SEOUL : Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a ordonné le lancement du premier satellite espion de reconnaissance militaire de la Corée du Nord, dont la construction vient d'être achevée, a indiqué mercredi l'agence de presse d'Etat.
Lors d'une visite de l'agence spatiale nord-coréenne, Kim Jong Un a exigé "que le premier satellite espion de reconnaissance militaire (de la Corée du Nord), achevé en avril, soit lancé à la date prévue", selon l'agence de presse officielle KCNA.
Le leader, qui a inspecté avec sa fille l'Administration nationale du développement aérospatial (NADA), n'a toutefois pas donné plus de précisions sur la date de lancement. S'adressant au personnel de l'agence spatiale, il a réclamé le déploiement de "plusieurs satellites de reconnaissance sur différentes orbites".
Le fait de se doter d'une technologie de reconnaissance militaire représente "une tâche primordiale à accomplir", a souligné Kim Jong Un, pour contrer ce qu'il a qualifié de menaces et d'agression de la part de Séoul et Washington.
Cette déclaration intervient quelques jours après que Pyongyang a assuré avoir réussi le premier lancement de son nouveau missile balistique intercontinental (ICBM) à combustible solide, une avancée majeure pour le programme d'armement nord-coréen.
En décembre 2022, la Corée du Nord avait déclaré avoir conduit un "test final important" dans le développement d'un satellite espion. Des assertions aussitôt remises en question par des experts qui avaient affirmé que la qualité des images, censées avoir été prises depuis un satellite, était mauvaise.
Le développement d'un satellite espion de reconnaissance militaire était déjà l'un des projets majeurs du programme de défense nord-coréen présenté par Kim Jong Un en 2021.
"Il semble que la Corée du Nord lancera pour l'instant son satellite, qui reste 'symbolique', et l'améliorera progressivement", a déclaré à l'AFP le transfuge An Chan-il, directeur de l'Institut mondial d'études nord-coréennes.
"Si la Chine et la Russie ne fournissent pas de soutien technologique, il sera difficile pour la Corée du Nord de mener des activités d'espionnage avec son propre matériel", estime-t-il.
Mais pour Yang Moo-jin, président de l'université des études nord-coréennes à Séoul, l'annonce du dirigeant nord-coréen doit être prise au sérieux.
Selon lui, "les satellites de reconnaissance de la Corée du Nord pouvant jouer un rôle clé en cas de frappe nucléaire préventive, ils représentent une menace importante pour la Corée du Sud".
La Corée du Nord a récemment multiplié ses essais de missiles balistiques et avait déclaré l'an dernier que son statut de puissance nucléaire était "irréversible", fermant définitivement la porte à toute négociation sur son désarmement.
Washington et Séoul ont renforcé leur coopération militaire et multiplié les manoeuvres conjointes de grande ampleur dans la région, ce qui a provoqué l'ire de Pyongyang, qui considère ces exercices comme des répétitions générales à une invasion de son territoire.