PARIS: Avec la fin des aides publiques post-Covid, les défaillances d'entreprises en France, dont le nombre avait fortement baissé durant la pandémie, ont retrouvé au premier trimestre 2023 leur niveau d'avant-crise, affirme lundi dans une étude le cabinet spécialisé Altares.
Le cabinet a dénombré 14 317 procédures collectives ouvertes depuis le début de l’année, soit une augmentation des défaillances "de près de 44 % par rapport au 1er trimestre 2022".
Altares met en évidence une "fragilité et menace d'emplois pour les PME-ETI", avec 1 125 défaillances, soit un "niveau jamais vu depuis 2015", tout en attirant l'attention sur la "bonne résistance des très jeunes entreprises" dont la "sinistralité" baisse de 21% sur un an.
Plus nombreuses, les très petites entreprises (TPE) de moins de dix salariés comptent pour 92% du total des défaillances.
Dans l'ensemble, le niveau des défaillances au 1er trimestre "se situe dans la moyenne calculée par Altares sur 25 ans", selon Thierry Millon, directeur des études d'Altares, cité dans un communiqué.
La reprise des défaillances d'entreprises est liée à la fin des mesures gouvernementales d'aides aux entreprises, tandis que la dette Covid (notamment les prêts garantis par l'État, PGE) "pèse davantage dans un contexte économique défavorable", estime M. Millon.
Plus qu'à "une normalisation, c'est à un fort rebond des défaillances d'entreprises que notre économie doit faire face", prédit le directeur des études d'Altares, qui s'attend à 55 000 en 2023.
La Banque de France a de son côté comptabilisé 45 120 défaillances d'entreprises entre avril 2022 et mars 2023, contre 30 285 un an plus tôt.
Selon Altares, les défauts du premier trimestre menacent 59 000 emplois, dont 12 000 pour le seul groupe privé de maisons de retraite Orpea qui a été placé le mois dernier en procédure de "sauvegarde accélérée" devant la justice commerciale.
Tous les secteurs sont concernés par la hausse des défaillances, seule l'agriculture parvenant à les contenir avec une augmentation limitée à 3%.
La restauration enregistre son pire volume de défaillances depuis 2016, avec une hausse de 62% sur un an, tandis qu'elles ont bondi à un plus haut de dix ans dans l'agroalimentaire, avec une envolée de 86% sur un an.
Altares souligne encore que "la construction est à son tour rattrapée par l'envolée des défaillances", avec une hausse de 44% sur la même période.
Dans l'industrie manufacturière, elles restent encore un peu moins nombreuses qu'en 2019 mais progressent tout de même de 38%.