Macron à l'écoute de la «colère» des Français dans le Jura

Le président français Emmanuel Macron (C) s'entretient avec des habitants lors d'une visite au marché de Dole, dans l'est de la France, le 27 avril 2023, avant de se rendre au Château de Joux pour une cérémonie. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) s'entretient avec des habitants lors d'une visite au marché de Dole, dans l'est de la France, le 27 avril 2023, avant de se rendre au Château de Joux pour une cérémonie. (AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 27 avril 2023

Macron à l'écoute de la «colère» des Français dans le Jura

  • Accueilli à chaque visite de terrain par un concert de casseroles et de sifflets depuis l'adoption de la réforme, Emmanuel Macron a pu montrer cette fois qu'il pouvait aussi aller sans accroc au contact des Français
  • Interpellé sur la hausse des prix, les petites retraites, les déserts médicaux, le chef de l'Etat a longuement discuté avec commerçants, clients et simples badauds

LA CLUSE-ET-MIJOUX: Une halte surprise pour montrer qu'il peut encore échanger, certes vivement, avec les Français: Emmanuel Macron a défendu jeudi son bilan à Dole, dans le Jura, avant un hommage mémoriel qui lui a permis de vanter les mérites de "l'ordre" au service de la "liberté".

Pour son quatrième déplacement sur le terrain depuis qu'il a promulgué sa très contestée réforme des retraites et décrété "cent jours" pour relancer son second quinquennat, le chef de l'Etat avait prévu un hommage à l'esclave affranchi devenu général, Toussaint Louverture, au château de Joux, dans le Doubs.

Mais alors que des manifestants l'attendaient à proximité de l'ancienne forteresse, il a fait un arrêt surprise au marché de Dole (Jura), à une centaine de kilomètres de là, avant de poursuivre en hélicoptère.

Accueilli à chaque visite de terrain par un concert de casseroles et de sifflets depuis l'adoption de la réforme, Emmanuel Macron a pu montrer cette fois qu'il pouvait aussi aller sans accroc au contact des Français, même si certains échanges ont été vifs et directs.

Pourquoi cet exercice ? "Pour entendre les difficultés (...) Avoir des idées nouvelles, ressentir ce qui est compris, ce qui n'est pas compris", a-t-il expliqué, accompagné de quelques journalistes, devant des passants éberlués.

"Et aussi pouvoir traiter des colères, mais de le faire de manière non-organisée artificiellement", a-t-il ajouté, jugeant "inutiles" les déplacements "où tout est arrangé parce que ça se passe trop bien et ceux où tout est arrangé parce que ça se passe trop mal".

Interpellé sur la hausse des prix, les petites retraites, les déserts médicaux, le chef de l'Etat a longuement discuté avec commerçants, clients et simples badauds.

«Vous nous enfumez»

"Tout est cher. Il y a des gens qui crèvent de faim", lui a lancé une passante. "Voiture de fonction, logement gratos, on n’a pas tous ça nous hein".

Une commerçante s'est plainte d'être "en retraite et de travailler quand même". Pour 1 200 euros, je ne me lève pas à 4h du matin", s'est agacé un passant.

Un autre a accusé les patrons de la grande distribution: "Quand est-ce qu'on va arrêter de permettre à ces gens de s'en foutre plein les poches".

"Ça choque tout le monde. Moi aussi ça me choque", a admis en retour Emmanuel Macron, épinglant des "écarts" tels qu'on "ne peut plus les expliquer aux gens".

Le chef de l'Etat a rappelé les baisses d'impôts, la suppression de la taxe d'habitation, les chèques énergie ou la hausse des petites pensions avec sa réforme très contestée des retraites.

"Maintenant il faut qu'on arrive à recréer une dynamique salariale... c'est pas le gouvernement qui peut le faire", a-t-il plaidé, renvoyant la balle dans le camp du dialogue social.

Un ancien représentant local des gilets jaunes, Fabrice Schlegel, l'a aussi vivement interpellé sur le "déficit colossal", lui reprochant pêle-mêle d'avoir "tué la fonction hospitalière, la médecine de proximité". "Vous nous enfumez depuis cinq ans".

"Vous êtes quand même un drôle (..) Vous me demandez plus de dépenses en fait", a répliqué le président en contestant les chiffres alignés par son interlocuteur.

«Juste se faire entendre»

Dans le même temps, entre 200 et 300 manifestants ont été retenus, au prix de quelques bousculades, par un cordon de gendarmerie à plus d'un kilomètre du château de Joux (Doubs) où il a tenu un discours à l'occasion du 175e anniversaire de l'abolition de l'esclavage en France.

"On n'a jamais vu un président qui se protège de cette manière, et qui nous méprise autant", a grincé Pascal Maillard, 62 ans, retraité d'Enedis.

"Ce dispositif (...) c'est démesuré: on n'est pas des terroristes, on veut juste se faire entendre", a déploré Céline, 51 ans et enseignante en primaire.

Prenant exemple sur Toussaint Louverture, Emmanuel Macron a vanté dans son discours les mérites de "l'ordre" au service de la "liberté" et ceux de la "concorde".

"Révolutionnaire d'exception, Toussaint Louverture considérait lui aussi que seul l'ordre pouvait maintenir la liberté, la prospérité et le bien public", a-t-il lancé depuis la forteresse où l'ancien esclave fut emprisonné les derniers mois de sa vie de 1802 à 1803.

Le 17 avril, lors de son allocution télévisuelle, le chef de l'Etat a érigé "l'ordre républicain" parmi ses trois chantiers prioritaires pour tenter de tourner la page de la réforme des retraites et relancer son quinquennat.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
Short Url
  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Short Url
  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".