NASSIRIYA : Des milliers d'Irakiens sont descendus dans les rues de Nassiriya lundi pour une marche funèbre après la mort d'une personne blessée lors des heurts la semaine dernière entre manifestants antipouvoir et partisans d'un chef religieux controversé.
Ridha al-Rikaby avait été blessé par balle à la tête vendredi lors de violents affrontements entre des soutiens du leader chiite Moqtada Sadr et des manifestants antipouvoir rassemblés sur la place Habboubi de Nassiriya, ville du sud irakien bastion de la révolte populaire d'octobre 2019.
Il a succombé à ses blessures lundi, portant à huit le nombre de personnes tuées depuis le début des heurts qui ont également fait des dizaines de blessés.
Les autorités locales ont imposé un confinement pour essayer d'empêcher de nouveaux rassemblements dans la ville, limogé le chef local de la police et ouvert une enquête.
Le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi a dépêché à Nassiriya son conseiller à la sécurité nationale, Qassem al-Arakji, et d'autres hauts responsables pour discuter avec les manifestants.
Mais ils étaient encore des milliers dans les rues.
« Une fois de plus, des manifestants pacifiques meurent sous les yeux du gouvernement, et les forces de sécurité ne sont pas capables de tenir les meurtriers responsables », a déploré un manifestant.
Nassiriya est un bastion historique des révoltes en Irak, notamment en octobre 2019 lors du soulèvement populaire contre un gouvernement considéré comme corrompu, incompétent et trop redevable à l'Iran voisin.
La révolte de l'an passé s'est soldée par près de 600 morts et 30.000 blessés pour lesquels les familles disent toujours attendre justice.
Le lourd bilan avait suscité l'indignation en Irak et mené à la démission du Premier ministre Adel Abdel Mahdi. Son successeur, M. Kazimi, a annoncé l'organisation d'élections anticipées en juin 2021.
Si les observateurs prévoient un report des élections, les candidats sadristes sont déjà favoris. Ils avaient remporté en mai 2018 une large victoire, devenant le premier bloc au Parlement.
Il y a un an, manifestants antipouvoir et sadristes descendaient ensemble dans les rues, mais depuis, les deux camps se sont divisés, les élections anticipées attisant les appétits de tous les politiciens dans l'un des pays les plus corrompus au monde.
Dans un tweet lundi, Moqtada Sadr a enjoint les Irakiens à « se préparer » pour le scrutin de l'année prochaine pour mettre en place des réformes anticorruption.
« Nous avons installé Kazimi pour vous et changé la loi électorale », a dit M. Sadr, sous-entendant que sa popularité avait aidé M. Kazimi à accéder au pouvoir.
« Nous répondrons au reste de vos demandes » lors de l'élection, a ajouté le leader religieux qui avait annoncé la semaine dernière vouoir convaincre le Premier ministre de rejoindre son mouvement.