PARIS: Exclus des compétitions internationales depuis l'invasion en Ukraine, les judokas russes et bélarusses ont fait leur réapparition sur la scène internationale aux Mondiaux à Doha et espèrent désormais assurer leur présence aux Jeux olympiques de Paris dans un peu plus d'un an.
À la peine au niveau des résultats jusque-là, les Russes, qui concourent sous drapeau neutre, ont décroché un premier titre vendredi grâce à Arman Adamian, sacré en -100 kg.
Après sa victoire, le drapeau russe a été remplacé au cours de la cérémonie protocolaire par une bannière affichant le logo de la compétition, et l'hymne de la Fédération internationale (IJF) a été joué à la place de l'hymne russe. Sur son kimono figuraient les lettres "AIN" pour "Athlètes indépendants et neutres", là où les autres judokas arborent le nom de leur pays.
Interrogé sur le sentiment que lui procurait le fait de concourir sous bannière neutre, Adamian a répondu: "No comment".
"Nos sportifs comprennent qu'ils sont ici en tant qu'athlètes neutres parce que c'est la règle du Comité international olympique (CIO), nous le comprenons mais nous espérons que la situation changera", a complété auprès de l'AFP Maria Tikhonravova, cheffe de la communication de la fédération russe.
«Une grande famille»
Lors de ces Mondiaux, première compétition internationale d'envergure à avoir réintégré les sportifs russes et bélarusses, les intéressés disent avoir été bien accueillis par les autres délégations. "Le judo est une grande famille", a souligné Adamian.
"Quand je suis arrivée, j'ai rencontré des personnes de l'IJF, de l'EJU (la Fédération européenne, NDLR) et d'autres équipes et tout le monde nous a dit qu'on leur avait manqué et qu'ils espéraient que nous pourrions rester pour les autres compétitions jusqu'aux Jeux olympiques", a déclaré Maria Tikhonravova.
La réintégration des Russes a entraîné le renoncement des Ukrainiens mais contrairement aux Mondiaux de boxe où d'autres pays se sont retirés de la compétition pour protester contre la présence des Russes, le mouvement n'a pas été suivi par les autres délégations.
Si la Fédération polonaise du judo s'est d'abord déclarée "choquée" par la décision de l'IJF, elle a ensuite envoyé ses athlètes au Qatar pour ne pas "punir" ses judokas, alors que la qualification olympique a déjà commencé.
Les Allemands auraient eux "expressément souhaité une autre décision" afin de "donner un signal contre cette guerre d'agression" mais n'ont pas voulu "désavantager" leurs athlètes.
Pendant leur exclusion, les judokas russes ont continué à s'entraîner, prenant part à des compétitions nationales ou à des stages avec les athlètes bélarusses. "Je n'ai jamais cessé de m'entraîner, j'ai continué à travailler et je pense que (le résultat) que j'ai eu, je le mérite", a estimé Adamian.
«Nous sommes patriotes»
Le niveau des Russes constituait une curiosité pour les autres combattants et les revoir dans une compétition internationale a aussi permis de les évaluer.
"Autant les voir un an avant les Jeux", avait déclaré avant le début de la compétition le DTN adjoint de l'équipe de France Bastien Puget. "Ça nous donne une photo de leur niveau puisqu'on ne les a pas vus depuis mars 2022."
"Mais on regrette de ce fait que l'Ukraine ne soit pas là, c'est dommage, le tableau n'est pas complet", a ajouté le DTN Sébastien Mansois.
Après ce retour sur la scène internationale, les Russes espèrent maintenant pouvoir voir Paris pour les Jeux olympiques l'an prochain, si possible avec leur drapeau.
Si le CIO a recommandé fin mars leur retour dans les compétitions sportives internationales sous plusieurs conditions de neutralité, l'instance ne s'est pas prononcée sur leur présence aux Jeux.
"Bien sûr, nous voulons aller (aux JO) avec notre drapeau et notre hymne. Je suis une citoyenne russe, vous êtes patriotes de votre pays, nous sommes patriotes de notre pays. Mais si nous avons l'occasion d'y aller en tant que judoka individuel...", a déclaré Maria Tikhonravova.
En mars, l'escrime avait été le premier sport à autoriser de nouveau la présence des sportifs russes et bélarusses, avant d'être suivie par le triathlon. D'autres disciplines, comme la gymnastique, ont prolongé leur exclusion.