Les électeurs de 4.820 communes ont commencé à voter aux municipales

Le Premier ministre français Edouard Philippe votant au Havre au second tour des Municipales. (Sameer AL DOUMY/AFP)
Le Premier ministre français Edouard Philippe votant au Havre au second tour des Municipales. (Sameer AL DOUMY/AFP)
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Publié le Mardi 14 juillet 2020

Les électeurs de 4.820 communes ont commencé à voter aux municipales

  • Les bureaux de vote de 4.820 communes ont ouvert aujourd'hui à 08H00 pour le second tour des élections municipales, organisé avec des précautions sanitaires exceptionnelles liées à l'épidémie de coronavirus près de trois mois et demi après le premier.
  • Scrutin à risque pour Macron

PARIS: L'un des enjeux principaux du scrutin est la participation, alors que moins d'un électeur sur deux s'était déplacé le 15 mars. Le suspense est important dans quelques-unes des plus grandes villes -Lyon, Marseille, Toulouse, Montpellier, Strasbourg, ... -, tandis qu'au Havre, le Premier ministre Edouard Philippe joue en partie son avenir à Matignon. Ces municipales se tiennent enfin à la veille d'une séquence cruciale pour le président Emmanuel Macron, attendu en fin de matinée dans un bureau de vote du Touquet. Le chef de l'Etat pourrait, dans les jours qui viennent, procéder à un remaniement et préciser son intention affichée de "se réinventer" pour les deux dernières années de son mandat. 

Plus de 157.000 candidats et 16,5 millions d'électeurs sont concernés par ce scrutin hors normes, avec port du masque obligatoire dans les bureaux de vote, gel hydroalcoolique et priorité aux personnes vulnérables pour voter. Quelque 15% des communes sont concernées, ainsi que les arrondissements et secteurs de Paris, Lyon, Marseille, où les conseils n'ont pas été élus au complet le 15 mars. Le second tour concerne principalement les villes, puisque les communes rurales ont massivement conclu l'élection dès le premier tour. Outre les traditionnels duels, les candidats s'affronteront dans 786 triangulaires et 155 quadrangulaires. Le vote a en revanche été à nouveau reporté en Guyane, où le virus continue de se propager.

Le premier défi sera celui de la participation, après la dégringolade du premier tour, quand 44,3% seulement des électeurs - contre 63,5% en 2014 - s'étaient déplacés pour voter en raison des risques de contamination. A l'issue d'une campagne souvent cantonnée aux réseaux sociaux et aux médias, une abstention massive se profile à nouveau. Six Français concernés sur dix pourraient ne pas aller voter, selon plusieurs sondages. Une proportion encore plus élevée qu'au premier tour. Mais nombre d'électeurs ne se décident qu'au dernier moment. Principale innovation, d'une portée limitée, pour faciliter le vote : un même mandataire pourra disposer de deux procurations au lieu d'une, pour permettre à un plus grand nombre de personnes, notamment aux plus âgées, de voter sans se déplacer.

Finis les maires inamovibles qui choisissaient leur successeur ! Les résultats s'annoncent cette fois serrés dans une dizaine des grandes villes de France, principalement sous la poussées des écologistes. A Paris, Anne Hidalgo (PS), qui a contenu au premier tour ses partenaires d'EELV en endossant elle-même un programme résolument écolo, semble en position de garder la ville à gauche, avec autour de 44% d'intentions de vote, loin devant ses concurrentes LR Rachida Dati et LREM Agnès Buzyn.  Pour La République en Marche, le jour du vote est celui de la fin du calvaire : peu de ses candidats sont bien placés - à l'exception de Strasbourg - et la campagne au rabais ne leur a guère permis de se faire connaître.  Dimanche soir, le résultat au Havre, où Edouard Philippe joue son avenir à Matignon, sera très attendu. Le Premier ministre, qui connaît un regain de popularité, y est crédité de 53% d'intentions de vote (Ifop). Mais l'importance de l'enjeu peut mobiliser les abstentionnistes du premier tour.

Droite et gauche pour confirmer, les Verts pour percer

Très affaiblis au plan national, le Parti socialiste et Les Républicains se sont refaits une santé localement. Le PS est en capacité de conserver ses bastions - Paris, Nantes, Rennes, Dijon - et devrait retrouver le niveau qui était le sien après la perte de très nombreuses villes en 2014. Les Républicains ont quant à eux confirmé leur implantation en remportant dès le premier tour bon nombre des villes de plus de 9.000 habitants qu'ils contrôlaient. Mais une défaite à Marseille, que la droite détient depuis 25 ans, ou à Toulouse, la quatrième ville de France, aurait une forte résonance politique.

Portés par la vague écologiste, les candidats EELV visent plusieurs grandes villes, dont Grenoble, Lyon, Strasbourg, Besançon, pour confirmer leur implantation, et ils dénoncent des "fronts antiécolos" pour leur faire barrage. Pour les Verts, qui ont longtemps servi de force d'appoint, il s'agit aussi de s'affirmer comme les premiers à gauche avant les prochaines échéances électorales. Principal adversaire d'Emmanuel Macron au plan national, le Rassemblement national reporte ses espoirs sur Perpignan après un premier tour mitigé. En cas de victoire, ce serait la première ville de plus de 100.000 habitants contrôlée par le parti depuis 1995.

"Troisième tour"

Les conseillers municipaux, élus pour six ans, se réuniront ensuite du vendredi 3 au dimanche 5 juillet pour élire les maires et leurs adjoints. Et dans certaines villes, il faudra effectivement attendre ce "troisième tour" pour connaître le nom du maire. Les électeurs éliront également dimanche, et sur un même bulletin, les conseils communautaires de quelque 1.100 communautés de communes, métropoles ou agglomérations, où se concentre désormais le pouvoir local. Des intercommunalités dont le rôle sera essentiel pour la relance économique à l'issue de la crise sanitaire.

La France, durement frappée par le nouveau coronavirus, a enregistré plus de 29.750 décès depuis le début de l'épidémie de Covid-19. L' abstention massive, mi-mars, n'avait pas vraiment favorisé le parti présidentiel, la République en Marche (LREM). Distancé à Paris et Marseille ou Lille, forcé à des alliances avec la droite à Lyon ou Bordeaux, il n'est en position de force dans aucune ville majeure pour le second tour.  "Le problème est que LREM est un parti neuf qui n'a pas d'enracinement local et qui a du mal à s'imposer comme une force. En plus, il a brouillé son image en contractant des alliances à gauche mais surtout à droite après le premier tour", pointe Jean Garrigues, historien et enseignant à l'université d'Orléans (centre). "Peut-être la défiance va s'exprimer encore plus par l'abstention que par le vote anti-Macron", ajoute t-il. L' objectif de LREM - 10.000 places de conseillers municipaux sur les 535.000 que compte la France - est un révélateur de ses faibles ambitions.  Même au Havre, ville portuaire de l'ouest du pays, le Premier ministre Edouard Philippe qui avait pourtant laissé de côté l'étiquette LREM n'est pas certain de l'emporter. 

France de l'après-coronavirus

Sa défaite contraindrait probablement Emmanuel Macron à un remaniement ministériel. Une situation paradoxale à l'heure où le président a cristallisé les critiques sur la gestion de la crise du coronavirus et où son Premier ministre le dépasse largement dans les études d'opinion. Le président français, qui consulte à tout va mais ne laisse rien filtrer de ses intentions, détient seul les clés d'un éventuel remaniement. Reste à savoir également à quel point ce scrutin peut avoir un impact sur la deuxième partie du quinquennat d'Emmanuel Macron qui a laissé entendre que la crise du coronavirus allait changer profondément les choses et dit qu'il lui fallait "se réinventer". 

Ces dernières semaines, plusieurs défections de députés ont fait perdre à LREM la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Et une débâcle aujourd'hui pourrait fragiliser un peu plus cette majorité affaiblie voire réveiller certaines ambitions en vue de la présidentielle de 2022.  "Lorsqu'on a une conception du pouvoir qui est très verticale, et très personnelle finalement, on peut imaginer qu'il n'a pas envie d'avoir un parti qui soit un boulet au pied", explique Chloé Morin, politologue associée à la Fondation Jean-Jaurès. Dans les cortèges du mouvement social des "gilets jaunes" en 2018-2019 ou des manifestations contre la réforme des retraites l'hiver dernier, c'est d'ailleurs cette conception verticale du pouvoir qui était largement critiquée.  

Probablement soucieux d'évacuer au plus vite cet encombrant scrutin, Emmanuel Macron a d'ores et déjà prévu de s'exprimer le 29 juin. Il donnera ses premières réponses aux propositions formulées par la Convention citoyenne sur le climat, une assemblée de 150 citoyens tirés au sort pour redonner des couleurs à la démocratie directe dans le pays. Le président français est aussi à l'initiative avec la chancelière allemande Angela Merkel d'un mécanisme inédit de mutualisation de la dette européenne - pour l'instant fixé à 750 milliards d'euros - afin d'aider l'UE à surmonter la crise historique engendrée par la pandémie de coronavirus.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.