Espagne: La surexploitation de l'eau d'un célèbre parc naturel, enjeu électoral

Des flamants roses au parc naturel de Donana à Huelva (Photo, AFP).
Des flamants roses au parc naturel de Donana à Huelva (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 17 avril 2023

Espagne: La surexploitation de l'eau d'un célèbre parc naturel, enjeu électoral

  • En 2014, le gouvernement andalou, alors dirigé par la gauche, avait légalisé quelque 9.000 hectares de cultures
  • Véritable joyau mondial de la biodiversité, le parc de Doñana abrite sur plus de 100.000 hectares plus de 4.000 espèces

MADRID: La volonté du gouvernement de droite d'Andalousie (Sud) de légaliser l'irrigation de cultures proches de l'une des principales zones humides d'Europe, le parc de Doñana, irrite le gouvernement central de gauche et défie Bruxelles, dans un contexte de sécheresse exacerbée et d'année électorale en Espagne.

"On ne touche pas à Doñana, c'est le patrimoine des Andalous, de tous les Espagnols !", a martelé mercredi le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez à propos de cette réserve naturelle, inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco, mais qui est en voie de désertification.

M. Sanchez réagissait à une décision du Parlement andalou de faire voter par une procédure d'urgence une loi visant à légaliser des exploitations illégales --essentiellement de fraises exportées dans toute l'Europe-- qui ont surgi sans autorisation aux alentours du parc.

En 2014, le gouvernement andalou, alors dirigé par la gauche, avait légalisé quelque 9.000 hectares de cultures établies avant 2004 dans les environs de Doñana, mais 2.000 hectares mis en exploitation à partir de 2004 avaient été laissés de côté. C'est cette superficie qui serait maintenant régularisée.

Véritable joyau mondial de la biodiversité, le parc de Doñana, situé dans la province de Huelva (Sud-Ouest) et composé de lagunes, de marais, mais aussi de maquis et de dunes, abrite sur plus de 100.000 hectares plus de 4.000 espèces, dont le fameux lynx ibérique, en danger d'extinction, mais aussi de nombreuses espèces d'oiseaux menacées.

«De l'eau qui n'existe pas»

Les écologistes, qui dénoncent l'assèchement des marais et lagunes, pointent du doigt les sécheresses successives qui frappent l'Espagne, mais surtout l'exploitation massive des aquifères du parc au moyen de puits creusés illégalement afin d'irriguer les cultures intensives qui constituent l'activité principale de la région.

Les scientifiques abondent dans le même sens. Dans un récent communiqué, le Conseil supérieur de la Recherche scientifique (CSIC), un organisme officiel, a souligné "la détérioration" de la situation de la réserve naturelle, affirmant que "plus de la moitié des lagunes (avaient) disparu".

"Ces changements sont liés de manière significative à la température et aux précipitations annuelles, mais aussi à l'étendue des zones cultivées, à la superficie bâtie de (la ville voisine de) Matalascañas, à la distance des stations de pompage de l'urbanisation et au fonctionnement du terrain de golf" voisin, a conclu le CSIC.

Le texte de loi visant à régulariser ces cultures, qui pourrait être définitivement approuvé dans les prochaines semaines, a été proposé par l'exécutif régional dirigé par Juan Manuel Moreno Bonilla, du Parti populaire (PP, droite conservatrice), avec l'appui du parti d'extrême droite Vox.

Le PP et Vox affirment que l'eau qui sera utilisée pour les cultures est de l'eau de surface, c'est-à-dire que les nappes phréatiques du parc, à un niveau historiquement bas, ne seront pas utilisées.

Écologistes et scientifiques n'en croient pas un mot et le gouvernement central non plus. "On ne peut pas se plaindre qu'il n'y a pas d'eau, on ne peut pas se plaindre de la sécheresse et en même temps promettre de l'eau qui n'existe pas", a lancé la ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, dans une interview publiée dimanche par le quotidien El País.

"Le gouvernement andalou sait parfaitement qu'il n'y aura jamais d'eaux de surface, jamais, parce qu'elles sont déjà épuisées", a-t-elle dit après une visite sur les lieux vendredi, parlant de "démagogie".

«Or rouge»

La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a épinglé l'Espagne en juin 2021 pour sa mauvaise gestion des ressources en eau du parc de Doñana, exposant le pays à de possibles sanctions financières s'il ne prenait pas les mesures nécessaires.

"C'est un sujet que nous suivons de près", a commenté jeudi un porte-parole de la Commission européenne, Tim McPhie, précisant que Bruxelles était "en contact avec le gouvernement espagnol".

Il a confirmé que la Commission avait "la possibilité de prendre des mesures supplémentaires pour s'assurer que l'Espagne se conforme à l'arrêt de la Cour de justice".

La polémique a pris de l'ampleur en raison du contexte électoral, des élections municipales et régionales devant avoir lieu le 28 mai en Espagne, avant les législatives prévues en fin d'année. Car l'enjeu économique est de taille.

La province de Huelva produit 300.000 tonnes de fraises par an, soit 90% de la production espagnole, et est la première région exportatrice de fruits rouges en Europe.

Cet "or rouge" emploie entre 80.000 et 100.000 personnes et représente près de 8% du PIB régional, selon la fédération Freshuelva.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.