PARIS: L'Assemblée française a adopté jeudi en première lecture un texte pour abroger l'obligation vaccinale anti-Covid des soignants, contre l'avis du gouvernement, qui voulait simplement la suspendre.
La proposition de loi du député du groupe à majorité communiste Jean-Victor Castor (Guyane) a été adoptée par 157 voix contre 137.
Le ministre français de la Santé François Braun a déploré un "message regrettable envoyé par cette Assemblée aux soignants", qui va "affaiblir notre capacité de réponse" en cas de nouvelle épidémie.
Le texte doit encore être étudié au Sénat.
Le gouvernement a annoncé sa volonté de réintégrer les soignants non vaccinés, après un avis émis en ce sens par la Haute autorité nationale de Santé.
Selon une instruction ministérielle consultée par l'AFP, ils seront considérés comme réintégrés "le lendemain" de la parution d'un décret prévue le 14 mai.
Insuffisant pour le député Jean-Victor Castor: "le décret ne fera que suspendre les suspensions, laissant la possibilité au gouvernement" d'y recourir à nouveau.
Son texte a été voté par les députés de droite, d'extrême droite, indépendants et l'immense majorité des députés de l'alliance de gauche présents. Plusieurs parlementaires ultramarins se sont relayés pour le défendre.
"En préférant la suspension à la suppression, vous renforcez une insécurité sanitaire que ces Français ne peuvent se permettre", notamment dans "les territoires d'Outremer", où "nous ne pouvons nous priver d'aucun personnel de santé", a lancé au ministre le député de Guadeloupe Olivier Serva (indépendant).
"Le refus de la vaccination c'est le refus de la science. Vous tournez le dos à la science", a tancé le député centriste Philippe Vigier. Son collègue de la majorité présidentielle Frédéric Valletoux (droite) a attaqué un texte qui va "favoriser le sentiment anti-vaccins".
"Ne nous privez pas d'une protection", a demandé sans succès François Braun aux députés.
"Je redis le respect que nous avons pour les scientifiques, pour la vaccination", a insisté le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel, tout en appelant à l'abrogation, afin qu'une éventuelle nouvelle obligation vaccinale passe forcément par le Parlement, et non par décret.
L'obligation vaccinale avait provoqué une flambée de violences aux Antilles françaises, où la population s'est montrée très réticente face au vaccin, dans des îles marquées par un fort taux de pauvreté.