ISLAMABAD: L'ancien Premier ministre Imran Khan a été remis mercredi par un tribunal à l'organisme national de lutte contre la corruption pour huit jours de détention provisoire, dans le cadre d’une enquête concernant une affaire où il est accusé, ainsi que son épouse, d'avoir reçu un terrain d’une valeur de plusieurs millions de dollars en guise de pot-de-vin de la part d’un magnat de l'immobilier par le biais d'un fonds à caractère caritatif.
Imran Khan a été présenté devant le juge Mohammed Bashir dans l'affaire Al-Qadir Trust au siège de Police Lines d’Islamabad, qui a reçu dans la nuit du mardi le statut de tribunal.
M. Bashir a ordonné la détention provisoire de huit jours sous la garde du National Accountability Bureau, et a ordonné aux responsables de présenter Imran Khan au tribunal le 17 mai.
L'avocat de l'ancien Premier ministre, Sher Afzal Khan Marwat, a déclaré à Arab News après le verdict : «Imran Khan m'a transmis un message pour le peuple pakistanais et m'a demandé de vous le confier dans les mêmes termes. Nous lui avons dit que le peuple était descendu dans les rues et avait protesté contre son arrestation.»
«Il (Khan) a dit: ‘Dites au peuple que si la loi martiale est imposée par (le chef de l’armée) Asim Munir, vous devez défendre fermement l’État de droit.’»
Le fonds Al-Qadir Trust, propriété de Khan et de sa troisième épouse, gère une université située à l’extérieur d'Islamabad consacrée à la spiritualité et aux enseignements islamiques. Le projet est inspiré par la femme d’Imran Khan, communément appelée Bushra Bibi, qui a la réputation d'être une guérisseuse spirituelle.
Le ministre de l'Intérieur, Rana Sanaullah, a déclaré mardi lors d'une conférence de presse que le fonds était une façade permettant à Khan de recevoir un terrain de grande valeur en guise de pot-de-vin de la part d'un promoteur immobilier, qui est l'un des hommes d'affaires les plus riches et les plus puissants du Pakistan. Le fonds possède près de 60 acres de terrain d'une valeur de 7 milliards de roupies pakistanaises (24,7 millions de dollars) et un autre grand terrain à Islamabad près de la maison de Khan bâtie sur une colline, a affirmé le ministre.
La parcelle de 60 acres, qui est le siège officiel de l'université, abrite très peu de constructions.
Son assistant Fawad Chaudhry a affirmé mardi que les accusations de pot-de-vin lié aux terrains étaient fausses.
Quelques heures seulement après qu’Imran Khan a été placé en garde à vue dans l'affaire Al-Qadir Trust, son avocat a confirmé que l'ancien Premier ministre avait été inculpé dans une affaire distincte impliquant la vente de cadeaux d'État, communément appelée dossier Toshakhana.
«Nous avons boycotté la procédure judiciaire, et Imran Khan n'a pas non plus signé les documents», a-t-il déclaré aux médias.
Imran Khan a été arrêté mardi dans les locaux de la Haute Cour d'Islamabad, ce qui a déclenché des manifestations à travers le pays par de fidèles partisans de son parti pakistanais Tehreek-e-Insaf, sans doute le plus populaire du pays.
La Haute Cour d'Islamabad a examiné mardi la question de savoir si l'arrestation d’Imran Khan depuis l'intérieur des locaux du tribunal était légale et a statué tard dans la soirée que c'était le cas.
Le parti Tehreek-e-Insaf a déposé mercredi une requête auprès de la Cour suprême contestant la décision de la Haute Cour d’Islamabad. Cette requête a été rejetée par la Cour suprême.
Le chef du parti, Asad Umar, a également été arrêté au palais judiciaire d'Islamabad mercredi matin après son arrivée pour déposer une requête en vue de rencontrer Imran Khan. Les motifs de son arrestation n’ont pas été révélés.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com