Les États-Unis ne veulent plus imposer de changement de régime par la force au Moyen-Orient

Mara Karlin déclare que la nouvelle stratégie de défense nationale des États-Unis donnerait la priorité aux «partenariats, à l’intégration et à l’interopérabilité» face aux menaces régionales au Moyen-Orient. (@DOD_Policy)
Mara Karlin déclare que la nouvelle stratégie de défense nationale des États-Unis donnerait la priorité aux «partenariats, à l’intégration et à l’interopérabilité» face aux menaces régionales au Moyen-Orient. (@DOD_Policy)
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Publié le Jeudi 25 mai 2023

Les États-Unis ne veulent plus imposer de changement de régime par la force au Moyen-Orient

  • Mara Karlin décrit la nouvelle stratégie de défense pour le Moyen-Orient comme un «changement de paradigme» qui s’éloigne de l'idée de baser des centaines de milliers de soldats américains statiques dans la région
  • Elle soutient que le «comportement imprudent» de l’Iran dans la région serait contré par une approche multilatérale d’intégration militaire et d’interopérabilité des armes et des forces dans la région

WASHINGTON: La nouvelle stratégie de défense nationale des États-Unis au Moyen-Orient s’éloigne des guerres unilatérales visant à renverser les régimes par des moyens militaires. Elle investira plutôt dans la création de coalitions et de partenariats avec des États régionaux alliés, selon Mara Karlin, secrétaire adjointe à la Défense des États-Unis pour la stratégie, les plans et les capacités.

Lors d’un discours d’ouverture prononcé mercredi au Middle East Institute à Washington, en présence d’Arab News, elle a déclaré que la nouvelle stratégie de défense nationale des États-Unis donnerait la priorité aux «partenariats, à l’intégration et à l’interopérabilité» face aux menaces régionales au Moyen-Orient.

Mme Karlin affirme que la région du Moyen-Orient relève de la stratégie de sécurité nationale des États-Unis, qui comprend «des partenariats, une diplomatie de dissuasion, l’intégration et des valeurs».

Elle décrit la nouvelle stratégie de défense pour le Moyen-Orient comme un «changement de paradigme» qui s’éloigne de l'idée de baser des centaines de milliers de soldats américains statiques dans la région. Au lieu de cela, cette nouvelle stratégie reposera sur une collaboration avec les partenaires régionaux au moyen de partenariats, d’exercices militaires complexes et de l’interopérabilité des systèmes d’armes.

«Il s’agit d’un changement de paradigme dans notre approche de la région, qui ne met plus l'accent sur les objectifs irréalistes de transformation qui sont souvent poursuivis par des moyens militaires unilatéraux», précise-t-elle.

«Ce modèle théorique est plutôt axé sur nos avantages concurrentiels, nos partenariats et les principes fondamentaux d’une politique saine», poursuit-elle.

Mara Karlin soutient que la nouvelle stratégie qualifie le déploiement de centaines de milliers de soldats dans la région de «dissuasion inefficace». Cependant, elle indique que ce changement ne signifie pas que les États-Unis seront moins engagés au Moyen-Orient.

«La stratégie est très claire. Les États-Unis resteront engagés au Moyen-Orient», insiste-t-elle.

Elle souligne que la région du Moyen-Orient fait partie intégrante de la stratégie globale des États-Unis.

«Franchement, nos intérêts en matière de sécurité nationale sont étroitement liés à cette région», insiste-t-elle.

Mme Karlin déclare que le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a présenté la stratégie américaine dans la région lors d’un récent voyage au Moyen-Orient comme consistant à soutenir la «diplomatie» et la «dissuasion des conflits».

Cependant, M. Austin a ajouté: «Si nous étions toutefois contraints d’éloigner l’agression, nous gagnerions de manière décisive.»

Mara Karlin ajoute: «Soyons clairs, l’engagement des États-Unis en faveur de la sécurité au Moyen-Orient est solide et sûr.»

Elle affirme que l’avantage de la nouvelle stratégie découle de son travail au sein de formations et de partenariats multilatéraux ainsi que de l’agilité militaire américaine qui lui a permis de diriger les forces de manière rapide et efficace.

Mme Karlin soutient que le «comportement imprudent» de l’Iran dans la région serait contré par une approche multilatérale d’intégration militaire et d’interopérabilité des armes et des forces dans la région.

«L’intégration et l’interopérabilité sont essentielles pour lutter contre les activités irresponsables de l’Iran dans tous les domaines», explique-t-elle.

Elle cite comme exemple de cette stratégie le travail du Commandement central américain (Centcom) pour établir «les forces maritimes combinées», une force militaire et de sécurité de trente-quatre membres destinée à lutter contre le trafic de drogue et la piraterie en haute mer, à dissuader les «activités calomnieuses parrainées par l’État et à garantir la navigation commerciale».

Mara Karlin a également mentionné l’exercice militaire «Eagle Resolve» en cours, dans lequel le Centcom et les forces armées saoudiennes mènent un exercice multilatéral en association avec les forces armées des pays arabes du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

La stratégie des Etats-Unis au Moyen-Orient

Elle ajoute que la nouvelle stratégie américaine au Moyen-Orient portait déjà ses fruits, citant le Yémen et l’Irak comme exemples.

Elle déclare que le Yémen est actuellement témoin de la plus longue trêve entre les parties belligérantes, tandis que l’Irak est désormais accepté et réintégré dans la région. Mme Karlin mentionne également la défaite de groupes extrémistes comme «Al-Qaïda et l’État islamique» en Irak et en Syrie grâce à une coalition avec les États arabes.

Sur le plan international, la Chine constitue la plus grande menace à laquelle les États-Unis seront confrontés à l’avenir. La secrétaire adjointe indique que la principale stratégie de défense nationale des États-Unis est de maintenir et de renforcer la force de dissuasion contre la Chine.

La Chine est actuellement le seul pays au monde qui a l’intention et la capacité croissante de défier systématiquement les États-Unis sur tous les plans, diplomatique, économique et technologique, renchérit-elle.

La nouvelle stratégie de défense nationale des États-Unis décrit également la Russie comme une menace «aiguë». Elle mentionne également une série d’autres menaces, notamment l’Iran, la Corée du Nord et les organisations terroristes.

Publiée l’année dernière, la stratégie de défense nationale a été publiée pour la première fois de manière intégrée en incluant simultanément l’examen de la position nucléaire nationale et l’examen de la défense antimissile.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
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  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).