«Un chagrin indicible»: Une Ukrainienne enterre son fils et son mari après des frappes russes

Un employé du cimetière se tient à côté des tombes de Maksym, deux ans, et de son père Sergei Komarista après leur enterrement dans un cimetière de Sloviansk, le 19 avril 2023 (Photo, AFP).
Un employé du cimetière se tient à côté des tombes de Maksym, deux ans, et de son père Sergei Komarista après leur enterrement dans un cimetière de Sloviansk, le 19 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 20 avril 2023

«Un chagrin indicible»: Une Ukrainienne enterre son fils et son mari après des frappes russes

  • Anastasia Komarista, tout de noir vêtue, a supplié les siens, devant leurs cercueils, de lui pardonner d'avoir survécu
  • «Pardonnez-moi ! Pardonnez-moi ! Je ne veux pas être ici. Je veux reposer à vos côtés», a-t-elle hurlé, hébétée et pâle

SLOVIANSK: Des heures durant, les sauveteurs ont frénétiquement creusé pour retrouver le fils âgé de deux ans d'Anastasia Komarista dans les décombres de leur immeuble pulvérisé par des frappes russes vendredi dans l'est de l'Ukraine. Ils ont ensuite cherché son mari.

Tous deux ont été enterrés mercredi sous la pluie dans un cimetière descendant jusqu'à une rivière, à l'extérieur de la ville de Sloviansk, non loin de la ligne de front.

Anastasia Komarista, tout de noir vêtue, a supplié les siens, devant leurs cercueils, de lui pardonner d'avoir survécu.

"Pardonnez-moi ! Pardonnez-moi ! Je ne veux pas être ici. Je veux reposer à vos côtés", a-t-elle hurlé, hébétée et pâle, soutenue par des parents.

"J'ai prié Dieu de vous sauver !", a crié Anastasia Komarista les yeux tournés vers le ciel, qui renvoyait en écho les bruits sourds des tirs lointains de l'artillerie.

Son appartement était situé au dernier étage d'un bâtiment datant de l'ère soviétique, dans un paisible quartier d'habitation.

Dessins au crayon, morceaux de béton

Anastasia Komarista se trouvait à proximité, dans une salle de sport, lorsque les missiles se sont abattus.

Son mari Sergueï, 29 ans, s'occupait de leur fils Maksym et son oncle était passé.

Des journalistes de l'AFP présents sur place quelques minutes après l'attaque ont entendu une femme hurler et ont vu des secouristes jeter une poussette carbonisée du quatrième étage en ruines.

De la poussière de béton et des éclats de verre jonchaient la rue en contrebas et des panaches de fumée noire s'échappaient des maisons touchées par des éclats d'obus s'étalant de l'autre côté de la rue.

Des dessins d'enfants au crayon et des pages déchirées de livres d'école se mêlaient aux morceaux de béton éparpillés sur le sol, y compris autour d'une aire de jeux dans la cour.

L'enfant de deux ans a été sorti vivant des décombres mais il s'est éteint dans l'ambulance qui le transportait.

Des décorations de Pâques étaient encore accrochées à l'église de Sloviansk, où une centaine de personnes tenant des bougies se sont rassemblées pour rendre un dernier hommage à Maksym et à son père.

"Cette famille a été frappée par un chagrin indicible", a lancé le prêtre qui présidait la cérémonie religieuse.

"Pas seulement cette famille mais toute la ville. Quels mots pourraient apporter un quelconque réconfort dans une telle situation ?".

Le cercueil de Maksym, recouvert de soie bleue et blanche, était si petit qu'il n'a fallu que deux hommes pour le porter.

Il avait été placé, avec celui de son père, sous une grande fresque murale représentant la célèbre cathédrale Basile-Le-Bienheureux, sur la place Rouge à Moscou, l'église orthodoxe de Sloviansk dépendant toujours de l'Église russe.

«Notre chagrin»

Sergueï, qui réparait des téléphones et vendait des accessoires, jouait dans une équipe de football locale, peut-on lire dans un avis de décès en ligne, dans lequel ses amis le décrivent comme quelqu'un de "décontracté" et d'"empathique".

"Nous espérons que tu es maintenant avec Pelé et Maradona. Il n'y a pas de mots pour décrire notre chagrin, notre perte", ont écrit ses amis dans un message.

Huit missiles ont été tirés en direction de Sloviansk vendredi, faisant 15 morts et des dizaines de blessés.

Cette cité, qui comptait environ 110 000 habitants avant la guerre, fait partie de la région industrielle de Donetsk, que le président russe Vladimir Poutine revendique comme faisant partie de la Russie.

Le Kremlin a assuré à plusieurs reprises que les forces russes ne visaient pas les zones d'habitation et que Kiev était responsable de la prolongation des souffrances des civils en Ukraine en refusant les négociations.

Outre Maksym, les procureurs ukrainiens estiment que l'invasion russe a provoqué la mort d'au moins 470 enfants.

Le président Volodymyr Zelensky a qualifié le bombardement de vendredi de "brutal" et de nouvelle illustration de la façon dont la Russie "ruine et détruit toute vie".

Avant l'enterrement, le prêtre a malgré tout exhorté l'assistance en pleurs à croire en un avenir meilleur.

"Une période de paix viendra sûrement. Ce chagrin passera sûrement".


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.