Soixante-dix ans après Elizabeth II, le Royaume-Uni se prépare à couronner son nouveau roi, Charles III

Le roi Charles III de Grande-Bretagne rencontre des invités après une cérémonie pour présenter les nouvelles normes et couleurs à la Royal Navy à Buckingham Palace, à Londres, le 27 avril 2023 (Photo, AFP).
Le roi Charles III de Grande-Bretagne rencontre des invités après une cérémonie pour présenter les nouvelles normes et couleurs à la Royal Navy à Buckingham Palace, à Londres, le 27 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 30 avril 2023

Soixante-dix ans après Elizabeth II, le Royaume-Uni se prépare à couronner son nouveau roi, Charles III

  • La cérémonie, au rituel fastueux ancré dans près de 1 000 ans d'histoire, se déroulera à l'Abbaye de Westminster
  • L'événement, qui attirera à Londres des milliers de Britanniques et de touristes étrangers, marquera le lancement d'un week-end de célébrations

LONDRES: Drapeaux peu à peu hissés dans les rues, fanions et objets aux couleurs de l'Union Jack en vente dans les magasins, le Royaume-Uni se prépare sans ferveur démesurée au couronnement du roi Charles III le 6 mai à Londres.

La cérémonie, au rituel fastueux ancré dans près de 1 000 ans d'histoire, se déroulera à l'Abbaye de Westminster, comme le veut la tradition depuis Guillaume le Conquérant en 1066.

La plupart des Britanniques n'ont jamais vécu un tel évènement, trop jeunes ou pas encore nés il y a 70 ans au moment du couronnement de la reine Elizabeth II, décédée en septembre dernier à 96 ans. Mais l'engouement pour ce nouveau roi de 74 ans qu'ils observent depuis des années, peine encore à se faire sentir dans un pays en proie à l'inflation et à un avenir économique incertain.

Membre des Blues and Royals, un régiment de cavalerie de l'armée britannique au centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).
Membre des Blues and Royals, un régiment de cavalerie de l'armée britannique au centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).

Et Charles, souvent perçu comme un monarque de transition avant l'arrivée sur le trône de son fils William, hérite d'une monarchie défendue par à peine plus de la moitié des Britanniques (58%) selon un sondage publié cette semaine.

Conscient de ce décalage, surtout chez les jeunes, cet écologiste convaincu et enclin à ouvrir les dossiers sensibles comme le passé colonial du Royaume, affiche sa volonté de moderniser la monarchie.

Le couronnement doit en témoigner, avec une durée réduite à deux heures devant 2 000 invités (contre trois heures et 8 000 personnes pour Elizabeth II), dont environ 500 personnes issues de la société civile et choisies pour leur rôle au sein de la communauté.

"Ce sera une grande célébration de notre histoire, mais aussi de ce qui viendra dans le futur et de ce que le roi va faire", a salué le Premier ministre Rishi Sunak sur Sky news.

Dans cette photo d'archive prise le 13 avril 2023, la porcelaine officielle produite pour le couronnement du roi de Grande-Bretagne Charles III est représentée sur une étagère dans une usine de Stoke on Trent, dans le centre de l'Angleterre, le 13 avril 2023 (Photo, AFP).
Dans cette photo d'archive prise le 13 avril 2023, la porcelaine officielle produite pour le couronnement du roi de Grande-Bretagne Charles III est représentée sur une étagère dans une usine de Stoke on Trent, dans le centre de l'Angleterre, le 13 avril 2023 (Photo, AFP).

Onction et procession

Pour la première fois le roi prononcera à haute voix une courte prière, des représentants d'autres cultes y tiendront un rôle actif, tandis que la reine recevra l'onction à la vue de tous et que des passages du service seront dit en gallois, gaélique écossais et gaélique irlandais.

Le coeur du rituel reste lui immuable: chef de l'Eglise d'Angleterre, Charles prêtera serment et recevra l'onction de l'archevêque de Canterbury, ainsi que les attributs royaux. Puis la couronne de Saint-Edouard sera déposée sur sa tête.

La reine consort Camilla, 75 ans, seconde épouse de Charles après son divorce avec la princesse Diana, sera également couronnée.

Accompagné par près de 4 000 militaires, le couple royal repartira en carrosse vers le palais de Buckingham où les membres actifs de la famille royale salueront la foule depuis le célèbre balcon.

Après des semaines de suspense, le palais a fait savoir que le prince Harry serait présent à l'abbaye. Mais sans Meghan et leurs deux enfants, restés en Californie.

Après leurs attaques virulentes contre la famille royale, la place attribuée à Harry sera scrutée par tous, comme un symbole de la distance qui le sépare désormais de son père, et surtout de son frère William.

Harry : un bref retour très scruté pour le couronnement

Au couronnement de Charles III, les regards ne seront pas seulement tournés vers le nouveau roi mais aussi vers son fils cadet, le prince Harry, qui apparaîtra pour la première fois avec la famille royale depuis la publication de son autobiographie très critique.

Le prince de 38 ans a répondu seulement le 12 avril à l'invitation. Il sera bien présent au couronnement, le 6 mai à Londres, mais sans son épouse Meghan et leurs enfants, qui resteront en Californie où les "Sussex" se sont installés en 2020 après avoir quitté avec fracas le Royaume-Uni.

Le prince britannique Harry et Meghan quittent après avoir rendu hommage à Westminster Hall, au Palais de Westminster, à Londres, le 14 septembre 2022 (Photo, AFP).
Le prince britannique Harry et Meghan quittent après avoir rendu hommage à Westminster Hall, au Palais de Westminster, à Londres, le 14 septembre 2022 (Photo, AFP).

Sa réponse a mis fin à un suspense de plusieurs semaines, mais a ouvert la porte à d'autres questions sur son rôle dans le couronnement. Où sera-t-il assis dans l'abbaye de Westminster? Parlera-t-il avec son frère William et la reine consort Camilla, sérieusement attaqués dans ses mémoires "Le Suppléant", sortis en janvier?

"Les gens vont suivre de près les interactions entre lui et les autres membres de la famille royale", anticipe Pauline Maclaran de l'université Royal Holloway. "Mais j'imagine que les deux frères seront tenus éloignés l'un de l'autre", ajoute la professeure, autrice d'un livre sur la monarchie.

La dernière fois que les princes sont apparus ensemble remonte à septembre, après le décès d'Elizabeth II. Les deux frères étaient venus saluer la foule avec leurs épouses devant le château de Windsor, pour afficher un semblant d'unité dans ce moment de deuil. Mais les deux couples avaient à peine échangé un mot.

Not My King

Aucune autre monarchie européenne n'a conservé une telle cérémonie, surtout symbolique, Charles III ayant accédé au trône il y a huit mois dès la mort d'Elizabeth II.

"Elle est l'héritage d'un temps où plusieurs prétendants se disputaient le trône et le couronnement légitimait le monarque", qui règne désormais sur le Royaume-Uni et 14 autres Etats, dont le Canada et l'Australie, explique l'expert royal Richard Fitzwilliams à l'AFP.

L'événement, qui attirera à Londres des milliers de Britanniques et de touristes étrangers, marquera le lancement d'un week-end de célébrations, avec dimanche des fêtes de voisinage et un concert au château de Windsor, boudé par les stars britanniques, puis un jour férié le lundi durant lequel les Britanniques sont invités au bénévolat.

Des souvenirs royaux sont en vente dans une rue du centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).
Des souvenirs royaux sont en vente dans une rue du centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).

Le soir, un concert aura lieu au château de Windsor, à l'ouest de Londres, auquel 10 000 Britanniques tirés au sort pourront assister. Katy Perry, Lionel Ritchie, le ténor Andrea Bocelli ou le pianiste Lang Lang seront les têtes d'une affiche marquée par l'absence de stars britanniques.

Enfin, la famille royale appelle les Britanniques à faire des actions de bénévolat le lundi 8 mai férié.

Les anti-monarchistes, voulant saisir l'occasion de faire entendre sa voix, ont appelé à des rassemblements. Inaudibles sous Elizabeth II, ils gagnent en visibilité et Charles est régulièrement accueilli dans ses déplacements par des manifestants arborant pancartes et t-shirts "Not my King" (pas mon roi).

26% des Britanniques souhaitent même désormais un chef d'Etat élu, mais sans relai politique le mouvement ne menace pas sérieusement l'institution, toujours vecteur d'unité face aux velléités indépendantistes en Ecosse ou aux tensions politiques en Irlande du nord.

A l'approche du couronnement, les préparatifs se poursuivent imperturbables. La "pierre du destin", pièce centrale du couronnement placée sous le trône, est arrivée à Londres samedi, transportée spécialement d'Ecosse.

La «pierre du destin», pièce centrale du couronnement placée sous le trône, est arrivée à Londres samedi, transportée spécialement d'Ecosse (Photo, AFP).
La «pierre du destin», pièce centrale du couronnement placée sous le trône, est arrivée à Londres samedi, transportée spécialement d'Ecosse (Photo, AFP).

Haendel superstar

"Zadok The Priest" de Georg Friedrich Haendel sera la musique attendue de la cérémonie. A l'occasion du couronnement de George II en 1727, le plus anglais des compositeurs allemands a créé cet hymne qui sera chanté par la suite à chaque couronnement.

"Ca semble ancien, mais à chaque fois qu'on l'entend, c'est tellement intemporel", affirme à l'AFP la professeure Susan Wollenberg, de la faculté de musique à l'Université d'Oxford, précisant que c'est "avec l'arrivée de Haendel que la musique du couronnement a pris tout son poids".

Basé sur un récit de l'Ancien Testament, "Zadok the priest" intervient au moment le plus sacré du couronnement, l'onction, puisque les paroles évoquent comment Sadoq le prêtre et Nathan le prophète ont oint Salomon. "Dieu sauve le Roi, longue vie au Roi, que le Roi vive pour l'éternité!", clame le choeur.

L'oeuvre est si populaire qu'elle a inspiré le célèbre hymne de la Ligue des champions de l'UEFA, créé en 1992 par Tony Britten.

La fortune de Charles III dépassera celle d'Elizabeth II grâce à ses investissements

Charles III qui sera couronné le 6 mai est à la tête d'une fortune considérable, ajoutant à son héritage une partie des actifs qu'il a fait fructifier en tant que prince.

Après avoir touché l'héritage de sa mère Elizabeth II, évalué à 360 millions de livres, la fortune de Charles III s'élèvera à 600 millions de livres, estime le Times.

Selon un proche de la famille royale cité par le quotidien, l'ancien prince de Galles a mené une politique ambitieuse d'investissements pour renflouer ses coffres après avoir divorcé de Diana.

Les drapeaux flottent au-dessus de Bond Street dans le centre de Londres, le 29 avril 2023 avant la cérémonie de couronnement de Charles III et de son épouse, Camilla, en tant que roi et reine du Royaume-Uni et des nations du Commonwealth, le 6 mai 2023 (Photo, AFP).
Les drapeaux flottent au-dessus de Bond Street dans le centre de Londres, le 29 avril 2023 avant la cérémonie de couronnement de Charles III et de son épouse, Camilla, en tant que roi et reine du Royaume-Uni et des nations du Commonwealth, le 6 mai 2023 (Photo, AFP).

La séparation lui coûte 17 millions de livres en 1996, mais Charles ne repart pas de zéro et peut compter sur les ressources du Duché de Cornouailles, dont il a reçu les bénéfices de l'accession de sa mère au trône en 1952 au décès de cette dernière en 2022.

Ce patrimoine a été mis en place au XIVe siècle pour donner une indépendance financière à l'héritier royal.

Concrètement, ce dernier ne possède pas les actifs de ce fonds, mais touche ses profits jusqu'à son accession au trône.

Pour Charles, le duché "rassemble tout ce qui le passionne", assurait sa femme Camilla, dans un documentaire de la chaîne ITV datant de 2019.

Le futur roi y fait le tour des fermes qu'il loue à des exploitants et les incite à utiliser des méthodes d'agriculture durables.

Outre 260 fermes, le duché possède 52 450 hectares de terres, et loue 345 millions de livres de propriétés commerciales.

«Vivat Rex!»

"Depuis le couronnement en 1661 de Charles II, le monarque fait son entrée à l'Abbaye de Westminster sur l'hymne +I was Glad when They Said Unto me+", rappelle Peter Linnitt, bibliothécaire du Royal College of Music de Londres.

La version la plus célèbre est celle composée en 1902 pour le couronnement d'Edouard VII par Hubert Parry qui a "calibré sa musique de manière à ce que le monarque arrive près du choeur au moment des acclamations +Vivat Rex+ ("Longue vie au roi)", précise-t-il. L'hymne a été chanté au mariage de William et de Kate en 2011.

«Communion nationale»

"Pendant des siècles, la musique du couronnement a été centrée autour de l'Eglise", mais certaines compositions d'Edward Elgar (1857-1934), avec leurs accents patriotiques, "ont donné aux Britanniques un sentiment de communion nationale", affirme M. Schama.

Ses marches "Pomp and Circumstance" sont très célèbres, notamment la No. 1: créée en 1901 puis assortie de paroles (Land of Hope and Glory) un an plus tard à l'occasion du couronnement d'Edouard VII, elle est devenue quasiment l'hymne non officiel de la Grande-Bretagne.

Utilisée (sans les paroles) au couronnement d'Elizabeth II, elle figure traditionnellement au dernier concert des Proms de la BBC, mais également avant des matchs de rugby ou de foot. Ses paroles liées à l'Empire britannique ont été au centre d'une controverse en 2020.

La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes.

La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes.
La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes (Photo, AFP).

 

«Beaucoup de bonheur» : Joyce, 90 ans, était à Londres pour le couronnement d'Elizabeth II

"Un grand privilège" et "beaucoup de bonheur": Joyce Lewis vient de fêter ses 90 ans mais se souvient très bien de ce 2 juin 1953 où elle a assisté parmi la foule massée à Londres au couronnement d'Elizabeth II.

La veille de la cérémonie, elle campe une nuit avec des amis sur le Mall, l'avenue menant au palais de Buckingham, pour voir passer la procession emmenant la reine vers l'Abbaye de Westminster.

Il pleuvait des cordes, mais Joyce se souvient de l'ambiance "joyeuse" dans l'attente de l'événement.

"Il y avait beaucoup de rires, beaucoup de bonheur. Les gens attendaient une très grande occasion et ça le fut", raconte-t-elle à l'AFP depuis sa maison dans la campagne du Warwickshire, dans le centre de l'Angleterre.

Après une nuit passée à même le sol, le silence se fait sur le Mall lorsque le soleil se lève. "A un moment nous avons entendu une voix lointaine disant : +l'Everest est conquis. Hillary a conquis l'Everest+. Et il y a eu bien sûr des acclamations".

Le célèbre alpiniste néo-zélandais Edmund Hillary et son sherpa Tenzing Norgay avaient réalisé quelques jours plus tôt la célèbre ascension, une première mondiale, et la nouvelle était arrivée au Royaume-Uni le jour du couronnement.

Durant la matinée du 2 juin, à mesure que la foule grossit, Joyce est repoussée parmi les derniers rangs. "Mais cet adorable homme d'origine asiatique se retourne vers moi et me dit: "Venez, c'est votre reine", en la ramenant au premier rang au moment où la parade débute.

"Il n'y avait personne devant moi. Nous étions suffisamment près pour voir à l'intérieur du carrosse" dont les flancs étaient "magnifiquement peints". "C'était vraiment quelque chose d'inoubliable", se souvient Joyce.

"Une chose dont je me souviens c'est le bouquet de fleurs blanches que la reine avait sur ses genoux. Alors que le carrosse avançait, les fleurs remuaient très doucement (...) Et bien sûr, au retour (après la cérémonie) elle portait l'orbe et le sceptre".

"Elle était tellement jeune", se remémore Joyce. "C'était une jeune mère, avec de jeunes enfants. Et le décès de son père a été soudain. Mais bien sûr elle était bien préparée", ajoute la nonagénaire.

Un nouvel hymne

Pour son couronnement, le roi mélomane a passé des commandes à 12 compositeurs, notamment Andrew Lloyd Webber, connu dans le monde entier pour ses comédies musicales "Cats" et "Phantom of the Opera", qui est restée 35 ans à l'affiche de Broadway, un record.

M. Weber a été chargé de composer un nouvel hymne ("Make a Joyful Noise"), sur la base du Psaume 98.

Des souvenirs royaux sont en vente sur un étal du centre de Londres le 29 avril 2023 (Photo, AFP).

Patrick Doyle composera une nouvelle marche, Iain Farrington créera un morceau pour orgue représentant des thèmes musicaux de différents pays du Commonwealth, Tarik O'Regan mêlera sonorités arabes et irlandaises dans son "Agnus Dei", tandis que Paul Mealor composera la première création en langue galloise jouée à un couronnement.

Les compositrices à l'honneur

Cinq compositrices créeront des pièces pour la cérémonie, du jamais vu. Parmi elles, Judith Weir, "Maître de musique du Roi" - première femme titulaire de ce poste qu'elle occupe depuis 2014; la compositrice de films Sarah Class, activement engagée pour l'environnement, ou encore Debbie Wiseman qui a créé d’innombrables bandes-son pour le cinéma et la télé.

Les tabloïds et Buckingham, liés pour le meilleur et pour le pire

Des histoires qui font vendre du papier contre une place réservée dans les gros titres, si possibles positifs: c'est l'accord tacite entre la monarchie britannique et la presse tabloïd. Un donnant-donnant qui parfois dérape.

"C'est une relation d'intérêt mutuel", reconnait Michala Hulme, qui enseigne l'Histoire à l'université de Birmingham.

Pour la monarchie, "les médias sont utiles pour montrer aux contribuables britanniques ce que font les membres de la famille royale avec l'argent public" qui finance leur train de vie somptuaire, ou pour attirer l'attention sur les œuvres caritatives qu'ils défendent, remarque Mme Hulme.

Et pour les médias, les "Royals", dans leurs fonctions publiques et leurs tribulations privées, représentent une source inépuisable d'histoires générant ventes et audience.

La société de marketing Brand Financial estime que la famille royale a contribué à hauteur de 125 millions de livres (142 millions d'euros ) aux recettes des médias en 2022. "Une évaluation conservative de la valeur publicitaire" de la couverture médiatique de la famille royale, affirme un responsable de Brand à l'AFP.

Cet échange de bons procédés se manifeste notamment par la "rota", le petit groupe de médias accrédités à Buckingham, qui ont un accès quasi permanent aux communicants des Windsor et aux événements auxquels participent les membres de la famille.

Symbole d'une relation qui peuvent tourner à l'endogamie: les anciens journalistes des tabloïds passent parfois de l'autre côté comme le nouveau directeur de la communication de Charles et Camilla, Tobyn Andreae, ancien rédacteur en chef adjoint du Daily Mail.

Mais s'ils ont besoin les uns des autres, leurs intérêts parfois divergent.

"Les membres de la famille royale ont besoin de publicité mais selon leurs propres termes. Les journaux tabloïds veulent des histoires sur les royaux, mais à leur façon", résume Ivor Gaber, professeur à l'université du Sussex.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »