Retraites: tour de chauffe à l'Assemblée pour le texte d'abrogation des 64 ans

Le ministre français de la Justice, Eric Dupond-Moretti, s'adresse aux députés lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 23 mai 2023. (Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
Le ministre français de la Justice, Eric Dupond-Moretti, s'adresse aux députés lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 23 mai 2023. (Photo Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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Publié le Dimanche 28 mai 2023

Retraites: tour de chauffe à l'Assemblée pour le texte d'abrogation des 64 ans

  • Le camp présidentiel a bon espoir de torpiller, au moins en partie, la proposition de loi portée par le groupe indépendant Liot, qui maintient la flamme des opposants à la réforme promulguée mi-avril
  • Le chef du groupe hétéroclite Liot, le député Bertrand Pancher, est confiant dans une possible victoire, en fédérant les voix de la gauche, du RN et de certains LR

PARIS : Une «arnaque» pour les uns, l'espoir d'un «séisme politique» pour les autres: le texte d'abrogation de la retraite à 64 ans devrait donner lieu à un premier round musclé mercredi à l'Assemblée, avant son examen prévu le 8 juin dans l'hémicycle.

Pour ce prélude en commission des Affaires sociales, le camp présidentiel a bon espoir de torpiller, au moins en partie, la proposition de loi portée par le groupe indépendant Liot, qui maintient la flamme des opposants à la réforme promulguée mi-avril.

Mais même s'ils y parvenaient, la messe ne serait pas dite: il resterait l'étape décisive du 8 juin en séance, où le rapport de force s'annonce plus favorable aux oppositions qu'en commission... si vote il y a.

Après des tâtonnements, le camp présidentiel semble décidé à l'empêcher. «On fera tout pour que ce débat n'ait pas lieu», a assumé la secrétaire d'Etat Charlotte Caubel, jugeant «illégitime» de remettre en cause «une loi adoptée et validée par le Conseil constitutionnel».

Le texte d'abrogation est «un manque de respect vis-à-vis des Français», a tonné Elisabeth Borne, et même une «arnaque» selon des députés macronistes. Car même adopté par l'Assemblée, il n'aurait «aucune chance» d'aller ensuite au bout de son parcours parlementaire, martèlent ces derniers.

Peu importe, rétorque le chef du groupe hétéroclite Liot, le député Bertrand Pancher, confiant dans une possible victoire, en fédérant les voix de la gauche, du RN et de certains LR. «Je ne vois pas comment le président Macron pourrait ne pas en tenir compte». Ce serait un «séisme politique», dit-il.

-  Le plan de la majorité -

En commission, les députés des trois groupes de la majorité (Renaissance, Modem, Horizons) devraient sans surprise dégainer à nouveau leur principal arme pour faire barrage: l'article 40 de la Constitution.

Ce dernier dispose que les initiatives des parlementaires ne sont pas recevables si elles entraînent un alourdissement des charges publiques.

Ce texte coûte «plus de 20 milliards, c'est quand même pas une paille», lance la présidente Renaissance de la commission des Affaires Sociales, Fadila Khattabi, qui mènera les débats mercredi. En attendant, elle a écrit à son homologue de la commission des Finances, lui demandant d'examiner la conformité du texte de Liot à l'article 40.

La réponse de ce dernier, l'Insoumis Eric Coquerel, ne fait guère de doute: il n'a aucune intention d'utiliser ses prérogatives pour bloquer la proposition de loi.

Mais le camp présidentiel a échafaudé un plan pour passer outre.

Il espère dans un premier temps réussir à supprimer mercredi l'article d'abrogation des 64 ans en commission. Ce qui obligerait Liot à réintroduire sa mesure par un amendement en vue de la séance du 8 juin. Un scénario qui autoriserait la présidente de l'Assemblée à brandir elle-même le couperet de la recevabilité financière.

- «Brutalité démocratique» -

Au grand dam de son camp, Yaël Braun-Pivet s'est refusée jusqu'ici à le faire, estimant que le règlement de son institution ne lui en donnait pas le droit lors des premiers filtres de recevabilité du texte, franchis sans difficulté comme de coutume pour les propositions de loi.

Mais la donne ne serait plus la même face à un amendement réintroduit pour la séance: «Elle n'aurait plus le choix, elle devra prendre ses responsabilités», insiste un député macroniste, agacé des réticences de sa collègue Renaissance.

«Dans l'hémicycle, c'est moi qui suis comptable de l'application de l'article 40», a dit jeudi l'intéressée, laissant entendre qu'elle irait dans ce sens, même si elle ne goûte pas les pressions des dernières semaines.

La députée écologiste Sandrine Rousseau l'a interpellée sans tarder sur Twitter: «Ne faites pas cela, vous avez tenu jusque-là la pression pour préserver le rôle du Parlement».

Le camp présidentiel dispose de toutes manières d'autres armes pour s'éviter un vote le 8 juin, dont celle de l'«obstruction parlementaire», même si elle divise ses députés.

«Quoi qu'il se passe en commission le 31 mai ou le 8 juin en séance», la cheffe de file des députés Insoumis Mathilde Panot estime que les Français «verront à quel point ils manoeuvrent» pour éviter un vote. «Ce qui est en train de se passer, c'est une brutalité démocratique», dit-elle.

Le groupe Liot, poil à gratter de la majorité à l'Assemblée

C'est le plus petit et le plus hétéroclite des groupes politiques à l'Assemblée mais il donne des migraines au camp présidentiel: Liot est à nouveau sur le devant de la scène avec sa proposition de loi annulant la retraite à 64 ans.

Son texte d'abrogation, examiné en commission mercredi puis dans l'hémicycle le 8 juin, est devenu le nouveau point de ralliement contre la réforme des retraites, que les oppositions n'ont pas renoncé à remettre en cause malgré sa promulgation mi-avril.

Le groupe composite de 21 députés avait déjà à son actif un premier coup d'éclat: il n'avait manqué que neuf voix en mars à sa motion de censure transpartisane pour faire tomber le gouvernement après son 49.3 dégainé pour faire passer la réforme contestée.

Sous la bannière à rallonge «Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires» (Liot), il est composé d'élus centristes, d'Outre-mer, d'autonomistes corses et de cinq dissidents PS mécontents de l'alliance avec les Insoumis.

Un «attelage improbable», raillent des députés macronistes, pour qui cette formation a pour seule raison d'être la nécessité de réunir plus de quinze élus pour former un groupe à l'Assemblée nationale, et bénéficier des moyens afférents.

- «Hors clivages» -

Le député du Nord Benjamin Saint-Huile, venu des rangs socialistes, les renvoie au «logiciel initial du macronisme, qui voulait faire travailler tout le monde ensemble au-delà des clivages».

«Nous, c'est ce qu'on fait à Liot, l'intelligence collective, elle est chez nous», plaide-t-il, vantant un groupe où se côtoient d'anciens élus locaux rompus aux compromis transpartisans.

«Nous sommes des députés indépendants, nous travaillons hors clivages politiques», fait valoir leur chef de file, Bertrand Pancher. Passé par l'UDF, l'UMP et le Parti radical, le député de la Meuse se revendique d'un humanisme «par le dialogue, par les territoires» et «d'une nouvelle forme de démocratie» moins verticale.

Dans une Assemblée morcelée, ce positionnement «central» est suffisamment consensuel pour que les oppositions puissent se fédérer autour d'initiatives du groupe, sans prêter le flanc à l'accusation de pactiser avec des ennemis.

C'est «devenu le cinquième groupe de la Nupes», sourit un socialiste, faisant écho aux macronistes pour qui le groupe Liot se sentirait pousser des ailes sans être conscient d'être instrumentalisé.

«Clairement dans l'opposition», Liot n'était pour autant pas hostile en début de législature à l'idée de nouer des accords avec le camp présidentiel «sur des grands projets politiques», en l'absence de majorité claire à l'Assemblée.

Emmanuel Macron l'avait même cité parmi ceux, avec le groupe Les Républicains (LR), avec qui il souhaitait pouvoir faire une «alliance».

Mais la manière dont l'exécutif a mené la réforme des retraites a provoqué une cassure pour Liot, qui s'est mué en trait d'union de la fronde contre le gouvernement.

- Nouvelles ambitions -

Une situation qui ne manque pas d'agacer le camp présidentiel, qui lâche désormais ses coups contre le groupe. En particulier contre l'un de ses fers de lance, Charles de Courson, sept mandats au compteur à l'Assemblée et qui sera le rapporteur du texte d'abrogation.

Elisabeth Borne a lancé elle-même les premières banderilles dans l'hémicycle contre ce «tenant historique de l'austérité budgétaire» et «opposant notoire au mariage pour tous» devenu allié de circonstance de la gauche.

La patronne des députés Renaissance, Aurore Bergé, ne manque plus l'occasion de rappeler que le député libéral, comme Bertrand Pancher, avait dans le passé proposé le recul de l'âge de la retraite à 64 ans dès 2020.

Le chef de file des députés Horizons, Laurent Marcangeli, allié de Renaissance, s'est lui fendu d'une mise en garde contre trois députés corses, membres de Liot, s'ils votent le texte d'abrogation. En les alertant sur le risque qu'ils prennent de «contrarier les discussions sur l'avenir institutionnel de l'île».

«Ces pressions montrent à quel point ils nous craignent», estime-t-on au groupe Liot. Cette notoriété soudaine encourage certains à entrevoir de nouveaux horizons.

«Nous ne pouvons pas être absents du débat des Européennes», estime par exemple M. Pancher, même s'il ne sait «pas encore si ça prendra la forme d'une liste».

Un membre du groupe tempère ces ardeurs: «La grenouille ne doit pas se voir plus grosse que le boeuf».


Syrie: Paris salue l'accord avec les Kurdes

L'accord a été signé lundi par le président par intérim, Ahmad al-Chareh, et le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, Mazloum Abdi, pour une application prévue d'ici à la fin de l'année. (AFP)
L'accord a été signé lundi par le président par intérim, Ahmad al-Chareh, et le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, Mazloum Abdi, pour une application prévue d'ici à la fin de l'année. (AFP)
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  • L'accord a été signé lundi par le président par intérim, Ahmad al-Chareh, et le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, Mazloum Abdi, pour une application prévue d'ici à la fin de l'année
  • La France, qui souligne y avoir "contribué en lien avec ses partenaires américains", ajoute qu'elle "poursuivra ses efforts pour faciliter le dialogue entre les autorités syriennes de transition et ses partenaires kurdes du Nord-Est de la Syrie"

PARIS: La France a salué mardi l'accord pour intégrer au sein de l'Etat syrien toutes les institutions relevant des Kurdes, y voyant "une étape positive vers une solution négociée et pacifique pour l'unification de la Syrie" et une "garantie" des droits et intérêts kurdes.

L'accord a été signé lundi par le président par intérim, Ahmad al-Chareh, et le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, Mazloum Abdi, pour une application prévue d'ici à la fin de l'année.

La France, qui souligne y avoir "contribué en lien avec ses partenaires américains", ajoute qu'elle "poursuivra ses efforts pour faciliter le dialogue entre les autorités syriennes de transition et ses partenaires kurdes du Nord-Est de la Syrie", selon un communiqué du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

"La France rappelle son attachement à la mise en œuvre d'un processus de transition politique pacifique, qui représente l'ensemble des composantes de la société syrienne, en vue de la construction d'une Syrie libre, unie, stable, en paix, souveraine et pleinement intégrée à son environnement régional et à la communauté internationale", poursuit Christophe Lemoine.

L'administration autonome kurde, soutenue par les Etats-Unis, contrôle de vastes territoires dans le nord et l'est de la Syrie, riches en blé, pétrole et gaz, des ressources cruciales pour les autorités de Damas dans cette période de reconstruction.

Son bras armé, les FDS, ont joué un rôle clé dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique, battu dans son dernier bastion en 2019.

L'accord est intervenu alors que la Syrie a connu ces derniers jours dans l'ouest du pays ses pires violences depuis la chute de l'ancien président Bachar al-Assad en décembre.


Ukraine, sécurité européenne: Paris s'active pour coordonner une réponse

Avec ses 800.000 hommes, l'armée ukrainienne est la plus importante d'Europe, rappelle fréquemment le président ukrainien Volodymyr Zelensky.  La semaine passée, ce dernier a appelé à l'instauration d'une trêve dans les airs et en mer pour entamer des discussions sur une "paix durable" avec Moscou. (AFP)
Avec ses 800.000 hommes, l'armée ukrainienne est la plus importante d'Europe, rappelle fréquemment le président ukrainien Volodymyr Zelensky. La semaine passée, ce dernier a appelé à l'instauration d'une trêve dans les airs et en mer pour entamer des discussions sur une "paix durable" avec Moscou. (AFP)
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  • Cette réunion comprendra des responsables militaires de 30 pays appartenant à l'UE et/ou à l'Otan, dont le Royaume-Uni et la Turquie, selon l'état-major des Armées
  • Elle intervient au moment où une délégation ukrainienne retrouve une équipe américaine en Arabie saoudite pour discuter des moyens de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie, trois ans après l'invasion russe de sa voisine

PARIS: La France multiplie cette semaine les consultations avec ses partenaires européens pour tenter de définir les garanties de sécurité en faveur de l'Ukraine en cas de cessez-le-feu et renforcer la défense du continent sur fond de rapprochement entre Washington et Moscou.

Sur le plan intérieur, les autorités françaises s'activent également pour faire émerger un consensus politique en ce sens.

Le président Emmanuel Macron ouvre le bal mardi après-midi en s'exprimant devant "les chefs d'état-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités" et qu'il a conviés à Paris.

Cette réunion comprendra des responsables militaires de 30 pays appartenant à l'UE et/ou à l'Otan, dont le Royaume-Uni et la Turquie, selon l'état-major des Armées.

Elle intervient au moment où une délégation ukrainienne retrouve une équipe américaine en Arabie saoudite pour discuter des moyens de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie, trois ans après l'invasion russe de sa voisine.

Cette réunion est "importante", selon le ministre français des Armées Sébastien Lecornu car elle "vient poser une première pierre sur ces garanties de sécurité".

"Il s'agit simplement de se projeter et de réfléchir à ce que doit être l'armée ukrainienne à l'avenir, et donc repartir du principe que la première des garanties de sécurité reste l'armée ukrainienne, que nous refuserons toute forme de démilitarisation de l'Ukraine", a-t-il déclaré en ouvrant le Forum de défense et de sécurité de Paris (PDSF).

Avec ses 800.000 hommes, l'armée ukrainienne est la plus importante d'Europe, rappelle fréquemment le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

La semaine passée, ce dernier a appelé à l'instauration d'une trêve dans les airs et en mer pour entamer des discussions sur une "paix durable" avec Moscou.

L'idée, également évoquée par Emmanuel Macron et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, est considérée par Moscou comme "absolument inacceptable" car le conflit finirait, selon la diplomatie russe, par reprendre. Elle permet, selon ses promoteurs, de tester la bonne volonté russe à discuter.

L'idée de déployer des troupes européennes en Ukraine a été évoquée à plusieurs reprises, en particulier ces dernières semaines.

"Réarmement nécessaire"

Paris et Londres notamment sont étroitement impliqués dans les discussions sur la mise en oeuvre d'une telle option. Le Premier ministre britannique Keir Starmer organise à son tour samedi une réunion virtuelle avec les dirigeants des pays prêts à aider à empêcher une reprise des hostilités en Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Avant d'envisager de déployer des troupes, il faut définir les contours de ce que serait la mission de cette coalition de volontaires, a affirmé Sébastien Lecornu dans le journal La Tribune Dimanche: "Troupes de paix à des fins d'observation, de réassurance ou de déconfliction… La réunion des chefs d'état-major mardi va permettre de nourrir cette réflexion", selon lui.

Le ministre français réunira ensuite mercredi ses homologues du groupe E5 (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Pologne), ainsi que des représentants de l'Union européenne et de l'Otan et, en visioconférence, le ministre ukrainien de la Défense.

Les entretiens porteront sur l'aide à l'Ukraine, alors que les Etats-Unis ont suspendu leur soutien militaire et en matière de renseignement, et sur le "réarmement nécessaire de l'Europe et de nos pays respectifs", selon son entourage.

Les pays de l'UE ont donné leur feu vert à un plan visant à mobiliser jusqu'à 800 milliards d'euros sur quatre ans, afin de renforcer la défense du continent et aider l'Ukraine.

En France, dans un contexte de finances publiques moribondes, le budget de la Défense devra lui aussi être augmenté, Sébastien Lecornu évoquant un "horizon autour de 100  milliards d'euros par an", contre 50,5 milliards en 2025.

Pour en convaincre les députés et sénateurs, qui auront à voter toute évolution du budget, et les tenir informés des discussions avec les partenaires étrangers et de la situation en Ukraine, le ministre des Armées doit rencontrer jeudi les présidents des groupes parlementaires.

Le chef de l'Etat doit enfin réunir vendredi, selon son entourage, les industriels français de défense, appelés à augmenter leurs cadences depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022 et qui doivent se préparer à un afflux potentiel de nouvelle commandes.


Terrorisme: «Plus ils nous haïssent, plus ils nous grandissent», lance Macron

L'hommage s'est déroulé quelques semaines après l'attaque au couteau survenue le 22 février à Mulhouse ( au sud de Strasbourg), "un scénario d'horreur dont nous sommes encore meurtris", a déclaré le président français. (AFP)
L'hommage s'est déroulé quelques semaines après l'attaque au couteau survenue le 22 février à Mulhouse ( au sud de Strasbourg), "un scénario d'horreur dont nous sommes encore meurtris", a déclaré le président français. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons nous résigner à l'innommable", a déclaré le chef de l'Etat
  • "Cette mémoire est ce qui nous sépare de la barbarie", a-t-il insisté devant des victimes et leurs proches présents à Strasbourg. "Nous n'oublierons jamais"

STRASBOURG: "Plus ils nous haïssent, plus ils nous grandissent", a déclaré Emmanuel Macron lors d'une cérémonie d'hommage aux victimes du terrorisme mardi à Strasbourg, dans l'est de la France, alors que la "menace rôde toujours".

L'hommage s'est déroulé quelques semaines après l'attaque au couteau survenue le 22 février à Mulhouse ( au sud de Strasbourg), "un scénario d'horreur dont nous sommes encore meurtris", a déclaré le président français.

Avec cet attentat, qui a fait un mort, "Mulhouse a rejoint un douloureux cortège" de villes frappées par le terrorisme, a poursuivi M. Macron, mentionnant également Israël, touché par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023.

"Nous ne pouvons nous résigner à l'innommable", a déclaré le chef de l'Etat.

"Cette mémoire est ce qui nous sépare de la barbarie", a-t-il insisté devant des victimes et leurs proches présents à Strasbourg. "Nous n'oublierons jamais".

"Si neuf attentats ont été déjoués en 2024, la menace rôde toujours", a aussi souligné M. Macron.

Pour la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, "ce jour de mémoire doit être aussi un jour d'engagement. Un engagement absolu à lutter sans relâche contre le terrorisme".

"Nous travaillons avec nos États Membres et nos partenaires dans le monde entier, pour combattre la radicalisation, anticiper la menace terroriste, prévenir les attaques et protéger nos citoyens", a martelé Mme Metsola, présente à la cérémonie qui intervient en pleine session du Parlement européen à Strasbourg.

Des responsables d'associations, des victimes d'attentats et leurs proches ont assisté à l'hommage, qui se tient à la date anniversaire de l'attentat le plus meurtrier d'Europe, en 2004 à Madrid (191 morts).

Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015 (130 morts) à Paris et ses environs, Michel Catalano, qui avait été pris en otage dans son imprimerie, a témoigné.

"Il y a dix ans, ma vie a basculé, la mort a frappé à ma porte, m'entraînant dans un cauchemar inimaginable", a-t-il décrit, saluant l'action des associations et le rôle de sa famille qui a été "essentielle" dans sa "reconstruction".

Lui qui intervient dans des collèges, lycées et en milieu carcéral, espère pouvoir "peut être même un petit peu changer le monde dans lequel nous vivons".