PARIS: Le prolongement à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) de la ligne 14 du métro parisien, qui doit ouvrir le 14 décembre, doit permettre de désengorger la tristement célèbre ligne 13, avant d'autres extensions l'arrimant d'ici 2024 au métro du Grand Paris.
Pour la présidente d'Ile-de-France Mobilités Valérie Pécresse, la perspective d'inaugurer ce tronçon de 5,8 kilomètres entre Gare Saint-Lazare et Mairie de Saint-Ouen est « un moment de pur bonheur ».
« On avait cette ligne 14, qui ne venait pas, qui ne venait pas, qui ne venait pas... », ironise-t-elle, en référence aux nombreux retards qu'a subis le chantier, pour cause d'inondation et de Covid-19, notamment.
L'idée de prolonger cette ligne de métro automatique jusqu'à Saint-Ouen remonte en effet à 2007 : elle est alors apparue comme la solution la plus satisfaisante pour soulager le nord de la ligne 13. Avec la promesse de la délester du quart de son trafic.
Pécresse vante « l'une des lignes les plus modernes du monde », la seule du réseau parisien accessible aux handicapés, aussi.
Le prolongement de la ligne 14 --qu'on appelle encore parfois « Meteor » -- doit aussi mieux desservir des secteurs en plein développement avec le nouveau quartier des Batignolles, le Tribunal de Paris ou encore les nombreux bureaux qui sortent de terre à Saint-Ouen où le conseil régional d'Ile-de-France s'est installé.
Le nouveau tronçon comporte quatre stations assez monumentales --celle de Porte de Clichy, desservant le Tribunal, n'ouvrira toutefois qu'en janvier-- ainsi qu'un dépôt construit pour accueillir des rames dernier cri plus longues, achetées à Alstom.
Au-delà, les travaux battent leur plein pour de nouveaux prolongements tant au nord, jusqu'à Saint-Denis Pleyel (Seine-Saint-Denis) en 2023 si tout va bien, qu'au sud, jusqu'à l'aéroport d'Orly (Essonne) en 2024. Avec au passage le changement du système d'automatisation, toujours fourni par le groupe allemand Siemens.
« On sera au rendez-vous des JO des deux côtés », assure Louis Villié, le directeur de la ligne à la RATP.
Vitrine de la RATP
Pleyel accueillera en effet le village olympique pour les Jeux de 2024. A l'autre extrémité, la connexion à l'aéroport est jugée stratégique.
« Elle sera bien sûr la ligne des JO, mais pas seulement: elle sera la ligne du quotidien », souligne Valérie Pécresse, qui parle d' « une nouvelle épine dorsale de l'Ile-de-France » profitant au Val-de-Marne et à la Seine-Saint-Denis.
La ligne 14 fera alors 27 kilomètres de long. Et sa fréquentation devrait passer de 550 000 voyageurs par jour (avant la pandémie de coronavirus) à 1 million.
« Elle sera la ligne la plus importante du réseau », approuve Louis Villié. Et aussi « la première ligne du métro du Grand Paris ». Elle va en effet se connecter au supermétro actuellement en construction autour de la capitale à Pleyel, Villejuif (Val-de-Marne) et Orly.
La Société du Grand Paris (SGP), chargée de construire ce supermétro, finance d'ailleurs 58% des 1,4 milliard d'euros dépensés pour prolonger la ligne 14 jusqu'à Saint-Ouen et 100% des deux tronçons suivants vers Pleyel et Orly (850 millions et 2,8 milliards d'euros, respectivement).
Ile-de-France Mobilités finance de son côté le matériel roulant (620 millions pour le moment) et couvre le déficit d'exploitation.
Pour la RATP, le défi est maintenant de faire aussi bien que sur les 8,6 kilomètres actuels de la ligne, très parisiens, où les voyageurs sont selon elle satisfaits à 98%. « On veut vraiment que ce soit la vitrine du groupe RATP. Et c'est là qu'on veut montrer notre savoir-faire », souligne Louis Villié.
L'enjeu est important au moment où le secteur s'ouvre peu à peu à la concurrence.
Valérie Pécresse a d'ailleurs récemment taclé la RATP, en vantant la ligne 14, automatique comme le seront les autres lignes du Grand Paris : « Qui dit automatique dit pas impacté par les grèves, sujet toujours sensible auprès des voyageurs. »
« Même quand c'est automatique, il y a toujours du monde pour accueillir les gens dans les stations », a répondu Catherine Guillouard, PDG de la Régie.
De fait, les effectifs affectés à la ligne 14 vont passer de 180 à 250 personnes.