Les fugues, principale cause des 43.000 signalements pour disparitions d'enfants en 2022

Des personnes participent à une marche silencieuse en hommage à Marion Wagon (pancartes), le 14 novembre 2016 à Agen, à l'occasion du 20e anniversaire de sa disparition. (Photo par Georges Gobet / AFP)
Des personnes participent à une marche silencieuse en hommage à Marion Wagon (pancartes), le 14 novembre 2016 à Agen, à l'occasion du 20e anniversaire de sa disparition. (Photo par Georges Gobet / AFP)
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Publié le Vendredi 26 mai 2023

Les fugues, principale cause des 43.000 signalements pour disparitions d'enfants en 2022

  • Le nombre de fugueurs de moins de 15 ans a augmenté de 3,6% entre 2018 et 2022 pour constituer 37% des signalements de fugues
  • Au chiffre des fugues s'ajoutent 544 enlèvements parentaux répertoriés par les services du ministère de l'Intérieur

PARIS: Les forces de l'ordre ont recensé 43.202 signalements de disparitions de mineurs en 2022, très majoritairement des fugues, selon la fondation en charge du numéro d'urgence «Enfants disparus» qui s'inquiète de la part des moins de 15 ans dans ce phénomène.

Même si le nombre total des signalements est «en légère baisse» par rapport à 2021, cela représente «un enfant signalé disparu toutes les 12 minutes», calcule la fondation Droit d'Enfance, qui rend publics ces chiffres du ministère de l’Intérieur dans un rapport jeudi à l’occasion de la Journée internationale des enfants disparus.

95% des quelque 43.000 signalements concernent des fugues.

«La principale cause est un conflit parent-enfant ou un refus de placement ou d'aller dans un établissement de soins pour des jeunes relevant de la Protection de l'enfance», explique à l'AFP Julien Landureau, responsable du plaidoyer de Droit d'Enfance.

A l'origine souvent, l'influence d'un tiers - ami, petit ami, personne rencontrée sur internet - et un sentiment de mal-être, parfois lié à du harcèlement ou à un questionnement sur l'identité sexuelle, précise-t-il.

La fondation alerte sur un rajeunissement inquiétant des enfants concernés: le nombre de fugueurs de moins de 15 ans a augmenté de 3,6% entre 2018 et 2022 pour constituer 37% des signalements de fugues.

Les réseaux sociaux jouent un rôle important dans l'incitation au départ.

«Nous constatons de plus en plus de cas de jeunes filles harponnées au sein même de leur domicile. Des filles de 11-12 ans qui postent sur des réseaux des vidéos où elles expriment qu'elles sont mal dans leur peau ou en conflit avec leurs parents. Il y a des gens aux aguets qui gagnent leur confiance», déclare Samia Hamonic, éducatrice et chargée de dossiers au 116 000 Enfant disparu.

«Le jeune peut rencontrer sur des applis des gens qui lui conseillent de partir. Ou bien des jeunes filles y rencontrent des personnes avec lesquelles elles tissent une relation affective et qu'elles partent rejoindre. Cette relation amoureuse peut se transformer en proxénétisme», ajoute Julien Landureau.

«Le jeune peut rester en contact avec d’autres fugueurs rencontrés» lors d'une première fugue «et qui l'incitent à fuguer de nouveau».

- Liens avec la prostitution -

Les cas de prostitution sont avérés ou suspectés dans un tiers des dossiers de fugues de filles traités par le numéro, qui a ouvert 1.313 dossiers en 2022 et reçu 31.897 appels, dont 2.167 ont nécessité la saisie de la cellule de suivi.

«Une jeune fille toute seule à l’extérieur est une proie facile, d'autant qu'elle doit trouver des moyens pour vivre et être hébergée», explique Samia Hamonic.

Au chiffre des fugues s'ajoutent 544 enlèvements parentaux répertoriés par les services du ministère de l'Intérieur, un chiffre «probablement sous évalué en raison de la difficulté pour les parents de faire enregistrer leurs plaintes en l’absence de décisions de justice», selon la fondation.

Quelque 43% des dossiers suivis par la fondation Droit d'Enfance concernent des enlèvements internationaux.

Enfin, les données du ministère comptabilisent 1.140 «disparitions inquiétantes» en 2022. Cela recouvre des situations diverses (mineurs suicidaires ou porteurs de handicap par exemple) mais «très rarement des enlèvements criminels», selon Droit d'Enfance.

«Il s'agit le plus souvent de fugues qui durent longtemps et où le contact avec le jeune devient inexistant. On ne sait plus où il se trouve», explique M. Landerneau. «On peut alors soupçonner qu'il a eu un accident ou est entré sous la coupe d'un réseau organisé de prostitution et n’est plus capable de revenir», ajoute Mme Hamonic.

Après une hausse de 30% entre 2018 et 2021, le nombre des disparitions inquiétantes s'est stabilisé en 2022 par rapport à 2021 (-2,9%).

Financé par les pouvoirs publics, le 116 000, numéro d'urgence européen, accompagne les parents dès la découverte de la disparition et propose «une orientation juridique, des groupes de paroles». «Nous cherchons à comprendre l’origine du départ et à travailler pour renouer les liens et éviter que la fugue se reproduise», explique Samia Hamonic.


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.