Londres, Royaume-Uni : La demande mondiale d'or a fléchi au premier trimestre pâtissant d'un désamour des investisseurs institutionnels et d'une baisse des achats de produits technologiques, comparé à il y a un an quand elle avait été dopée par la guerre en Ukraine et un afflux vers cette valeur refuge.
La demande d'or entre janvier et mars a atteint 1.081 tonnes, en baisse de 13% par rapport à la même période l'an dernier, selon un rapport trimestriel du Conseil mondial de l'or (CMO) publié vendredi.
"Le bilan est assez mitigé" pour l'or, résume auprès de l'AFP Krishan Gopaul, analyste au sein de l'organisation.
Le désintérêt des investisseurs professionnels s'est notamment traduit par des ventes d'ETF, ces titres financiers cotés, indexés sur le cours du métal jaune, reproduisant ainsi fidèlement le prix de l'or physique et permettant de parier sur son cours.
Les ETF ont enregistré des sorties de capitaux équivalentes à 28,7 tonnes d'or au premier trimestre.
Sur la même période en 2022, qui avait été marquée par un fort regain d'intérêt pour l'or dans un contexte d'instabilité géopolitique avec l'éclatement de la guerre en Ukraine, les ETF avaient au contraire enregistré des entrées de capitaux équivalentes à 270,7 tonnes d'or.
Dans le secteur technologique, la demande d'or a "connu l'un des trimestres les plus faibles jamais enregistrés", indique le CMO, la crise mondiale du coût de la vie freinant les dépenses des consommateurs en biens électroniques comme les téléphones portables ou les ordinateurs. Elle a ainsi dégringolé de 13% en glissement annuel, s'établissant à 70 tonnes pour le premier trimestre.
Par ailleurs, les achats d'or des banques centrales ont bondi de 176% au premier trimestre par rapport à la même période en 2022, s'établissant à 228,4 tonnes.
Ils poursuivent ainsi une dynamique enclenchée l'année dernière, s'intéressant particulièrement à l'or "qui se comporte bien en période d'inflation élevée, ce qui lui permet de garder sa valeur", explique M. Gopaul.
Dans le secteur de la bijouterie, la demande d'or est restée stable au premier trimestre avec une légère augmentation de 1% en glissement annuel, à 477,9 tonnes, la vigueur des achats en Chine compensant la faiblesse constatée dans d'autres pays comme en Inde, précise le CMO.
L'investissement physique en pièces et lingots est lui aussi resté stable de janvier à mars 2023 (+5% en glissement annuel), totalisant 302,4 tonnes.