STOCKHOLM: La sécurité mondiale est menacée par le risque que d'autres puissances imitent la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine, se sont inquiétés samedi les représentants des pays de l'UE et de la région Indo-Pacifique réunis pour un forum ministériel à Stockholm.
"L'environnement sécuritaire mondial continue de se détériorer. Il y a moins de confiance entre les principaux acteurs et un affaiblissement du respect du droit international", a souligné le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell dans son allocution d'ouverture.
"La force et la coercition sont en hausse. Ce n'est pas la loi, c'est la force qui détermine de plus en plus le comportement du monde", a-t-il déploré. "De nombreux pays se sentent en conséquence obligés d'augmenter leurs investissements militaires", a-t-il commenté.
Invité d'honneur, le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba a dénoncé la violation de la Charte des Nations unies par la Russie avec la guerre menée contre son pays. Il a invité les représentants des 17 pays de la région Indo-pacifique à soutenir le plan de paix présenté par le président Volodymyr Zelensky.
Plusieurs intervenants se sont fait l'écho de ces préoccupations. "La guerre illégale de la Russie nous concerne tous, car d'autres Etats se sentiront libres de faire la même chose demain, ailleurs", a ainsi averti la ministre française Catherine Colonna.
La France avait organisé la première réunion du Forum UE-Indo-Pacifique le 22 février 2022,"deux jours avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie", a-t-elle rappelé.
L'objectif de ce forum, dont la Chine n'est pas membre, est de nouer des partenariats économiques entre l'UE et une région qui contribue à deux tiers de la croissance mondiale et absorbe 25% des exportations européennes.
Son homologue japonais Hayashi Yoshimasa a dénoncé les menées de la Chine, les menaces contre Taïwan et les provocations de la Corée du Nord qui "remettent en cause la sécurité dans la région".
"Nous ne voulons pas d'une autre Guerre froide. La région Indo-Pacifique ne doit pas devenir un autre théâtre de rivalités", a renchéri la ministre indonésienne Retno Marsudi.
Le Forum offre "une plateforme pour échanger", a insisté le ministre des Comores Dhoihir Dhoulkamal, représentant de l'Union africaine, en déplorant lui aussi les conséquences de la "forte concurrence que se livrent les grandes puissances dans la région".
La réunion a été ouverte par le roi Carl Gustaf de Suède et la princesse héritière Victoria. Les discussions se sont tenues à huis clos.
Josep Borrell a annoncé la transformation du forum en "un événement régulier qui doit avoir lieu chaque année".
Catherine Colonna a pour sa part plaidé pour "adosser les réunions du forum avec celles de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et demandé l'organisation d'un sommet.