SAINT-PIERRE: Élisabeth Borne a préféré éviter les quelques manifestants protestant contre la réforme des retraites, vendredi à Saint-Pierre, avant d'arpenter le marché de la commune de Saint-Joseph, une étape non prévue dans son programme, lors du second jour de son déplacement à La Réunion.
Après avoir rencontré le groupe de dialogue inter religieux de l'île, la Première ministre s'est rendue à la Maison des Projets de Saint-Pierre pour se faire présenter les projets de rénovation urbaine de la ville.
A son arrivée, une trentaine d'opposants l'ont conspuée. "La retraite à 60 ans, on s'est battu pour la gagner, on se battra pour la garder", scandaient ces manifestants, dont plusieurs arboraient les couleurs du syndicat de Sud Éducation, certains de FO.
Ils ont été repoussés par les forces de l'ordre qui les ont ensuite gardés sous surveillance.
Mme Borne s'est alors rendue en voiture à l'Hôtel de ville de Saint-Pierre, distant de seulement 200 mètres. Une dizaine de manifestants scandant les mêmes slogans l'attendaient sur place, tenus à distance par les policiers.
"Je pense qu’on les a entendus, les manifestants anti-retraites. Je pense que c’est normal qu’il y ait de la contestation sur ce sujet. Je regrette que ça se fasse de façon très bruyante et que ça m’empêche de discuter avec ceux qui au contraire soutiennent l’action du gouvernment", a déclaré à la presse la Première ministre.
"En venant ici à La Réunion, chacun a en tête les scores à l’élection présidentielle et aux élections législatives (Marine Le Pen a largement devancé Emmanuel Macron au second tour et l'île ne compte aucun député de la majorité, NDLR). On sait qu'il y a des opposants politiques au gouvernement à l’île de la Réunion. Moi, je ne fais pas le choix de la facilité. Je suis là pour écouter les habitants, ceux qui contestent, ceux qui ont des attentes, et je vais continuer", a poursuivi la Première ministre.
Mme Borne a ensuite quitté Saint-Pierre pour la commune de Sainte-Rose où elle a visité le site d'une exploitation de vanille en agroforesterie. Sur le trajet, elle s'est arrêtée au marché de Saint-Joseph où elle est restée environ un quart d'heure, discutant avec quelques commerçants et achetant quelques produits locaux.
Dans un communiqué, le maire de gauche de la ville Patrick Lebreton a protesté contre une venue "en misouk (en catimini)". "J'ai été mis devant le fait accompli à la toute dernière minute alors que je me trouvais à la Région Réunion, à l'autre bout de l'île". Une "attitude qui va totalement à l'encontre de l'idée républicaine que je me fais d'une visite ministérielle, a fortiori d'une Première ministre".