TÉHÉRAN: L'Iran s'est montré mercredi optimiste sur un prochain échange de prisonniers avec la Belgique, laissant entrevoir la libération du travailleur humanitaire belge Olivier Vandecasteele, une annonce accueillie avec prudence par Bruxelles.
"L'accord sur le transfèrement de condamnés entre l'Iran et la Belgique a été conclu et finalisé", a indiqué le porte-parole de l'Autorité judiciaire iranienne, Massoud Sétayechi, lors de sa conférence de presse hebdomadaire à Téhéran.
"Si Dieu le veut, cette action va se dérouler", a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
L'annonce a été accueillie avec prudence et scepticisme par la Belgique qui a dénoncé, par la voix de sa ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib, "le chantage, la manipulation et la désinformation" exercées par Téhéran.
De son côté, le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a accusé l'Iran de vouloir "semer la confusion" dans ce dossier "très délicat".
L'annonce du porte-parole iranien fait suite à plusieurs échanges ces dernières semaines entre les autorités belges et iraniennes.
Olivier Vandecasteele, âgé de 42 ans, a été arrêté le 24 février 2022 à Téhéran, puis condamné à 40 ans de prison pour "espionnage", avaient indiqué les autorités iraniennes en janvier.
Il a également été condamné à 74 coups de fouet, à l'issue d'un procès qualifié d'"inéquitable" tant par sa famille que par le gouvernement belge.
A l'été 2022, l'exécutif belge a fait voter par le Parlement un traité signé avec l'Iran permettant le transfèrement mutuel de prisonniers condamnés, un texte présenté comme le seul moyen de faire libérer M. Vandecasteele.
Ce texte, entré en application le 18 avril, ouvre la voie à la remise à Téhéran du diplomate Assadollah Assadi, condamné en Belgique en 2021 à 20 ans de prison pour un projet d'attentat qui devait viser un rassemblement du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI, coalition d'opposants), en France en 2018.
Mme Lahbib a révélé mercredi lors d'un débat au Parlement belge que l'Iran avait demandé le transfèrement de M. Assadi, une semaine après le vœu exprimé par la Belgique que M. Vandecasteele soit rapatrié.
La ministre n'a toutefois donné aucun détail sur les modalités de cette demande et d'un éventuel échange. Ce dossier, a-t-elle justifié, concerne "la sécurité de la Belgique, mais aussi plus largement celle de nos partenaires européens".
Plusieurs dizaines d'Occidentaux sont détenus en Iran, décrits par leurs soutiens comme des innocents utilisés par Téhéran comme moyen de pression et monnaie d'échange.
La famille d'Olivier Vandecasteele a de nouveau alerté ce mois-ci sur ses "graves problèmes de santé" mettant sa vie en danger, et dénoncé son emprisonnement à l'isolement sans accès aux soins.
"Nous faisons tout notre possible pour qu'il puisse recevoir rapidement la visite d'un médecin parlant une langue qu'il comprend afin qu'il puisse être soigné et recevoir des médicaments efficaces", a assuré Hadja Lahbib.