RENNES: Commerces vandalisés, deux voitures brûlées, affrontements avec les forces de l'ordre: une manifestation régionale contre la réforme des retraites, samedi à Rennes, a une nouvelle fois été marquée par de nombreux heurts, au lendemain de violences dans le centre historique.
Plus d'un millier de personnes, des jeunes en majorité, s'étaient rassemblées dans le calme en début d'après-midi place de la République, à l'appel notamment de collectifs rennais sur les réseaux sociaux. Une manifestation "non autorisée", selon la préfecture.
Moins d'une demi-heure après le départ du cortège, la situation a commencé à dégénérer, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Pris pour cible par des pierres, des bouteilles et parfois des fusées d'artifice lancées par des jeunes habillés de noir, les forces de l'ordre ont répondu par de nombreux tirs de gaz lacrymogène et par l'intervention de canons à eau.
"Les attroupements ont réuni 1.200 personnes, au plus fort, dont plusieurs centaines de casseurs grimés, ultras et manifestants violents", écrit la préfecture, faisant état de onze individus arrêtés qui "seront présentés à l'autorité judiciaire".
"Une gendarme mobile blessée a été conduite à l’hôpital et deux manifestants ont été pris en charge par les pompiers. Leur état de santé n’est pas inquiétant", ajoute la préfecture.
Sur la place de la République où ils étaient cantonnés, des casseurs ont notamment vandalisé une agence bancaire CIC. Du mobilier et des ordinateurs ont été sortis sur le trottoir et incendiés, tout comme de nombreuses poubelles.
Ils ont également saccagé le hall d'un hôtel Mercure voisin, taguant "les bourgeois au RSA" sur la façade de l'établissement.
Promulgation éclair, les syndicats indignés
Emmanuel Macron s'adressera dès lundi aux Français après la promulgation express de la réforme des retraites qui a indigné syndicats et oppositions samedi et montré la volonté du président de relancer vite son deuxième quinquennat, entravé par la crise sociale et politique.
La "loi du 14 avril 2023 de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2023", signée vendredi soir par le chef de l'État après la validation de l'essentiel de la réforme par le Conseil constitutionnel, a été publiée au Journal Officiel très tôt samedi.
L'Élysée a annoncé dans la foulée que le chef de l'État s'adresserait aux Français lors d'une allocution lundi soir, a priori à 20H00.
Emmanuel Macron s'exprimera "dans une logique d'apaisement", pour "faire le bilan" des trois mois de crise et "regarder aussi ce qui a avancé à côté des retraites", a promis sur TF1 le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, citant la baisse du chômage et des impôts.
La manifestation était encadrée par un important dispositif policier, au lendemain d'une série de débordements dans le centre de la ville où les portes d'un commissariat et d'un ancien couvent reconverti en centre de congrès avaient été incendiées, et de nombreuses devantures de commerces vandalisées. Une enquête a été ouverte et confiée à la police judiciaire.
"Des groupuscules radicaux venus de toute la France ont à nouveau saccagé notre centre-ville cet après-midi (...) Jusqu'où ira cette folie destructrice?", s'est émue la maire PS de Rennes Nathalie Appéré, dans un communiqué samedi soir.
"Les dommages se chiffrent en centaines de milliers d'euros", déplore-t-elle, estimant que "l'État doit reconnaître la situation particulière de notre ville" et mettre en place des dispositifs financiers pour venir en aide aux commerçants touchés.
La maire de Rennes souhaite aussi la pérennisation de moyens policiers supplémentaires, comme ceux qui ont été déployés samedi après-midi, en l'occurrence la CRS 8 spécialisée dans les violences urbaines et basée en région parisienne.
"Je n'ai pas envie d'être la génération qui a laissé passer cette réforme", a expliqué à l'AFP Benoît, 24 ans, venu défiler une nouvelle fois samedi après avoir participé à presque toutes les manifestations contre la réforme des retraites.
Le jeune homme exprime sa colère d'avoir découvert au réveil que le président Emmanuel Macron avait promulgué la loi dans la nuit, quelques heures après la validation de l'essentiel de la réforme par le Conseil constitutionnel.
"Apprendre au réveil qu'il a fait ça en douce dans la nuit, c'est abuser. Ca continue dans la lignée de quelqu'un de totalitaire et qui ne veut pas respecter la parole populaire", ajoute-t-il.
Le centre de Rennes a été régulièrement le théâtre de nombreuses violences entre forces de l'ordre et manifestants, accompagnées de dégradations de commerces ou de mobilier urbain, depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites.