Ukraine : à Siversk, la livraison très organisée du pain malgré la guerre

Quelque 2 500 miches sont livrées là deux fois par semaine, à partir des villes de Kramatorsk et de Kostiantynivka (Photo, AFP).
Quelque 2 500 miches sont livrées là deux fois par semaine, à partir des villes de Kramatorsk et de Kostiantynivka (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 03 mai 2023

Ukraine : à Siversk, la livraison très organisée du pain malgré la guerre

  • Siversk est quasiment chaque jour la proie de frappes de l'armée russe qui vise notamment des positions de l'artillerie ukrainienne situées dans et autour de cette localité
  • En juillet et août derniers, Siversk (12 000 habitants avant la guerre) a été la cible d'importants bombardements des forces russes

SIVERSK: Les trois gros sacs calés sous le guidon de son petit scooter, Oleksandre accélère dans les rues de Siversk pour aller distribuer du pain à des habitants de cette ville de l'est de l'Ukraine.

Figée depuis l'été, la ligne de front est à moins de dix kilomètres.

Siversk est quasiment chaque jour la proie de frappes de l'armée russe qui vise notamment des positions de l'artillerie ukrainienne situées dans et autour de cette localité.

Oleksandre a, quant à lui, récupéré dans un centre d'aide humanitaire de la mairie les trois sacs, remplis chacun de 30 boules de pain.

Cette photographie prise le 2 mai 2023 montre des sacs de pain dans un point de distribution à Siversk, dans la région de Donetsk, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
Cette photographie prise le 2 mai 2023 montre des sacs de pain dans un point de distribution à Siversk, dans la région de Donetsk, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).

Quelque 2 500 miches sont livrées là deux fois par semaine, à partir des villes de Kramatorsk et de Kostiantynivka.

L'homme au scooter quitte le local municipal et roule plein gaz jusqu'à son quartier, sous un franc soleil bienvenu après plusieurs jours d'une pluie tombée dru.

"Il faut aller vite pour que rien ne vous rattrape", dit tout sourire l'homme de 44 ans, faisant allusion au risque qu'un obus ou une roquette ne s'écrase sur lui.

Blanc, sucré ou noir

Il distribue les pains aux habitants de sa rue, un chemin de terre parsemé d'ornières, bordé de petites maisons et d'arbres en fleurs.

Cet ancien soudeur, vêtu d'une salopette de travail bleu, explique avoir commencé cette action de solidarité quand, un jour, il a été "couvrir le toit de la maison du voisin qui avait été endommagée" et puis "on m'a demandé d'apporter du pain".

Il entame sa tournée chez sa voisine d'en face, Olena Ichakova, 62 ans.

"Le mardi, c'est deux pains blancs (par personne) et, le jeudi, c'est un pain sucré et un pain noir", dit la sexagénaire, en prenant quatre miches enveloppées dans des sacs en plastique siglés "WFP" (Programme alimentaire mondial, en anglais).

Sa fille et sa petite-fille ont été évacuées en février dernier dans l'ouest de l'Ukraine. Olena, pour sa part, est restée à Siversk avec son mari.

"Le 5 mai, cela fera un an que nous sommes privés d'électricité", lâche-t-elle, tandis qu'un tir d'artillerie ukrainienne résonne tout près.

"Nous ne savons même pas qui tire, ni où. Nous n'entendons que des explosions (...) Quand ils tirent, je suis assise dans la maison, la vitre tremble, c'est effrayant, très effrayant. Quand est-ce que ça va s'arrêter ?", interroge-t-elle.

En juillet et août derniers, Siversk (12 000 habitants avant la guerre) a été la cible d'importants bombardements des forces russes, qui ont aussi donné des assauts infructueux sur la petite ville.

Sa partie est, un ensemble de hauts et longs immeubles, a été particulièrement défigurée par les frappes. Le côté ouest, avec ses petites maisons, a été moins touché.

Autour de 1 500 habitants y sont encore présents, selon les autorités.

«Tous les voisins ont peur»

Oleksandre, le livreur, croise Valentyna Zarouba, 73 ans, chargée, quant à elle, de la distribution dans une rue voisine.

Cet hiver, la septuagénaire a fait sa tournée avec une brouette. Désormais, avec les beaux jours, elle prend son vélo.

L'homme au scooter lui donne une vingtaine de miches qu'elle met dans un panier à l'avant du guidon et dans une cagette en bois fixée sur le porte-bagages.

"Chaque rue a une personne qui vient chercher le pain (au local municipal) et va le livrer. Je suis responsable de ma rue, quelqu'un d'autre s'occupe d'une autre. C'est ainsi que nous procédons", explique-elle.

La livreuse à vélo se rend chez Lioubov Chtcherbak, 76 ans, qui l'accueille entourée d'une quinzaine de poules bavardes et de quatre coqs imposants.

"Comment pouvons-nous vivre sans pain ? Nous n'avons nulle part où en fabriquer" à Siversk, dit cette femme en récupérant sa livraison.

"Je ne sais plus quoi penser. J'espère que les choses vont s'améliorer... Je ne sais pas", ajoute-elle, le regard perdu.

A ses côtés, Valentyna Zarouba dit ne pas pouvoir "laisser une personne âgée seule. Ma conscience ne me permet pas de la laisser seule".

Selon elle, "tous les voisins ont peur. Et tout le monde prie Dieu pour que la guerre se termine le plus tôt possible et pour rester en vie, pour que nos maisons ne soient pas détruites. Le soir, s'il fait beau, nous nous réunissons tous et nous en parlons".

"Je serais heureuse que cela se finisse aujourd'hui. C'est horrible. Hier, un énorme obus est tombé au bout de la rue. Trois maisons ont été totalement détruites et une dame de 82 ans a été blessée".


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.