Londres, Royaume-Uni : Les conservateurs britanniques enregistrent vendredi de premiers résultats difficiles lors des élections locales en Angleterre, premier scrutin depuis l'arrivée au pouvoir de Rishi Sunak de mauvais augure pour les prochaines législatives.
Au lendemain du vote qui s'est tenu jeudi pour renouveler des conseils municipaux, dont les résultats ont commencé à arriver dans la nuit, les Tories, qui gouvernent le pays depuis 13 ans, essuient déjà des défaites lourdes de sens dans de traditionnels bastions de la droite britannique.
«Il est toujours décevant pour ces conseillers conservateurs qui travaillent dur», a réagi Rishi Sunak sur Sky News, répétant ses promesses au niveau national concernant l'économie, la santé ou la lutte contre l'immigration illégale. Il avait dit mercredi s'attendre à des élections «difficiles».
Le parti travailliste, qui espère réussir à faire entrer son chef Keir Starmer à Downing Street à l'issue des prochaines élections législatives prévues d'ici à la fin de l'année prochaine, a par exemple remporté les conseils locaux de Plymouth (sud) et Stoke-on-Trent (nord), «capitale» du Brexit qui avait voté à 69% pour la sortie de l'UE en 2016.
Les conservateurs perdent également le conseil local d'Hertsmere, au nord-ouest de Londres, dont le vice-Premier ministre Oliver Dowden est député.
A la veille du couronnement du roi Charles III, les conservateurs perdent également le contrôle du Royal Borough de Windsor et Maidenhead, au profit des Libéraux-Démocrates (centre).
Après dépouillement des bulletins dans 62 des 230 conseils locaux en jeu cette année, les conservateurs perdent 225 élus. Le Labour en remporte 120. Les Libéraux-Démocrates enregistrent un gain net de 59 élus, les écologistes du Green party en remportent 32.
- Pièce d'identité pour voter -
La coordinatrice nationale de la campagne pour le Labour, Shabana Mahmood, a estimé que «ces résultats sont un désastre pour Rishi Sunak, que les électeurs punissent pour les échecs des Tories».
Les travaillistes anticipent une avance d'au moins 8% sur les conservateurs, un écart qui, avancent-ils, se traduirait par une victoire s'il se répétait lors des législatives, pour lesquels les sondages donnent depuis des mois une très nette avance aux travaillistes.
Le spécialiste des sondages John Curtice, politologue à l'université écossaise de Strathclyde, avait récemment souligné qu'une avance de plus de 10 points pour les travaillistes laisserait augurer une victoire aux élections générales.
Avant d'arriver au pouvoir respectivement en 1997 et en 2010, le travailliste Tony Blair et le conservateur David Cameron avaient tous deux remporté des succès avec une avance à deux chiffres aux élections locales ayant précédé les législatives, avait-il souligné sur la BBC.
«Nous dépassons toutes les attentes», s'est quant à lui réjoui le chef des Libéraux-Démocrates Ed Davey, se félicitant du coup porté au «blue wall» (mur bleu) conservateur.
Ces élections ont été marquées par une exigence inédite pour les électeurs: celle de présenter une pièce d'identité pour pouvoir voter.
Ce changement crée des remous et a été qualifié par ses détracteurs de manoeuvre pour exclure certains électeurs, en particulier les jeunes et les catégories populaires, la carte d'identité nationale à la française n'existant pas. Dans les rangs des travaillistes, certains députés dénoncent une décision destinée à contrer l'avance qui est la leur, d'après les sondages.
Là où l'association Electoral Reform Society, opposée à cette nouvelle obligation, a affirmé jeudi avoir constaté «des exemples innombrables» d'électeurs empêchés de voter, l'Association of Electoral Administrators, qui rassemble les administrateurs locaux des scrutins, a assuré que le vote se déroulait «aussi bien que d'habitude».