PARIS: La région de la Méditerranée sera-t-elle désormais centrée sur l’un des enjeux majeurs du siècle: le changement climatique? Avec les nombreux atouts dont disposent les pays des deux rives, serait-il possible de promouvoir le recours aux énergies renouvelables?
Solaire photovoltaïque, solaire thermique basse température, éolien, hydraulique, hydroélectricité, géothermie, biomasse, biogaz, biocarburants ou encore hydrogène vert représentent les sources d’énergies du futur qui entrent dans la stratégie de sécurisation d’une souveraineté énergétique méditerranéenne et européenne.
Une proposition de résolution pour le climat adoptée par l’Assemblée nationale
La Communauté méditerranéenne des énergies renouvelables (Cemer), une proposition de résolution pour le climat, proposée par le député M’jid el-Guerrab, ses collègues du groupe Agir ensemble, et plusieurs autres députés, a été adoptée à l’Assemblée nationale le 26 novembre dernier.
«Pendant une heure, les orateurs de chaque groupe parlementaire se sont succédé à la tribune pour apporter un soutien quasi unanime à la proposition», note le communiqué publié par le député M’jid el-Guerrab. «Figuraient parmi les soutiens François-Michel Lambert pour le groupe Libertés & territoires; Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise; Jean François Mbaye pour La République En Marche; Aude Luquet pour le groupe MoDem et Démocrates apparentés; Gérard Leseul pour le groupe Socialistes et apparentés; Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, pour le gouvernement», précise le document.
En effet, sur un total de 64 suffrages exprimés, les députés ont voté en faveur de la proposition de résolution à 58 voix. «La Cemer permettrait donc une coopération Nord-Sud dans un secteur d'avenir, au bénéfice du plus grand nombre», a affirmé, de son côté, le député M’jid el-Guerrab.
Les initiateurs de la Cemer précisent que ce programme répond aux Accords de Paris de 2016 sur le climat et concernera la France, l'Espagne, et l'Italie pour le bloc Nord; le Maroc, l'Algérie et la Tunisie pour le bloc Sud. Proposé sur le modèle de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (Ceca – organisation internationale fondée sur le traité de Paris, qui n’existe plus depuis le 23 juillet 2002), la Cemer a pour ambition de créer «un partenariat en Méditerranée entièrement tourné vers la production et le partage d’énergie verte».
«En s’appuyant sur les structures déjà existantes, la Cemer s’attellerait à la réalisation d’un grand partenariat économique et scientifique autour d’un projet commun, à l’instar de ce que fut la Ceca pour l’Union européenne: une nouvelle union énergétique, celle du XXIe siècle», précise le document proposé au vote de l’Assemblée.
«La France s’est engagée à porter la part des énergies renouvelables dans sa consommation énergétique globale à hauteur de 32 % d’ici à 2030», explique, de son côté, le député M’jid El Guerrab. «La Cemer s’intègre également dans les Objectifs de développement durable, elle répond directement à 11 de ses 17 objectifs.»
Enfin, selon les auteurs de la résolution, «l’organisation en format restreint serait ensuite étendue aux autres pays volontaires».
La Méditerranée, un espace d’échanges et de coopération?
Les initiateurs de la résolution précisent que la Méditerranée, qui couvre neuf millions de kilomètres carrés et englobe 25 pays, est stratégiquement située au carrefour de l’Europe, de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Extrême-Orient. «Cette géographie en fait un important corridor de transit pour les marchés énergétiques mondiaux, de sorte que les tendances qui l’affectent ne sont pas sans impact sur le reste du monde, alors même qu’elle ne représente que 7 % de la population mondiale», souligne le document.
«Ce nouvel espace pourrait ainsi devenir le premier pôle de recherche et de production d’énergie renouvelable dans le monde, avec une exploitation et une distribution coréalisées entre les pays du Nord et du Sud», précisent encore les députés initiateurs du projet. «Il s’agirait de mutualiser en Europe et en Afrique les moyens de recherche, les innovations et les investissements massifs dans les énergies solaires, l’hydraulique, la biomasse, la géothermie ou encore l’hydrogène vert, ainsi que toutes les autres sources d’énergie propres aux pays de la région.»
Le nouveau contexte économique lié à la crise sanitaire de la pandémie de Covid-19 et la volonté des gouvernements européens qui souhaiteraient adopter une nouvelle stratégie économique basée, entre autres, sur la relocalisation des activités industrielles, notamment dans le bassin méditerranéen, serait une opportunité en or pour concrétiser, enfin, un espace méditerranéen consacré aux échanges et à la coopération fructueuse entre les pays des deux rives de la Méditerranée. Affaire à suivre.