'Otan d'«empiètement sur notre sécurité et sur les intérêts nationaux de la Russie», ce qui obligerait la Russie à «prendre des contre-mesures».

Haavisto, qui a officiellement remis le mois dernier le document d'adhésion de la Finlande à l'Otan au secrétaire d'État américain, Antony Blinken, à Bruxelles, a qualifié d'«imprévisible» la possibilité que la Russie lance une attaque contre la Finlande.

«Ce que nous craignons, bien sûr, c'est que la Russie puisse faire d'autres erreurs de calcul en Europe, et nous ne voulons pas faire partie d'une erreur de calcul», a-t-il indiqué.

Haavisto a précisé que la Finlande disposait de «l'option Otan» depuis 2004, ce qui signifie que même si le pays est hors de l'organisation, tout événement préoccupant peut l'amener à demander l'adhésion.

Haavisto s'exprime au cours de l'entretien, qui a porté sur des questions allant de la guerre en Ukraine aux crises dans la Corne de l'Afrique, en passant par le rôle prépondérant de son pays en tant que champion du développement durable (Photo, AN).

«Mais notre estimation de la situation a changé», a-t-il révélé, faisant allusion à l'invasion de l'Ukraine. «Nous avons décidé, avec la Suède, de demander l'adhésion à l'Otan pour notre propre sécurité.

«Nous ne menacerons personne. Nous ne sommes pas menacés actuellement. Mais, bien sûr, quand on voit une guerre en Europe, on peut toujours imaginer ce qu'une escalade de la guerre pourrait signifier.»

Alors que la Finlande et la Suède ont demandé leur adhésion à l'Otan le 5 juillet de l'année dernière, leur adhésion à l'alliance a été bloquée pendant des mois. Pour qu'un pays rejoigne l'Otan, tous les membres existants doivent ratifier l'adhésion, et dans le cas de la Suède et de la Finlande, la Turquie et la Hongrie ont initialement refusé de le faire.

La Turquie a notamment adressé plusieurs demandes à la Suède et à la Finlande, dont l'extradition de plusieurs personnes qu'elle considère comme des terroristes et la levée de l’embargo sur les armes, imposé à Ankara après l'envoi de ses forces dans le nord de la Syrie en 2019.

Dans le cadre des négociations, la Suède a annoncé qu'elle autoriserait à nouveau les exportations d'armes vers la Turquie et qu'elle adopterait des lois antiterroristes plus strictes. La Finlande a fait de même en janvier.

Bien que la Turquie ait finalement ratifié l'adhésion de la Finlande, la candidature suédoise est toujours à l’étude.

«Il y a de bonnes chances qu'avant le sommet de l'Otan en juillet à Vilnius, la Suède soit approuvée en tant que membre de l'Otan», a affirmé Haavisto.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ayant été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans. Haavisto suit de près plusieurs questions de politique étrangère liées à la Turquie, en plus de la demande d'adhésion de la Suède à l'Otan.

Il a souligné l'importance des relations entre la Turquie et la Syrie, affirmant que «les destins de la Turquie et de la Syrie sont fortement interdépendants» et a appelé à «une voie pacifique» vers une solution politique en Syrie.

EN BREF

* La Finlande est devenue le 31e membre de l'Otan le 4 avril dernier.

* La Finlande se classe au premier rang tous les ans depuis 2016, d’après le rapport mondial des Nations unies sur le bonheur.

* L'Arabie saoudite et la Finlande entretiennent des relations diplomatiques depuis 1969.

Haavisto a également appelé à une solution aux tensions entre la Grèce et la Turquie en Méditerranée orientale, citant en exemple le différend territorial qui divise l'île depuis 1974.

Un autre dossier que Haavisto suit de près est la crise en cours au Soudan. Il estime que le conflit actuel ne doit pas détourner la communauté internationale de l'objectif de transférer le pouvoir politique au peuple soudanais.

«Il est très important que l'avenir du Soudan repose sur les composantes civiles», a indiqué  Haavisto, qui a auparavant occupé le poste d'envoyé de haut niveau de l'UE dans les régions d'Afrique sujettes aux conflits.

Ce lundi, des représentants des forces armées soudanaises, dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, et des forces de soutien rapide, dirigées par Mohammed «Hemedti» Dagalo, les deux factions en conflit depuis le 15 avril, ont accepté de prolonger de cinq jours le cessez-le-feu existant et les accords humanitaires négociés par l'Arabie saoudite et les États-Unis à l'issue de pourparlers à Djeddah.

«Nous sommes très reconnaissants à l'Arabie saoudite d'avoir offert une tribune aux représentants militaires d'Al-Burhan et de Hemedti pour négocier toutes ces questions. Ce qui est vraiment nécessaire maintenant, ce sont des initiatives de paix», a souligné Haavisto.

Après avoir soutenu les efforts visant à mettre fin à la guerre dans la région éthiopienne du Tigré en tant qu'envoyé spécial de l'UE dans ce pays, le ministère de Haavisto suit de près la crise soudanaise, qui a englouti la capitale Khartoum et d'autres États.

L'une des conséquences malheureuses du conflit armé, selon lui, est que «l'idée de faire passer le pouvoir au Soudan de l'armée aux civils a été perdue. Et malheureusement, l'ancien Premier ministre, Abdallah Hamdok, a été mis à l'écart».

Hamdok, qui avait été nommé Premier ministre lors de la transition du Soudan vers un gouvernement dirigé par des civils en 2019, a été renversé lors d'un coup d'État militaire en octobre 2021. Bien qu'il ait été regagné ses fonctions de Premier ministre un mois plus tard, en raison de l'indignation croissante de la population à l'égard des militaires, il a démissionné en janvier 2022.

Haavisto a indiqué qu'il était en contact avec Hamdok et plusieurs personnes et groupes de la société civile au Soudan. «Nous espérons, bien sûr, que le cessez-le-feu actuel sera maintenu à l'avenir et que ceux qui prennent les armes les déposeront dès que possible», a-t-il déclaré.

Lors d'une visite à Riyad en avril 2021 pour des discussions avec des responsables saoudiens, alors qu'il se rendait en Éthiopie dans le contexte de la guerre du Tigré, Haavisto a déclaré à Arab News qu'il était important que l'UE travaille avec l'Arabie saoudite à cause des «bonnes relations de l’Arabie saoudite avec toutes les parties dans l'ensemble de l'Afrique».

«La coopération internationale est très importante», avait-il précisé à l'époque, évoquant avec clairvoyance les risques d'un nouveau conflit dans une partie de l'Afrique où les différends sont nombreux.

Aujourd'hui, plus d'un mois après le début du conflit au Soudan, la Finlande soutient sans réserve les efforts saoudiens et américains visant à négocier un cessez-le-feu durable et un accord de paix entre les factions en conflit.

Pour Haavisto, la guerre au Soudan est un défi complexe qui nécessitera la participation de nombreux acteurs et la mise en œuvre de plans à long terme. Les liens étroits entre l'armée et l'économie soudanaises, en particulier sous le régime du dictateur Omar al-Bachir dans les années 1990 et 2000, ont créé de graves problèmes pour le pays.

«Aujourd'hui, je constate que le même problème persiste avec Al-Burhan et Hemedti, à savoir que les intérêts économiques et militaires sont liés. Il s'agit là, bien entendu, d'un obstacle au développement futur de l'économie soudanaise sur une base libre, en tant qu'économie de marché. Et, malheureusement, ce facteur ralentit probablement aussi la croissance économique du Soudan.»

Pekka Haavisto avec la rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, à Helsinki, capitale de la Finlande (Photo, AN).

Les inquiétudes liées aux conflits régionaux et internationaux n'ont ni arrêté ni ralenti la volonté de la Finlande de devenir un leader mondial en matière d'environnement. Helsinki accueille actuellement le Forum mondial de l'économie circulaire 2023, qui vise à créer une nouvelle économie «verte» et davantage d'emplois en tirant parti des solutions de l'économie circulaire conformément aux 17 objectifs de développement durable des Nations unies.

«Cette réunion sur l'économie circulaire qui se tient à Helsinki s'inscrit bien sûr dans le cadre de notre politique de soutien à l'économie circulaire, non seulement dans notre pays, mais dans le monde entier», a déclaré Haavisto, qui est un vétéran du parti finlandais de la Ligue verte et un ancien ministre de l'Environnement.

«Les matériaux recyclés permettent de réaliser d'importantes économies d'énergie et de produire des énergies renouvelables... Par exemple, la Finlande a massivement investi dans l'énergie éolienne, qui devient une source d'énergie de plus en plus importante pour nous.»

La Finlande a l'une des consommations d'énergie par habitant les plus élevées de l'UE et est l'un des seuls pays au monde à encore utiliser la tourbe comme source d'énergie ; elle a donc de nombreuses raisons d'accroître son utilisation des énergies renouvelables.

Jusqu'à présent, le pays a tenu un certain nombre de ses promesses : Au cours des sept dernières années, le nombre d'éoliennes opérationnelles dans le pays est passé de 552 à 1 266, selon l'Association finlandaise de l'énergie éolienne. L'année dernière, la Finlande a adopté la loi sur le changement climatique, qui fixe 2035 comme objectif de neutralité carbone pour le pays, et 2040 comme objectif de carbone négatif.

«Nous voyons un grand potentiel dans les énergies éolienne et solaire au niveau mondial», a expliqué Haavisto, ajoutant que la Finlande est impatiente de présenter de nouvelles technologies et inventions pour l'efficacité énergétique lors de la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP28) qui se tiendra à Dubaï.

«Nous pouvons combiner la croissance économique avec un bon environnement et un environnement sûr. Je crois que c'est notre message clé en Finlande.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018. 


À un mois du vote, le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, est en tête

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'exprime lors d'une conférence de presse au port de Montréal, à Montréal, Canada, le 28 mars 2025.  (Photo ANDREJ IVANOV / AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'exprime lors d'une conférence de presse au port de Montréal, à Montréal, Canada, le 28 mars 2025. (Photo ANDREJ IVANOV / AFP)
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  • Le président américain, ses déclarations, sa personnalité et la menace qu'il fait peser sur l'économie et la souveraineté canadienne sont en effet le point central de cette campagne.
  • Selon tous les experts, la question que les Canadiens vont se poser au moment de déposer leur bulletin le 28 avril sera simple : qui de Mark Carney ou de Pierre Poilievre pourra le mieux affronter Donald Trump ces prochaines années ?

MONTREAL : À quatre semaines des élections législatives au Canada, le Premier ministre et candidat libéral Mark Carney est en tête des sondages devant le conservateur Pierre Poilievre. Il semble réussir son pari d'incarner, aux yeux des électeurs, la personne idéale pour faire face à Donald Trump.

Le président américain, ses déclarations, sa personnalité et la menace qu'il fait peser sur l'économie et la souveraineté canadienne sont en effet le point central de cette campagne.

Selon tous les experts, la question que les Canadiens vont se poser au moment de déposer leur bulletin le 28 avril sera simple : qui de Mark Carney ou de Pierre Poilievre pourra le mieux affronter Donald Trump ces prochaines années ?

« L'économie est le principal enjeu pour moi dans cette élection, ainsi que tout ce qui touche au libre-échange avec les États-Unis », raconte à l'AFP Carol Salemi, une électrice d'Ottawa.

« Nous avons besoin d'une véritable négociation sur le commerce avec eux et d'un dirigeant fort pour le faire », ajoute-t-elle.

« Il nous faut quelqu'un de ferme face aux États-Unis. Il semble que tout le monde soit d'accord sur ce point et c'est une bonne chose », renchérit Danielle Varga, 22 ans.

Et à ce jeu-là, il semble bien que, pour l'instant, la préférence des électeurs se porte sur Mark Carney. Ce novice en politique, qui a dirigé les banques centrales du Canada et de Grande-Bretagne, a remplacé Justin Trudeau mi-mars au poste de Premier ministre.

Après une semaine de campagne, il a complètement renversé la tendance des derniers mois : le dirigeant libéral de 60 ans est maintenant en tête dans tous les sondages et pourrait même être en mesure de former un gouvernement majoritaire. 

« C'est l'élection la plus importante de notre vie », a-t-il martelé samedi. « Elle est cruciale pour redéfinir notre relation avec les États-Unis, défendre le Canada et bâtir une économie forte et unifiée », a-t-il poursuivi devant des électeurs de sa circonscription à Ottawa.

La semaine dernière, il a dû interrompre sa campagne après l'annonce par Donald Trump de son intention d'imposer des droits de douane de 25 % sur les importations de voitures. Une mesure qui viendrait s'ajouter aux tarifs douaniers déjà appliqués par Washington sur l'acier et l'aluminium.

Dans la foulée, les deux hommes ont eu un appel qualifié d'« extrêmement constructif » par le président américain. Un changement de ton de sa part, qui n'est pas passé inaperçu au nord de la frontière. 

- « Période exceptionnelle » -

De son côté, le conservateur Pierre Poilievre, 45 ans, a lancé sa campagne en mettant l'accent sur des réductions d'impôts, l'amélioration de l'accès au logement et le développement des ressources naturelles pour contrer les pressions américaines.

Cet homme politique de carrière cherche à tordre le cou à l'idée qu'il serait proche du président américain, devenue un handicap dans le contexte actuel.

« Le président Trump veut voir les libéraux rester au pouvoir. Nous savons pourquoi : avec eux, le Canada est faible et ils laisseront nos investissements s'enfuir vers les États-Unis", a-t-il estimé dimanche.

Les autres partis, notamment le Nouveau parti démocratique (NPD) de Jagmeet Singh et le Bloc Québécois de Yves-François Blanchet, peinent à faire entendre leur voix en pleine crise nationale.

« C'est vraiment une période exceptionnelle », juge Geneviève Tellier, professeure de sciences politiques à Ottawa, qui estime que « le Canada est à la recherche d'un sauveur ».

Selon elle, le « discours ferme » de Mark Carney jeudi, expliquant que « les relations avec les États-Unis ne seraient plus jamais comme avant », parle aux électeurs.

Les Canadiens se tournent vers Mark Carney, car « ils veulent de la sécurité et une figure rassurante en temps de crise », renchérit Daniel Beland, de l'université McGill de Montréal.

Dans ce pays de 41 millions d'habitants, dont le chef d'État en titre est le roi d'Angleterre, 343 sièges sont à pourvoir lors de cette élection anticipée. Le parti qui obtiendra la majorité (donc au minimum 172 députés) formera le prochain gouvernement et son chef deviendra Premier ministre.


Israël: Netanyahu choisit un ex-commandant de la marine comme nouveau chef du Shin Bet

La décision de limoger le chef du Shin Bet a provoqué d'importantes manifestations en Israël. (AFP)
La décision de limoger le chef du Shin Bet a provoqué d'importantes manifestations en Israël. (AFP)
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  • "Après avoir mené des entretiens approfondis avec sept candidats qualifiés, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a décidé de nommer l'ancien commandant de la marine, l'amiral réserviste Eli Sharvit, au poste de prochain directeur du Shin Bet"
  • Le gouvernement dirigé par M. Netanyahu a décidé de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar, évoquant "une perte de confiance professionnelle et personnelle persistante entre le Premier ministre et le directeur du service"

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a choisi l'ex-commandant de la marine Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet, indiqué lundi son bureau, malgré le gel par la Cour suprême de la demande du gouvernement de destituer le directeur en exercice du service de sécurité intérieure.

"Après avoir mené des entretiens approfondis avec sept candidats qualifiés, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a décidé de nommer l'ancien commandant de la marine, l'amiral réserviste Eli Sharvit, au poste de prochain directeur du Shin Bet", indique le bureau de M. Netanyahu dans un communiqué.

"L'amiral Sharvit a servi pendant 36 ans dans les forces de défense israéliennes, dont 5 ans en tant que commandant de la marine. A ce poste, il a dirigé le développement de la force de défense maritime (...) et géré des systèmes opérationnels complexes contre le (mouvement islamiste palestinien) Hamas, le (mouvement islamiste libanais) Hezbollah et l'Iran", ajoute le communiqué.

Le gouvernement dirigé par M. Netanyahu a décidé de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar, évoquant "une perte de confiance professionnelle et personnelle persistante entre le Premier ministre et le directeur du service" qui empêche "le gouvernement et le Premier ministre d'exercer efficacement leurs pouvoirs".

Mais à la suite de requêtes déposées par l'opposition israélienne et une ONG, la Cour suprême a suspendu le 21 mars le limogeage de M. Bar par le gouvernement, jusqu'à l'examen des recours d'ici au 8 avril.

La procureure générale du pays, Gali Baharav-Miara, qui joue aussi le rôle de conseillère juridique du gouvernement, a averti M. Netanyahu que la décision de la Cour suprême lui "interdisait" temporairement de nommer un nouveau chef du Shin Bet.

Mais M. Netanyahu a insisté sur le fait qu'il appartenait à son gouvernement de décider qui dirigerait l'agence de sécurité intérieure.

La décision de limoger le chef du Shin Bet a provoqué d'importantes manifestations en Israël.

Une partie des Israéliens dénoncent ce qu'ils considèrent comme une dérive autocratique du Premier ministre, à la tête d'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire d'Israël.