Biens mal acquis libanais: une juge française émet un mandat d'arrêt international contre Riad Salamé

M. Salamé, 72 ans, est soupçonné de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais. Il réfute ces accusations. (AFP)
M. Salamé, 72 ans, est soupçonné de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais. Il réfute ces accusations. (AFP)
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Publié le Mardi 16 mai 2023

Biens mal acquis libanais: une juge française émet un mandat d'arrêt international contre Riad Salamé

  • M. Salamé est soupçonné de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais
  • La magistrate française peut désormais choisir de reconvoquer M. Salamé, ou alors de décerner un mandat d'arrêt international

PARIS: Décision majeure dans l'enquête française sur le patrimoine de Riad Salamé: une juge a délivré mardi un mandat d'arrêt international visant le puissant gouverneur de la banque centrale libanaise, qui a promis de se "battre" contre cette décision.

M. Salamé, qui réfute les accusations le visant, était convoqué mardi matin au tribunal judiciaire de Paris pour un interrogatoire en vue d'une éventuelle mise en examen mais ne s'y est pas présenté, selon son avocat Me Pierre-Olivier Sur et une source proche du dossier.

Me Sur a assuré à l'AFP que la convocation a été adressée "moins de dix jours avant la date prévue de l'interrogatoire. Les textes n'ont pas été respectés. La convocation est donc caduque. C'est imparable".

Une source judiciaire libanaise avait indiqué lundi que des policiers libanais s'étaient rendus pendant quatre jours consécutifs la semaine dernière au siège de la Banque du Liban (BDL) pour délivrer la convocation à M. Salamé, sans succès.

Après ce refus de comparaître, la magistrate française en charge du dossier avait deux options: reconvoquer M. Salamé ou délivrer un mandat d'arrêt international.

Selon la source proche du dossier, elle a choisi la seconde, mettant en cause formellement mardi M. Salamé pour la première fois dans l'information judiciaire ouverte depuis juillet 2021.

M. Salamé "a été personnellement informé de cette convocation, ainsi que son avocat, depuis plusieurs semaines", a assuré une source judiciaire française.

"Son refus de comparaître a donc conduit le juge d’instruction à délivrer un mandat d’arrêt", une mesure "nécessaire et proportionnée", a ajouté cette source.

"Je vais me battre contre cette (...) violation flagrante de la loi", a répliqué M. Salamé dans un communiqué diffusé en arabe, tandis que son avocat a promis de "saisir les juridictions compétentes", ce qui pourrait passer par une contestation formelle du mandat devant la cour d'appel de Paris.

Saisies

A la tête de la BDL depuis 1993, M. Salamé, 72 ans, est accusé dans son pays de corruption et d'être l'un des principaux responsables de la grave crise financière qui frappe le Liban depuis l'automne 2019.

Dans ce dossier objet d'enquêtes dans plusieurs pays européens, il est soupçonné de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics libanais.

Depuis le début de l'année, des juges européens, dont la juge française, se sont rendus à trois reprises au Liban pour l'interroger, ainsi que ses proches.

Au moins deux mises en examen ont été prononcées en France: Anna K. une proche de M. Salamé, soupçonnée d'être l'une de ses prête-noms en France; et Marwan Kheireddine, ex-ministre et actuel patron de la banque privée al-Mawarid.

En mars 2022, France, Allemagne et Luxembourg avaient gelé 120 millions d'euros d'avoirs libanais soupçonnés d'appartenir à M. Salamé.

La cour d'appel de Paris doit examiner le 23 mai la validité des saisies réalisées par la France.

Les conséquences concrètes du mandat d'arrêt sont difficiles à déterminer dans l'immédiat. Il pourrait limiter les déplacements à l'étranger de M. Salamé.

"Le Liban n'a pas encore été notifié du mandat d'arrêt international", a indiqué mardi à l'AFP une source judiciaire libanaise sous couvert d'anonymat.

"Dérobade" 

"Le Liban n'extrade pas ses ressortissants vers d'autres pays. Lorsqu'un mandat d'arrêt international est émis via une notice rouge Interpol, la justice libanaise demande à la France de lui transmettre le dossier complet sur lequel se fonde la décision des juges français", selon la même source.

"Si l'accusation est jugée valable, la justice peut le poursuivre au Liban", a-t-on encore poursuivi.

L'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine a été détenu pendant un an au pays du Cèdre après avoir été visé par un mandat d'arrêt international émis par la France suite à sa condamnation dans l'affaire Karachi.

Après sa fuite rocambolesque du Japon, l'ex-PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn a lui trouvé refuge au Liban et a été légalement contraint d'y rester, le Liban lui ayant interdit de voyager en raison des poursuites japonaises.

Me William Bourdon, avocat de l'association Sherpa et du Collectif des victimes des pratiques frauduleuses et criminelles au Liban (CPVCL), parties civiles, a dénoncé "le cynisme et le refus d'assumer toute responsabilité" de M. Salamé. D'après l'avocat, "un jour ou l'autre, il sera arrêté".


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.