En Provence, une eau douce jetée, longtemps ignorée et désormais convoitée

Cette photographie prise le 5 août 2003 montre la centrale hydroélectrique de Saint-chamas dont l'eau de refroidissement s'écoule dans l'étang de Berre, à Saint-Chamas, dans le sud de la France. (Photo by Boris HORVAT / AFP)
Cette photographie prise le 5 août 2003 montre la centrale hydroélectrique de Saint-chamas dont l'eau de refroidissement s'écoule dans l'étang de Berre, à Saint-Chamas, dans le sud de la France. (Photo by Boris HORVAT / AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 04 mai 2023

En Provence, une eau douce jetée, longtemps ignorée et désormais convoitée

  • Après 2022 et sa sécheresse historique, Etat, élus, agriculteurs, défenseurs de l'environnement et EDF planchent sur des scénarii pour mieux valoriser cette eau, tout en maintenant la production électrique
  • D'autant qu'avec le changement climatique la ressource devrait diminuer de 15% d'ici 2050 dans tout le bassin de la Durance, qui alimente en eau potable trois millions de personnes, permet d'irriguer 100.000 hectares de terres agricoles

PARIS: En Provence, frappée par des épisodes de sécheresse liés au réchauffement climatique, le rejet "comme un déchet" de centaines de millions de mètres cubes d'eau douce dans une lagune salée interroge sur une meilleure valorisation de cette précieuse ressource.

Non polluée, cette eau provient de la Durance, nourrie des neiges alpines. Electricité de France (EDF) dérive une partie de cette rivière pour produire de l'électricité, via une chaîne de centrales allant des Alpes à Saint-Chamas, en Provence.

C'est là que l'eau douce, une fois turbinée, finit sa course, déversée dans l'étang de Berre, la plus grande lagune méditerranéenne de France. EDF a le droit d'y rejeter jusqu'à 1,2 milliard de m3 par an, soit plus de 300.000 piscines olympiques.

"Face au changement climatique, c'est incroyable de balancer un milliard de m3 d'eau douce, comme un +déchet+, alors qu'à une dizaine de kilomètres on manque d'eau", dénonce Philippe Picon, directeur ressource en eau du Syndicat mixte d'aménagement de la vallée de la Durance (SMAVD), un établissement public.

Après 2022 et sa sécheresse historique, Etat, élus, agriculteurs, défenseurs de l'environnement et EDF planchent sur des scénarii pour mieux valoriser cette eau, tout en maintenant la production électrique.

D'autant qu'avec le changement climatique la ressource devrait diminuer de 15% d'ici 2050 dans tout le bassin de la Durance, qui alimente en eau potable trois millions de personnes, permet d'irriguer 100.000 hectares de terres agricoles et fait tourner des industries, rappelle M. Picon.

"Peut-on encore accepter de gaspiller cette quantité?", s'interroge le maire de Saint-Chamas, Didier Khelfa.

Avec d'autres élus du Groupement d'intérêt public pour la réhabilitation de l'étang de Berre (Gipreb), il s'implique depuis des années pour diminuer ces rejets. Car cette eau douce perturbe l'écosystème lagunaire, jusqu'à asphyxier la faune et la flore comme en 2018.

Nouveau canal ?

En 2022, EDF -qui rejette de fait entre 650 et 960 millions de m3 en moyenne selon les années- était prête à réduire la quantité turbinée. Mais "sont intervenues la guerre en Ukraine et les tensions sur le marché de l'énergie" et l'électricien a voulu maintenir sa production, rappelle à l'AFP le préfet Christophe Mirmand.

"Il est évident" que "la question se pose de savoir si cette eau ne pourrait pas être récupérée", poursuit-il, que ce soit "pour des usages agricoles ou pour répondre à des besoins industriels" comme la future production d'hydrogène près du port de Marseille.

Première piste: en utiliser une partie -200 à 300 millions de m3- pour les productions agricoles de la plaine de la Crau, comme le foin, culture traditionnellement sans pesticide et dont l'eau d'irrigation recharge une nappe phréatique desservant 270.000 habitants.

"La dérivation peut se faire directement à partir des canaux existants, à partir de Mallemort (Bouches-du-Rhône). Cela sacrifierait deux centrales électriques à Salon et Saint-Chamas, il y aurait quelques travaux de modernisation des canaux, mais pas pharaoniques", explique Didier Khelfa.

Fin de non-recevoir pour EDF, qui regrette déjà de n'utiliser ces deux centrales qu'à 30% en raison de la limitation des rejets d'eau imposée depuis 2004 par la justice européenne.

"Nous sommes dans une concertation positive avec trois objectifs communs: production d'énergie renouvelable pour la région, restauration écologique de l'étang de Berre, valorisation de l'eau douce", indique à l'AFP Pascale Sautel, directrice Concessions d'EDF Hydro Méditerranée. Or "ce projet ne garantit pas l'objectif" de restaurer les capacités de production d'hydroélectricité, ajoute-t-elle.

Autre piste, à long terme: un nouveau canal partant de la centrale de Saint-Chamas. Deux tracés, pour desservir l'industrie, irriguer, renforcer les nappes, sont étudiés: l'un transporterait l'eau vers le golfe de Fos ; l'autre irait jusqu'au Rhône et pourrait aider la Camargue face aux avancées maritimes.

Les travaux coûteraient des centaines de millions d'euros, voire plus d'un milliard: "Il faut être prudent sur la faisabilité technique", relève le préfet, rappelant que ces projets sont au stade des études.

Si l'eau de Saint-Chamas a fait l'objet de fausses affirmations virales sur les réseaux sociaux - un supposé échange contre du pétrole avec le Moyen-Orient démonté par un article de vérification de l'AFP-, élus, gouvernement, ONG et EDF rejettent cette "aberration".

"La seule destination acceptable de l'eau, c'est de la donner là où on en a besoin dans la région", résume René Benedetto, président de l'association écologiste L'étang nouveau.


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

Short Url
  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Short Url
  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Short Url
  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.