Valéry Giscard d'Estaing, le jeune président qui voulait bousculer les codes

L'homme à la silhouette élancée et au crâne dégarni renonce à l'apparat présidentiel pour sa photographie officielle, fait éclaircir le bleu et le rouge du drapeau tricolore et ralentir le rythme de la Marseillaise (Photo, AFP/Archives)
L'homme à la silhouette élancée et au crâne dégarni renonce à l'apparat présidentiel pour sa photographie officielle, fait éclaircir le bleu et le rouge du drapeau tricolore et ralentir le rythme de la Marseillaise (Photo, AFP/Archives)
Short Url
Publié le Jeudi 03 décembre 2020

Valéry Giscard d'Estaing, le jeune président qui voulait bousculer les codes

  • Son élection fait souffler un vent de liberté sur le pays, après les années De Gaulle et Pompidou
  • A partir de la deuxième moitié des années 90, Giscard et le giscardisme disparaissent peu à peu du paysage politique 

PARIS : Plus jeune président de la Vème République lorsqu'il est élu en 1974, Valéry Giscard d'Estaing, mort mercredi à l'âge de 94 ans, se voulait l'incarnation d'une modernité triomphante, issue du centre-droit libéral et démocrate-chrétien qui a bâti l'Europe d'après-guerre.

Né le 2 février 1926, engagé à 18 ans en 1944 dans la 1ère armée du général de Lattre de Tassigny, Valéry Giscard d'Estaing disait admirer deux hommes, le général de Gaulle et Jean Monnet, père de l'Europe.

Il n'a que 48 ans lorsqu'il est élu président en 1974, battant sur le fil François Mitterrand, et devient ainsi, dans une France qui enterre les Trente-Glorieuses et digère mai-68, le premier non-gaulliste à s'emparer de l'Élysée.

Son élection fait souffler un vent de liberté sur le pays, après les années De Gaulle et Pompidou. Aux réformes progressistes - abaissement de la majorité à 18 ans, dépénalisation de l'avortement -, le nouveau président ajoute un style inédit, s'affichant au ski ou sur un terrain de football, convoquant sa fille sur ses affiches de campagne et son épouse Anne-Aymone lors de vœux télévisés pour la nouvelle année. L'homme à la silhouette élancée et au crâne dégarni renonce à l'apparat présidentiel pour sa photographie officielle, fait éclaircir le bleu et le rouge du drapeau tricolore et ralentir le rythme de la Marseillaise.

Il n'a que 48 ans lorsqu'il est élu président en 1974, battant sur le fil François Mitterrand, et devient ainsi, dans une France qui enterre les Trente-Glorieuses et digère mai-68, le premier non-gaulliste à s'emparer de l'Élysée (Photo, AFP/Archives)
Il n'a que 48 ans lorsqu'il est élu président en 1974, battant sur le fil François Mitterrand, et devient ainsi, dans une France qui enterre les Trente-Glorieuses et digère mai-68, le premier non-gaulliste à s'emparer de l'Élysée (Photo, AFP/Archives)

L'Auvergnat qui joue de l'accordéon à la télévision s'invite également chez les Français pour dîner, ouvre l'Elysée à des éboueurs maliens pour un petit-déjeuner de Noël, renouvelant une communication politique encore très cadenassée. Le très officiel ORTF est supprimé quelques mois après son arrivée au pouvoir.

Giscard d'Estaing est pourtant un pur produit de l'élite française: polytechnicien et énarque, il s'était distingué sous les ordres du maréchal de Lattre de Tassigny lors de la Libération, puis pendant huit mois en Allemagne et en Autriche jusqu'à la capitulation du Reich.

Né à Coblence, en Allemagne alors occupée par les forces françaises, Valéry Giscard d'Estaing est issu d'une grande famille bourgeoise.

Le 10 mai 1981, il échoue à se faire réélire face à François Mitterrand, qui recueille plus d'un million de voix de plus que lui (Photo, AFP)
Le 10 mai 1981, il échoue à se faire réélire face à François Mitterrand, qui recueille plus d'un million de voix de plus que lui (Photo, AFP/ Archives)

« Jamais imaginé la défaite »

Entré au gouvernement dès 1959, VGE multiplie les postes ministériels à l'Economie et aux Finances dans les années 60 et 70. Le maire de Chamalières éclipse Jacques Chaban-Delmas, pour s'imposer comme chef de file de la droite jusqu'à sa victoire en 1974.

Après des débuts prometteurs, VGE connaît une première crise avec la démission de son Premier ministre, Jacques Chirac, en 1976. Initiateur du « G7 », le club des dirigeants des pays les plus riches, il donne une impulsion décisive à l'axe franco-allemand aux côtés du chancelier Helmut Schmidt.

Le ralentissement économique consécutif au choc pétrolier, les affaires - suicide suspect de son ministre Robert Boulin, diamants offerts par le président centrafricain Bokassa - ainsi qu'une inflexion de sa politique, plus conservatrice et économiquement austère, pèsent sur sa popularité.

Le 10 mai 1981, il échoue à se faire réélire face à François Mitterrand, qui recueille plus d'un million de voix de plus que lui.

« Je n'avais jamais imaginé la défaite », confiera-t-il plus tard.

Après son départ resté dans les mémoires -- il laisse une chaise vide lors d'une ultime allocution télévisée -- Valéry Giscard d'Estaing, alors seul ex-président en vie, traverse une profonde dépression. « Ce que je ressens, ce n'est pas de l'humiliation, mais quelque chose de plus sévère: la frustration de l'œuvre inachevée », écrit-il en 2006 dans « Le pouvoir et la vie » (Compagnie 12).

Académie française

Élu conseiller général en 1982 dans son fief de Chamalières, dans le Puy-de-Dôme, puis député en 1984, d'aucuns lui prêtent l'intention de diriger le premier gouvernement de cohabitation en 1986 - Jacques Chirac lui est préféré.

L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing prononce un éloge de l'ancien président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, le 16 décembre 2004 à l'Académie française à Paris, lors de son entrée officielle sous la Coupole (Photo, AFP/ Archives)
L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing prononce un éloge de l'ancien président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, le 16 décembre 2004 à l'Académie française à Paris, lors de son entrée officielle sous la Coupole (Photo, AFP/ Archives)

Il redevient malgré tout l'un des leaders de la droite en dirigeant à nouveau son parti, l'UDF.

Mais, certain de la réélection de François Mitterrand, il ne concourt pas à la présidentielle de 1988. Sept ans plus tard, crédité de 2% dans les études d'opinion, il renonce à nouveau. Peu de temps avant sa mort, il se disait pourtant persuadé que, s'il s'était présenté, il aurait gagné contre Balladur et Chirac.

A partir de la deuxième moitié des années 90, Giscard et le giscardisme disparaissent peu à peu du paysage politique. 

L'ancien président de la France, européen convaincu, poursuit pourtant un ultime but: devenir président de l'Europe. En 2001, il prend la tête de la Convention pour l'Europe, chargée de rédiger une constitution européenne, qui sera rejetée par référendum (55% de non).

Cet économiste brillant, auteur de plusieurs ouvrages dont un roman où il imagine une relation avec Lady Di, avait été élu en 2003 à l'Académie française, dans le fauteuil de l'ancien président sénégalais Léopold Sédar Senghor.

En mai dernier, il avait fait l'objet d'une enquête pour agression sexuelle après la plainte d'une journaliste allemande qui l'accusait de lui avoir touché les fesses lors d'une interview plus d'un an plus tôt.

Hospitalisé à plusieurs reprises ces derniers mois, notamment pour « insuffisance cardiaque », il est décédé mercredi soir, entouré de sa famille, dans sa propriété d'Authon dans le Loir-et-Cher.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
Short Url
  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Short Url
  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".