Racisme, misogynie: la gouverneure générale du Canada «veut faire bouger les choses»

La gouverneure générale du Canada, Mary Simon, s'exprime lors d'une rencontre avec le pape François, non représenté, à la Citadelle de Québec, Québec, Canada, le 27 juillet 2022. (Photo Lars Hagberg / AFP)
La gouverneure générale du Canada, Mary Simon, s'exprime lors d'une rencontre avec le pape François, non représenté, à la Citadelle de Québec, Québec, Canada, le 27 juillet 2022. (Photo Lars Hagberg / AFP)
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Publié le Samedi 08 avril 2023

Racisme, misogynie: la gouverneure générale du Canada «veut faire bouger les choses»

  • L'ancienne diplomate, ardente avocate des droits des Inuits et première autochtone à occuper ce poste de représentante de Charles III - chef d'Etat en titre du Canada - juge qu'il est temps «d'entamer le dialogue dans le pays»
  • A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, la gouverneure générale a organisé une table ronde avec des femmes du monde entier pour discuter du problème du harcèlement en ligne et des solutions possibles

MONTRÉAL : «Beaucoup de gens disent +assez+»: confrontée à un torrent d'insultes sur les réseaux sociaux, la gouverneure générale du Canada Mary Simon, représentante du roi Charles III dans le pays, a décidé de s'engager pour dénoncer racisme et misogynie en ligne.

«Il est important de dénoncer ces menaces pour pouvoir y remédier», a-t-elle expliqué dans un entretien par téléphone à l'AFP fin mars, estimant que les attaques à son encontre avaient franchi une étape supplémentaire ces derniers temps.

L'ancienne diplomate, ardente avocate des droits des Inuits et première autochtone à occuper ce poste de représentante de Charles III - chef d'Etat en titre du Canada - juge qu'il est temps «d'entamer le dialogue dans le pays».

Les fonctions de la gouverneure générale sont largement protocolaires, mais elle possède aussi un rôle symbolique important en tant que commandante en chef des forces armées et c'est elle qui promulgue officiellement les lois et convoque ou dissout le Parlement.

Elle a choisi, il y a quelques semaines, de publier des extraits des messages pour témoigner de la violence des propos qui lui sont adressés sur les réseaux sociaux: «regardez ce visage, une vraie gloutonne!», «morceau de viande sans intérêt», «tellement loin de sa réserve, et elle en profite!»...

- «Effets dévastateurs» -

«Chaque jour, nous sommes bombardés par ces mots blessants - des attaques contre mon identité en tant que femme, en tant que femme d'un certain âge et en tant qu'Inuk», explique-t-elle.

«Malheureusement, je sais très bien que je ne suis pas la seule», confie Mary Simon, 75 ans.

Alors aujourd'hui, elle espère «faire bouger les choses».

«Le fait que j'ouvre ce dossier publiquement a suscité de nombreuses réactions. Beaucoup de gens réagissent et disent: +Assez!+», se félicite-t-elle.

A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, la gouverneure générale a organisé une table ronde avec des femmes du monde entier pour discuter du problème du harcèlement en ligne et des solutions possibles.

«Nous commençons à parler de ce qu'il faut faire. Le gouvernement a un rôle à jouer. Les grandes industries numériques aussi...», énumère-t-elle évoquant les effets délétères que ces campagnes de haine ont sur les jeunes filles notamment.

Citant en particulier les femmes occupant des postes de haut niveau, les femmes et les filles autochtones, celles issues de minorités ethniques, la gouverneure générale déplore qu'elles soient «davantage visées que les hommes».

Cette Inuite du Nunavik (nord du Québec), nommée en 2021, évoque «des effets dévastateurs sur l'engagement civique, la confiance en soi et la santé mentale, et peut limiter les activités professionnelles des femmes».

- Réconciliation -

Pour Mary Simon, ces attaques sur ses origines sont aussi la preuve que son pays a encore du chemin à faire sur la voie de la réconciliation entre les différents peuples du Canada.

«J'aimerais bien sûr voir plus de progrès» en matière de réconciliation, explique-t-elle encore à l'AFP en parlant d'un long processus. «C'est un engagement à vie pour améliorer nos relations au Canada entre les différentes cultures et les différents peuples, en particulier avec les peuples autochtones».

«Je pense que les Canadiens ont pris conscience de la nécessité de travailler au renouvellement de ces relations», ajoute-t-elle, évoquant son souhait d'un dialogue «qui ne soit pas basé sur le racisme, ou toujours sur la négativité».

Les populations autochtones du Canada connaissent des niveaux de pauvreté plus élevés et une espérance de vie plus faible que les autres Canadiens, et sont plus souvent victimes de crimes violents, de toxicomanie et d'incarcération.

Depuis bientôt deux ans, le sombre passé colonial du Canada a ressurgi à mesure qu'ont été découvertes des tombes d'enfants près de pensionnats où étaient enrôlés de force les enfants autochtones.

Dans ces institutions, ils ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture et des milliers n'en sont jamais revenus, victimes de malnutrition, de maladies et de mauvais traitements.

Des progrès doivent encore être faits pour «assurer une meilleure égalité» entre Canadiens, juge Mary Simon.


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.