Soixante-dix ans après Elizabeth II, le Royaume-Uni se prépare à couronner son nouveau roi, Charles III

Le roi Charles III de Grande-Bretagne rencontre des invités après une cérémonie pour présenter les nouvelles normes et couleurs à la Royal Navy à Buckingham Palace, à Londres, le 27 avril 2023 (Photo, AFP).
Le roi Charles III de Grande-Bretagne rencontre des invités après une cérémonie pour présenter les nouvelles normes et couleurs à la Royal Navy à Buckingham Palace, à Londres, le 27 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 30 avril 2023

Soixante-dix ans après Elizabeth II, le Royaume-Uni se prépare à couronner son nouveau roi, Charles III

  • La cérémonie, au rituel fastueux ancré dans près de 1 000 ans d'histoire, se déroulera à l'Abbaye de Westminster
  • L'événement, qui attirera à Londres des milliers de Britanniques et de touristes étrangers, marquera le lancement d'un week-end de célébrations

LONDRES: Drapeaux peu à peu hissés dans les rues, fanions et objets aux couleurs de l'Union Jack en vente dans les magasins, le Royaume-Uni se prépare sans ferveur démesurée au couronnement du roi Charles III le 6 mai à Londres.

La cérémonie, au rituel fastueux ancré dans près de 1 000 ans d'histoire, se déroulera à l'Abbaye de Westminster, comme le veut la tradition depuis Guillaume le Conquérant en 1066.

La plupart des Britanniques n'ont jamais vécu un tel évènement, trop jeunes ou pas encore nés il y a 70 ans au moment du couronnement de la reine Elizabeth II, décédée en septembre dernier à 96 ans. Mais l'engouement pour ce nouveau roi de 74 ans qu'ils observent depuis des années, peine encore à se faire sentir dans un pays en proie à l'inflation et à un avenir économique incertain.

Membre des Blues and Royals, un régiment de cavalerie de l'armée britannique au centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).
Membre des Blues and Royals, un régiment de cavalerie de l'armée britannique au centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).

Et Charles, souvent perçu comme un monarque de transition avant l'arrivée sur le trône de son fils William, hérite d'une monarchie défendue par à peine plus de la moitié des Britanniques (58%) selon un sondage publié cette semaine.

Conscient de ce décalage, surtout chez les jeunes, cet écologiste convaincu et enclin à ouvrir les dossiers sensibles comme le passé colonial du Royaume, affiche sa volonté de moderniser la monarchie.

Le couronnement doit en témoigner, avec une durée réduite à deux heures devant 2 000 invités (contre trois heures et 8 000 personnes pour Elizabeth II), dont environ 500 personnes issues de la société civile et choisies pour leur rôle au sein de la communauté.

"Ce sera une grande célébration de notre histoire, mais aussi de ce qui viendra dans le futur et de ce que le roi va faire", a salué le Premier ministre Rishi Sunak sur Sky news.

Dans cette photo d'archive prise le 13 avril 2023, la porcelaine officielle produite pour le couronnement du roi de Grande-Bretagne Charles III est représentée sur une étagère dans une usine de Stoke on Trent, dans le centre de l'Angleterre, le 13 avril 2023 (Photo, AFP).
Dans cette photo d'archive prise le 13 avril 2023, la porcelaine officielle produite pour le couronnement du roi de Grande-Bretagne Charles III est représentée sur une étagère dans une usine de Stoke on Trent, dans le centre de l'Angleterre, le 13 avril 2023 (Photo, AFP).

Onction et procession

Pour la première fois le roi prononcera à haute voix une courte prière, des représentants d'autres cultes y tiendront un rôle actif, tandis que la reine recevra l'onction à la vue de tous et que des passages du service seront dit en gallois, gaélique écossais et gaélique irlandais.

Le coeur du rituel reste lui immuable: chef de l'Eglise d'Angleterre, Charles prêtera serment et recevra l'onction de l'archevêque de Canterbury, ainsi que les attributs royaux. Puis la couronne de Saint-Edouard sera déposée sur sa tête.

La reine consort Camilla, 75 ans, seconde épouse de Charles après son divorce avec la princesse Diana, sera également couronnée.

Accompagné par près de 4 000 militaires, le couple royal repartira en carrosse vers le palais de Buckingham où les membres actifs de la famille royale salueront la foule depuis le célèbre balcon.

Après des semaines de suspense, le palais a fait savoir que le prince Harry serait présent à l'abbaye. Mais sans Meghan et leurs deux enfants, restés en Californie.

Après leurs attaques virulentes contre la famille royale, la place attribuée à Harry sera scrutée par tous, comme un symbole de la distance qui le sépare désormais de son père, et surtout de son frère William.

Harry : un bref retour très scruté pour le couronnement

Au couronnement de Charles III, les regards ne seront pas seulement tournés vers le nouveau roi mais aussi vers son fils cadet, le prince Harry, qui apparaîtra pour la première fois avec la famille royale depuis la publication de son autobiographie très critique.

Le prince de 38 ans a répondu seulement le 12 avril à l'invitation. Il sera bien présent au couronnement, le 6 mai à Londres, mais sans son épouse Meghan et leurs enfants, qui resteront en Californie où les "Sussex" se sont installés en 2020 après avoir quitté avec fracas le Royaume-Uni.

Le prince britannique Harry et Meghan quittent après avoir rendu hommage à Westminster Hall, au Palais de Westminster, à Londres, le 14 septembre 2022 (Photo, AFP).
Le prince britannique Harry et Meghan quittent après avoir rendu hommage à Westminster Hall, au Palais de Westminster, à Londres, le 14 septembre 2022 (Photo, AFP).

Sa réponse a mis fin à un suspense de plusieurs semaines, mais a ouvert la porte à d'autres questions sur son rôle dans le couronnement. Où sera-t-il assis dans l'abbaye de Westminster? Parlera-t-il avec son frère William et la reine consort Camilla, sérieusement attaqués dans ses mémoires "Le Suppléant", sortis en janvier?

"Les gens vont suivre de près les interactions entre lui et les autres membres de la famille royale", anticipe Pauline Maclaran de l'université Royal Holloway. "Mais j'imagine que les deux frères seront tenus éloignés l'un de l'autre", ajoute la professeure, autrice d'un livre sur la monarchie.

La dernière fois que les princes sont apparus ensemble remonte à septembre, après le décès d'Elizabeth II. Les deux frères étaient venus saluer la foule avec leurs épouses devant le château de Windsor, pour afficher un semblant d'unité dans ce moment de deuil. Mais les deux couples avaient à peine échangé un mot.

Not My King

Aucune autre monarchie européenne n'a conservé une telle cérémonie, surtout symbolique, Charles III ayant accédé au trône il y a huit mois dès la mort d'Elizabeth II.

"Elle est l'héritage d'un temps où plusieurs prétendants se disputaient le trône et le couronnement légitimait le monarque", qui règne désormais sur le Royaume-Uni et 14 autres Etats, dont le Canada et l'Australie, explique l'expert royal Richard Fitzwilliams à l'AFP.

L'événement, qui attirera à Londres des milliers de Britanniques et de touristes étrangers, marquera le lancement d'un week-end de célébrations, avec dimanche des fêtes de voisinage et un concert au château de Windsor, boudé par les stars britanniques, puis un jour férié le lundi durant lequel les Britanniques sont invités au bénévolat.

Des souvenirs royaux sont en vente dans une rue du centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).
Des souvenirs royaux sont en vente dans une rue du centre de Londres, le 28 avril 2023 (Photo, AFP).

Le soir, un concert aura lieu au château de Windsor, à l'ouest de Londres, auquel 10 000 Britanniques tirés au sort pourront assister. Katy Perry, Lionel Ritchie, le ténor Andrea Bocelli ou le pianiste Lang Lang seront les têtes d'une affiche marquée par l'absence de stars britanniques.

Enfin, la famille royale appelle les Britanniques à faire des actions de bénévolat le lundi 8 mai férié.

Les anti-monarchistes, voulant saisir l'occasion de faire entendre sa voix, ont appelé à des rassemblements. Inaudibles sous Elizabeth II, ils gagnent en visibilité et Charles est régulièrement accueilli dans ses déplacements par des manifestants arborant pancartes et t-shirts "Not my King" (pas mon roi).

26% des Britanniques souhaitent même désormais un chef d'Etat élu, mais sans relai politique le mouvement ne menace pas sérieusement l'institution, toujours vecteur d'unité face aux velléités indépendantistes en Ecosse ou aux tensions politiques en Irlande du nord.

A l'approche du couronnement, les préparatifs se poursuivent imperturbables. La "pierre du destin", pièce centrale du couronnement placée sous le trône, est arrivée à Londres samedi, transportée spécialement d'Ecosse.

La «pierre du destin», pièce centrale du couronnement placée sous le trône, est arrivée à Londres samedi, transportée spécialement d'Ecosse (Photo, AFP).
La «pierre du destin», pièce centrale du couronnement placée sous le trône, est arrivée à Londres samedi, transportée spécialement d'Ecosse (Photo, AFP).

Haendel superstar

"Zadok The Priest" de Georg Friedrich Haendel sera la musique attendue de la cérémonie. A l'occasion du couronnement de George II en 1727, le plus anglais des compositeurs allemands a créé cet hymne qui sera chanté par la suite à chaque couronnement.

"Ca semble ancien, mais à chaque fois qu'on l'entend, c'est tellement intemporel", affirme à l'AFP la professeure Susan Wollenberg, de la faculté de musique à l'Université d'Oxford, précisant que c'est "avec l'arrivée de Haendel que la musique du couronnement a pris tout son poids".

Basé sur un récit de l'Ancien Testament, "Zadok the priest" intervient au moment le plus sacré du couronnement, l'onction, puisque les paroles évoquent comment Sadoq le prêtre et Nathan le prophète ont oint Salomon. "Dieu sauve le Roi, longue vie au Roi, que le Roi vive pour l'éternité!", clame le choeur.

L'oeuvre est si populaire qu'elle a inspiré le célèbre hymne de la Ligue des champions de l'UEFA, créé en 1992 par Tony Britten.

La fortune de Charles III dépassera celle d'Elizabeth II grâce à ses investissements

Charles III qui sera couronné le 6 mai est à la tête d'une fortune considérable, ajoutant à son héritage une partie des actifs qu'il a fait fructifier en tant que prince.

Après avoir touché l'héritage de sa mère Elizabeth II, évalué à 360 millions de livres, la fortune de Charles III s'élèvera à 600 millions de livres, estime le Times.

Selon un proche de la famille royale cité par le quotidien, l'ancien prince de Galles a mené une politique ambitieuse d'investissements pour renflouer ses coffres après avoir divorcé de Diana.

Les drapeaux flottent au-dessus de Bond Street dans le centre de Londres, le 29 avril 2023 avant la cérémonie de couronnement de Charles III et de son épouse, Camilla, en tant que roi et reine du Royaume-Uni et des nations du Commonwealth, le 6 mai 2023 (Photo, AFP).
Les drapeaux flottent au-dessus de Bond Street dans le centre de Londres, le 29 avril 2023 avant la cérémonie de couronnement de Charles III et de son épouse, Camilla, en tant que roi et reine du Royaume-Uni et des nations du Commonwealth, le 6 mai 2023 (Photo, AFP).

La séparation lui coûte 17 millions de livres en 1996, mais Charles ne repart pas de zéro et peut compter sur les ressources du Duché de Cornouailles, dont il a reçu les bénéfices de l'accession de sa mère au trône en 1952 au décès de cette dernière en 2022.

Ce patrimoine a été mis en place au XIVe siècle pour donner une indépendance financière à l'héritier royal.

Concrètement, ce dernier ne possède pas les actifs de ce fonds, mais touche ses profits jusqu'à son accession au trône.

Pour Charles, le duché "rassemble tout ce qui le passionne", assurait sa femme Camilla, dans un documentaire de la chaîne ITV datant de 2019.

Le futur roi y fait le tour des fermes qu'il loue à des exploitants et les incite à utiliser des méthodes d'agriculture durables.

Outre 260 fermes, le duché possède 52 450 hectares de terres, et loue 345 millions de livres de propriétés commerciales.

«Vivat Rex!»

"Depuis le couronnement en 1661 de Charles II, le monarque fait son entrée à l'Abbaye de Westminster sur l'hymne +I was Glad when They Said Unto me+", rappelle Peter Linnitt, bibliothécaire du Royal College of Music de Londres.

La version la plus célèbre est celle composée en 1902 pour le couronnement d'Edouard VII par Hubert Parry qui a "calibré sa musique de manière à ce que le monarque arrive près du choeur au moment des acclamations +Vivat Rex+ ("Longue vie au roi)", précise-t-il. L'hymne a été chanté au mariage de William et de Kate en 2011.

«Communion nationale»

"Pendant des siècles, la musique du couronnement a été centrée autour de l'Eglise", mais certaines compositions d'Edward Elgar (1857-1934), avec leurs accents patriotiques, "ont donné aux Britanniques un sentiment de communion nationale", affirme M. Schama.

Ses marches "Pomp and Circumstance" sont très célèbres, notamment la No. 1: créée en 1901 puis assortie de paroles (Land of Hope and Glory) un an plus tard à l'occasion du couronnement d'Edouard VII, elle est devenue quasiment l'hymne non officiel de la Grande-Bretagne.

Utilisée (sans les paroles) au couronnement d'Elizabeth II, elle figure traditionnellement au dernier concert des Proms de la BBC, mais également avant des matchs de rugby ou de foot. Ses paroles liées à l'Empire britannique ont été au centre d'une controverse en 2020.

La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes.

La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes.
La marche est aussi extrêmement connue aux Etats-Unis où elle est utilisée durant les cérémonies de remise de diplômes (Photo, AFP).

 

«Beaucoup de bonheur» : Joyce, 90 ans, était à Londres pour le couronnement d'Elizabeth II

"Un grand privilège" et "beaucoup de bonheur": Joyce Lewis vient de fêter ses 90 ans mais se souvient très bien de ce 2 juin 1953 où elle a assisté parmi la foule massée à Londres au couronnement d'Elizabeth II.

La veille de la cérémonie, elle campe une nuit avec des amis sur le Mall, l'avenue menant au palais de Buckingham, pour voir passer la procession emmenant la reine vers l'Abbaye de Westminster.

Il pleuvait des cordes, mais Joyce se souvient de l'ambiance "joyeuse" dans l'attente de l'événement.

"Il y avait beaucoup de rires, beaucoup de bonheur. Les gens attendaient une très grande occasion et ça le fut", raconte-t-elle à l'AFP depuis sa maison dans la campagne du Warwickshire, dans le centre de l'Angleterre.

Après une nuit passée à même le sol, le silence se fait sur le Mall lorsque le soleil se lève. "A un moment nous avons entendu une voix lointaine disant : +l'Everest est conquis. Hillary a conquis l'Everest+. Et il y a eu bien sûr des acclamations".

Le célèbre alpiniste néo-zélandais Edmund Hillary et son sherpa Tenzing Norgay avaient réalisé quelques jours plus tôt la célèbre ascension, une première mondiale, et la nouvelle était arrivée au Royaume-Uni le jour du couronnement.

Durant la matinée du 2 juin, à mesure que la foule grossit, Joyce est repoussée parmi les derniers rangs. "Mais cet adorable homme d'origine asiatique se retourne vers moi et me dit: "Venez, c'est votre reine", en la ramenant au premier rang au moment où la parade débute.

"Il n'y avait personne devant moi. Nous étions suffisamment près pour voir à l'intérieur du carrosse" dont les flancs étaient "magnifiquement peints". "C'était vraiment quelque chose d'inoubliable", se souvient Joyce.

"Une chose dont je me souviens c'est le bouquet de fleurs blanches que la reine avait sur ses genoux. Alors que le carrosse avançait, les fleurs remuaient très doucement (...) Et bien sûr, au retour (après la cérémonie) elle portait l'orbe et le sceptre".

"Elle était tellement jeune", se remémore Joyce. "C'était une jeune mère, avec de jeunes enfants. Et le décès de son père a été soudain. Mais bien sûr elle était bien préparée", ajoute la nonagénaire.

Un nouvel hymne

Pour son couronnement, le roi mélomane a passé des commandes à 12 compositeurs, notamment Andrew Lloyd Webber, connu dans le monde entier pour ses comédies musicales "Cats" et "Phantom of the Opera", qui est restée 35 ans à l'affiche de Broadway, un record.

M. Weber a été chargé de composer un nouvel hymne ("Make a Joyful Noise"), sur la base du Psaume 98.

Des souvenirs royaux sont en vente sur un étal du centre de Londres le 29 avril 2023 (Photo, AFP).

Patrick Doyle composera une nouvelle marche, Iain Farrington créera un morceau pour orgue représentant des thèmes musicaux de différents pays du Commonwealth, Tarik O'Regan mêlera sonorités arabes et irlandaises dans son "Agnus Dei", tandis que Paul Mealor composera la première création en langue galloise jouée à un couronnement.

Les compositrices à l'honneur

Cinq compositrices créeront des pièces pour la cérémonie, du jamais vu. Parmi elles, Judith Weir, "Maître de musique du Roi" - première femme titulaire de ce poste qu'elle occupe depuis 2014; la compositrice de films Sarah Class, activement engagée pour l'environnement, ou encore Debbie Wiseman qui a créé d’innombrables bandes-son pour le cinéma et la télé.

Les tabloïds et Buckingham, liés pour le meilleur et pour le pire

Des histoires qui font vendre du papier contre une place réservée dans les gros titres, si possibles positifs: c'est l'accord tacite entre la monarchie britannique et la presse tabloïd. Un donnant-donnant qui parfois dérape.

"C'est une relation d'intérêt mutuel", reconnait Michala Hulme, qui enseigne l'Histoire à l'université de Birmingham.

Pour la monarchie, "les médias sont utiles pour montrer aux contribuables britanniques ce que font les membres de la famille royale avec l'argent public" qui finance leur train de vie somptuaire, ou pour attirer l'attention sur les œuvres caritatives qu'ils défendent, remarque Mme Hulme.

Et pour les médias, les "Royals", dans leurs fonctions publiques et leurs tribulations privées, représentent une source inépuisable d'histoires générant ventes et audience.

La société de marketing Brand Financial estime que la famille royale a contribué à hauteur de 125 millions de livres (142 millions d'euros ) aux recettes des médias en 2022. "Une évaluation conservative de la valeur publicitaire" de la couverture médiatique de la famille royale, affirme un responsable de Brand à l'AFP.

Cet échange de bons procédés se manifeste notamment par la "rota", le petit groupe de médias accrédités à Buckingham, qui ont un accès quasi permanent aux communicants des Windsor et aux événements auxquels participent les membres de la famille.

Symbole d'une relation qui peuvent tourner à l'endogamie: les anciens journalistes des tabloïds passent parfois de l'autre côté comme le nouveau directeur de la communication de Charles et Camilla, Tobyn Andreae, ancien rédacteur en chef adjoint du Daily Mail.

Mais s'ils ont besoin les uns des autres, leurs intérêts parfois divergent.

"Les membres de la famille royale ont besoin de publicité mais selon leurs propres termes. Les journaux tabloïds veulent des histoires sur les royaux, mais à leur façon", résume Ivor Gaber, professeur à l'université du Sussex.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.