LONDRES: La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) estime que l'économie russe va se contracter moins que prévu cette année mais que l'économie turque va pâtir plus qu'anticipé des séismes de février.
Dans l'ensemble, les économies des pays dans lesquels est présente la BERD devraient croître de 2,2%, anticipe l'institution, moins que les 2,3% projetés précédemment - selon une prévision de février actualisée en utilisant les données les plus récentes.
La BERD note que si l'inflation a commencé à reculer après les envolées des prix de l'énergie dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine, en mars elle atteignait en moyenne encore 14,3% dans ses régions.
En Turquie, après une croissance de 5,6% en 2022, menée surtout par une politique monétaire "non orthodoxe" de taux d'intérêt faibles malgré une inflation qui a flambé à 85% sur un an en octobre avant de retomber plus récemment à 50%, l'activité devrait croitre de 2,5% en 2023.
Cela représente une révision à la baisse de 0,5 point de pourcentage comparé à la précédente prévision en février, à cause de l'impact des tremblements de terre dévastateurs du même mois.
Les dégâts devraient "dépasser 100 milliards de dollars" et les efforts de reconstruction post-séismes devraient soutenir en 2024 la croissance, attendue à 3%, estime le rapport trimestriel.
"Ces dernières années, la Turquie a donné la priorité à la croissance sur la stabilité macroéconomique. Il y a une limite à combien de temps on peut (...) ignorer les lois élémentaires de l'économie", remarque Beata Javorcik, cheffe économiste de la BERD.
A l'heure où la Turquie s'achemine vers un second tour pour son scrutin présidentiel, "peu importe qui gagne, des choix difficiles attendent le prochain gouvernement", a-t-elle ajouté.
En Ukraine, l'économie devrait croître de 1% cette année, après un effondrement sans précédent du PIB de 29% en 2022 avec le début de l'invasion russe.
"Les producteurs doivent faire face à de fréquentes pannes d'électricités, des dégâts à leurs installations et infrastructures, des difficultés de logistique, pénuries de travailleurs et des raids aériens occasionnels", détaille le rapport. Mais la stabilité macroéconomique a été maintenue par des financements de long terme et un programme du FMI.
L'an prochain, la BERD pronostique une croissance de 3%, malgré de fortes incertitudes sur l'évolution du conflit.
En Russie, l'économie s'est contractée de 2,1% l'an dernier, moins qu'attendu, et devrait de nouveau se contracter de 1,5% cette année, une révision à la hausse d'1,5 point comparé à février.
Le pays bénéficie de recettes pétrolières plus élevées qu'attendu grâce notamment aux transactions réorientées vers d'autres pays pour compenser la perte des achats d'Europe de l'est. Un retour à la croissance est attendu à 1% l'an prochain.